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Comment punir ?

Publié le 17/01/2022

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une peine de prison de un an ou de trois cent soixante-quatre jours ou encore de un an et un, deux ou trois jours. Pourtant, [...] une semaine ou un jour de prison en trop ou en moins sont déjà une injustice. » Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1821. « Vous avez entendu qu'il a été dit : oeil pour oeil, et dent pour dent. Et moi je vous dis de ne pas résister à celui qui vous fait du mal. Au contraire, si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre. » Nouveau Testament, Evangile selon Matthieu. « Le châtiment a pour but de rendre meilleur celui qui châtie. » Nietzsche, Le Gai Savoir, 1883.

• Vengeance et punition (voir citations de Nietzsche).  • Vengeance, punition, juridisme et « légalisme «. Dans son essai Oeil pour oeil, Simone de Beauvoir fait observer que le fait de punir sans haine (cf. la justice officielle qui punit de façon impersonnelle) est peut-être une erreur du point de vue existentiel. La sanction est un événement réel et concret et non l'accomplissement d'un rite comme il peut apparaître dans l'exécution judiciaire (songeons en particulier à la peine de mort).  L'accusé peut demeurer persuadé qu'il est victime d'une vengeance (semblable au Procès de Kafka ?), celle de la société ou du fonctionnement aveugle d'un appareil (judiciaire). Selon Simone de Beauvoir, il serait requis que la punition soit rattachée à la faute par des liens concrets. Seule la vengeance le pourrait. Mais on pense qu'elle est anarchique et immorale.  • Punition et expiation (voir citation de Leibniz).  • Faute morale et souffrance et punition physique(s) :voir citation de Guyau.  • La question « comment punir ? « ne dissimulerait-elle pas la question « peut-on punir ? «.

« Les modalités de la punition peuvent se révéler d'une diversité extrême.

Cette diversité tient à plusieurs facteurs,concernant aussi bien celui qui punit que celui qui reçoit la punition, mais également le sens qu'on entend donner àl'acte de punir.

Certes, une définition universelle de la punition reste possible : punir, c'est porter un préjudice subien conséquence d'une action mauvaise.

Mais la punition peut remplir un grand nombre de fonctions différentes, dont Nietzsche tente de dresser un inventaire au paragraphe 13 de la Généalogiede la morale : exemple, dissuasion, vengeance, sont des fonctions possibles(mais non point uniques) de la punition.

Il est évident qu'on devra tenir le plusgrand compte de ces éléments pour répondre à la question.Mais cette réponse engage aussi des problèmes plus fondamentaux, et pourtout dire plus philosophiques, comme le problème de la liberté humaine.

Car ilest impossible que l'acte de punir garde le même sens si nous refusons àl'homme le pouvoir de décider librement ses choix, et si nous lui accordons cepouvoir.

Toutes les grandes réflexions philosophiques sur la liberté humaineont d'ailleurs débouché sur une théorie de la responsabilité et de la sanction,comme on peut le voir chez Kant et chez Spinoza. Punir, c'est ajouter le mal à un mal, c'est rendre le mal pour le mal.

Il fautremarquer qu'un tel procédé, pour habituel qu'il soit à nos yeux, n'en est pasmoins problématique, et ne va pas nécessairement de soi.

Qu'attendons-nousde la punition ?Il faut tout d'abord distinguer de la punition tout ce qui l'accompagne, voirese confond en apparence avec elle, mais sans en faire réellement partie.

Parexemple, après son arrestation, le criminel est incarcéré ; mais ce n'est pasencore punition.

Il s'agit de s'assurer de sa personne, de neutraliser unindividu dangereux (comme on enferme un animal féroce).

ou encore de protéger le criminel de la vengeance privée.

Même après le procès, la peine peut comporter des aspects qui ne sontpas strictement punitifs, comme la rééducation ou la réparation des dommages commis.Remarquons enfin que la punition a un statut extrêmement ambigu, du fait qu'elle existe en même temps commesanction qu'on exécute et comme menace, l'un étant inséparable de l'autre.C'est dans la complexité de ces paramètres qu'il faut tenter de donner une réponse, réponse qui ne pourracertainement pas être unifiée en un seul principe valable pour toutes les punitions.Nous avons remarqué que la question de la punition posait immédiatement le problème de la responsabilité humaineet de la liberté.

On peut facilement le vérifier en étudiant la fonction dissuasive de la punition.

Nous appelleronsdissuasive toute punition qui a pour but d'ôter au puni le désir de renouveler son acte.

Cette fonction est à l'oeuvre,à côté d'autres fonctions, dans la sanction juridique; elle est essentielle dans la punition des enfants. Avant même les enfants, c'est ainsi que nous punissons les animaux domestiques.

Le coup de laisse énergique peutêtre une étape indispensable du dressage.

Il s'agit de faire naître chez le chien un réflexe conditionné.

Bien sûr,nous ne supposons à aucun moment que le chien est « responsable » de la bêtise qu'il a faite, car nous le savonsdépourvu de volonté libre : le chien n'est pas un être moral.

Nous voulons simplement qu'il ne recommence pas, etcela suffit.Dans l'Émile (livre II).

Rousseau explique pourquoi c'est ainsi qu'il faut punir le jeune enfant, qui n'est pas encore enâge de comprendre les impératifs moraux.

Il pourrait paraître choquant de punir un enfant qui n'a pas fait le mal enconnaissance de cause ; jouer avec les allumettes : l'enfant ne sait pas que c'est mal.

Il doit pourtant être puni,car il faut absolument (pour son bien) l'empêcher de recommencer.

Inutile de raisonner.

de lui tenir de longsdiscours, dit Rousseau.

il n'est pas en âge d'y comprendre quoi que ce soit.

Il faut donc punir.

mais en punissant, jeprends le risque que l'enfant inscrive cette punition au compte de mon mauvais caractère, de ma colère, ou de monmanque d'affection pour lui.

C'est pourquoi il faudra respecter un certain nombre de règles, dont dépendent lessuites de la punition.

Ne jamais accompagner la punition de manifestations de colère, punir le moins possible etsurtout faire en sorte que l'enfant ne soit point puni par le maître mais par les conséquences mêmes de ses actes.

Ila cassé un carreau ? Qu'il s'enrhume.

Il a brisé un objet ? Qu'il en sente la privation.

Il a menti ? Qu'il sente tous lesmauvais effets du mensonge, n'être pas cru quand on dit la vérité, être accusé à tort.La "punition naturelle" est la seule solution à l'âge où l'enfant comprend mieux la dure nécessité des choses quel'enchaînement logique des raisons.

D'autant plus que la punition comporte des risques, évoqués par Kant dans sesRéflexions sur l'éducation : comme la récompense, la punition fait les enfants intéressés, hypocrites et cultive eneux unedisposition servile ».

Lorsque l'enfant est parvenu à l'âge moral.

Kant recommande de traiter le mensonge (la plusdétestable des fautes à ses yeux) par un « regard de mépris ».

C'est que l' ' âge moral est l'âge de la liberté, l'âgeoù l'éducation ne peut plus reposer sur la seule nécessité de protéger l'enfant de lui-même. On voit donc qu'il existe des « techniques » de la punition, qui doivent varier selon le sens que l'on entend donner àla sanction ; on ne punit pas la personne libre et responsable comme l'animal ou même l'enfant.

Mais nous avionségalement remarqué que la punition est à la fois exécution et menace (c'est-à-dire exécution simplement possible).Ce dernier point renouvelle la question des techniques de la punition.Appelons exemplaire toute punition qui a pour but de dissuader autrui d'imiter l'acte sanctionné.

Il s'agit d'intimider.d'impressionner.

Cette fonction est au coeur du débat classique sur la peine capitale, mais elle a toujours étéutilisée par les pouvoirs soucieux de préserver une autorité menacée (crucifixions massives d'esclaves, décimations. »

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