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Comment puis je me distinguer des autres ?

Publié le 04/03/2005

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D'abord, voici que j'existe en tant que moi pour ma conscience irréfléchie. C'est même cette irruption du moi qu'on a le plus souvent décrite : je me vois parce qu'on me voit, a-t-on pu écrire. Sous cette forme, ce n'est pas entièrement exact. Mais examinons mieux : tant que nous avons considéré le pour soi dans sa solitude, nous avons pu soutenir que la conscience irréfléchie ne pouvait être habitée par un moi : le moi ne se donnait, à titre d'objet, que pour la conscience réflexive. Mais voici que le moi vient hanter la conscience irréfléchie. Or, la conscience irréfléchie est conscience du monde. Le moi existe donc pour elle sur le plan des objets du monde ; ce rôle qui n'incombait qu'à la conscience réflexive : la présentification du moi, appartient à présent à la conscience irréfléchie. Seulement, la conscience réflexive a directement le moi pour objet. La conscience irréfléchie ne saisit pas la personne directement comme son objet : la personne est présente à la conscience en tant qu'elle est objet pour autrui. Cela signifie que j'ai tout à coup conscience de moi en tant que je m'échappe, non pas en tant que je suis le fondement de mon propre néant, mais en tant que j'ai mon fondement hors de moi.

Analyse du sujet : l  Le sujet suppose qu'il n'est pas évident de se distinguer d'autrui. Il me paraît pourtant généralement évident que je suis moi, et non mon voisin. Quel est alors l'intérêt de la question qui nous est posée ici ? l  J'admets qu'ils existe d'autres êtres humains en dehors de moi, mais qu'est-ce qui me garantit qu'ils ne sont pas le fruit de mon imagination ? l  Si je change, grandit, etc., comment puis-je trouver l'unité qui me permet de dire « moi «, par opposition à ce qui n'est pas moi, à ce qui est autrui ? Comment savoir si ce que j'appelle « autrui « n'est pas moi ? l  Il faut également se demander pourquoi la question « comment puis-je me distinguer d'autrui ? « se pose de manière plus aiguë que la question « comment puis-je me distinguer des objets, du monde, qui m'entourent ? «. l  Il faut ensuite réfléchir sur l'expression « se distinguer «. On parle de distinguer au sens d'être capable de reconnaître, de faire la différence entre tel et tel individu, mais je peux aussi vouloir me distinguer d'autrui au sens où je veux ne pas lui ressembler, c'est-à-dire avoir, par exemple, ma propre personnalité (on peut, par exemple, penser à l'expression « obtenir une distinction « quand on un meilleur que les autres dans un domaine ou dans un autre : il ne s'agit pas alors de reconnaître que nous sommes deux individus séparés, mais que j'ai une valeur propre différente de celle des autres). Comment puis-je avoir une individualité propre, ne pas me confondre dans le tout indifférencié du « on « de la foule ? l  Se demander comment je peux me distinguer d'autrui, c'est supposer qu'il y a des ressemblances entre nous : toute distinction se fait sur fond de ressemblances. Dès lors, il nous faudra peut-être nous demander ce qui est nécessairement identique (ou ressemblant) entre autrui et moi, et ce qui peut différer. Problématisation : l  D'où deux problèmes : 1.      Comment me reconnaître comme être séparé d'autrui, comment savoir que je ne suis pas autrui et qu'autrui n'est pas moi ; 2.      comment affirmer ma propre identité, ma propre personnalité, au-delà du fait que je suis spatialement un être séparé d'autrui ?

 

« Texte : Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception. « Un bébé de quinze mois ouvre la bouche si je prends par jeu l'unde ses doigts entre mes dents et que je fasse mine de le mordre.Et pourtant, il n'a guère regardé son visage dans une glace, sesdents ne ressemblent pas aux miennes.

C'est que sa propre boucheet ses dents, telles qu'il les sent de l'intérieur, sont d'emblée pourlui des appareils à mordre, et que ma mâchoire, telle qu'il la voit dudehors, est d'emblée pour lui capable des mêmes intentions.

La« morsure » a immédiatement pour lui une significationintersubjective.

Il perçoit ses intentions dans son corps, mon corpsavec le sien, et par là mes intentions dans son corps.

» b) Comment savoir que mon corps m'appartient ? Comment puis-je savoir que celui que je vois dans le miroir est bienmoi, tandis que celui que je vois en face de moi est autrui et nonmoi ? Certes, si j'ai l'intention de lever un bras, mon bras se lèveen même temps, ainsi que le bras du personnage dans le miroir (quid'ailleurs, est inversé, à méditer...).

Mais est-ce toujours vrai ? Ilarrive, pour diverses raisons (que je sois amputé et que je senteencore mon bras ou que je sois tout simplement paralysé) que mes mouvement ne correspondent ni à mes intentions, ni à mes sensations.

Dans ces conditions, commentsavoir que mon corps est mon corps et que le corps d'autrui n'est pas mon corps ? À DÉVELOPPER . c) Comment penser l'unité du moi ? Alors que je grandis, que je vieillis, que je change physiquement, que je change d'idées, voire même decaractère, que j'ai oublié mon enfance, que je peux être amnésique, etc., dans le temps, qu'est-ce quime permet de savoir que je suis la même personne en tout temps, que je suis le même que l'enfant quej'ai été, etc., sinon parce que les autres se réfèrent à moi comme à un individu séparé ayant unecontinuité dans le temps ? À DÉVELOPPER . Transition : Je ne semble pas apte à m'assurer par moi-même de mon identité, c'est-à-dire de ce qui fait que je suis moi, et non un autre.

Il me faut donc chercher à l'extérieur de moi-même ce qui m'appartient en propre, ce qui medistingue. 2.

C'est précisément autrui en tant qu'il n'est pas moi qui me révèle à moi. a) Autrui n'est-il pas le fruit de mes pensées ? Comment puis-je savoir qu'autrui existe en dehors de moi, et qu'il n'est pas le simple fruit de mespensées, de mon imagination ? Texte : Marcel, Être et Avoir, « Journal métaphysique, 1928-1933 ». « Si j'admets que les autres ne sont que ma pensée des autres, mon idée des autres, il devientabsolument impossible de briser un cercle qu'on a commencé à tracer autour de soi.

--- Si l'on pose leprimat du sujet-objet --- de la catégorie du sujet-objet --- ou de l'acte par lequel le sujet pose desobjets en quelque sorte au sein de lui-même, l'existence des autres devient impensable --- et sans aucundoute n'importe quelle existence quelle qu'elle puisse être ». On peut opposer ce texte au doute hyperbolique cartésien (1re méditation métaphysique), qui consiste àmettre en doute qu'il puisse exister quelque chose (et donc aussi autrui) en dehors de moi. b) Je n'existe que par le regard d'autrui. Texte : Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique. « Une première constatation s'impose lorsqu'on s'efforce de décrire le moi sans l'assimiler à autrui, c'estqu'il n'existe que de façon intermittente et somme toute assez rare.

Sa présence correspond à un modede connaissance secondaire et comme réflexif.

Que se passe-t-il en effet de façon primaire et immédiate? Et bien, les objets sont tous là, brillants au soleil ou tapis dans l'ombre, rugueux ou moelleux, lourds oulégers, ils sont connus, goûtés, pesés, et même cuits, rabotés, pliés, etc., sans que moi qui connais,goûte, pèse, cuis, etc., n'existe en aucune manière, si l'acte de réflexion qui me fait surgir n'est pasaccompli --- et il l'est en fait rarement.

Dans l'état primaire de la connaissance, la conscience que j'aid'un objet est cet objet même, l'objet est connu, senti, etc., sans personne qui connaisse, sente, etc.

Ilne faut pas parler ici d'une chandelle projetant un faisceau lumineux sur les choses [il s'agirait du sujetpercevant].

À cette image il convient d'en substituer une autre : celle d'objets phosphorescents par eux-mêmes sans rien d'extérieur qui éclaire.

». »

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