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Comment savoir si un acte est juste ?

Publié le 28/01/2004

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L'assassin est celui qui perd l'estime de soi. Cette phrase fonde l'idée moderne de conscience morale : il n'est pas de crime sans témoin car il est en moi un témoin intérieur qui me juge. A rapprocher de la phrase de Montaigne : Je me fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui à qui je mens (Essais)  Kant de son côté donne des critères très précis quant à la notion du devoir. Agir justement, c'est agir en respectant la loi morale : "Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle." Ainsi cette loi nous permettrait de décider si un acte est juste au sens de la morale, de l'idéal de justice. Il s'agirait de voir si une action ou si le principe d'une action peut être étendu à tout le monde ; une action serait juste si elle est universalisable, c'est-à-dire défendable devant toute l'humanité. Si les critères de justice ne sont garantis que par l'État, quels sont les risques moraux en cas d'arbitraire ? Et si c'est la morale et la conscience de chacun qui permettent de juger, si chacun se réfère à sa morale individuelle, il y aura évidemment des difficultés dans une communauté. Existe-t-il un savoir qui nous permettrait de décider avec assurance et certitude qu'un acte est juste ? En quoi le concept de jurisprudence est-il nécessaire (voir l'Éthique à Nicomaque d'Aristote) ?

« souligne Nietzsche dans un aphorisme de Fragments posthumes : même le plus courageux d'entre nous a rarement lecourage d'assumer tout ce qu'il sait.

Un jugement d'éthique repose également sur des expériences individuelles etnon sur les préceptes d'une loi.

Ainsi les tables d'Hammourabi qu'on a baptisées pompeusement premier code de loisdu monde, ne sont en réalité qu'un recueil de décisions, de jugements du roi qu'il faut méditer mais pas un recueil delois intransigeantes à observer stricto sensu.

Une action juste est donc une action rationnelle qui on a jugée bonneen soi c'est-à-dire délivrée des intérêts sensibles et qu'on juge digne d'être imitée et qui participe au bien deshommes.Même si cette action peut défavoriser certaines personnes, si elle est en accord avec l'intérêt et la dignité deshommes en général, on peut considérer que l'action est juste.

Par contre, le proverbe qui édicte que « la fin justifieles moyens » est à rejeter comme étant dangereux et servant à justifier des situations d'exceptions qui pour laplupart sont reconduites et qui n'avantagent aucunement les hommes en général.

Cette manière de décider si uneaction est juste fait appel à une raison froide et objective.

Malheureusement, à chaque jugement, à chaqueraisonnement, à chaque décision correspond un sentiment de joie, de victoire peu conforme avec l'Idée d'une raisondélivrée du sensible. Décider qu'une action est juste ou injuste malgré tout exige un recours à la sensibilité.

Ainsi pour être juste, il fautle vouloir.

Or nous sentons bien que la volonté est le dernier terme d'instincts qui luttent en profondeur : nos idéesviennent seules, la conscience n'a qu'un rôle minime.

D'autre part dans tout raisonnement, la domination estprésente : ergreifen par exemple veut dire en allemand à la fois comprendre et saisir.

Une part importante desubjectivité est donc présente dans tout jugement d'autant plus qu'on peut se demander si la fluidité de la vie peutse conceptualiser.

Par exemple le temps et ses intensités n'existaient pas avant que l'homme n'apparaisse sur lasurface de la Terre.

De plus l'imagination qui est faculté de de former des images est une faculté nécessaire à toutsavant et à tout philosophe.

Par conséquent dans tout raisonnement l'homme fait violence au réel.

La parfaiteobjectivité est un leurre.

Il faut donc accepter de juger en ayant conscience que l'homme ne pourra pas se délivrerde sa sensibilité.

Il faut accueillir les faits antagonistes avec la même sympathie et le même manque de haine et deressentiment qui sont les vrais ennemis de toute décision libre.

« Nos ennemis ont comme nous droit de vie ! » Décider qu'un acte est juste s'apparente à une véritable oeuvre créatrice.

Ne pas créer, c'est-à-dire obéiraveuglement à la loi peut conduire aux pires crimes Il faut au contraire en partant des droits que l'on jugeinaliénables de l'homme bâtir un raisonnement sans craindre de faire preuve de subjectivisme pour autant qu'onéchappe à la haine et au ressentiment.

Penser sans sentiment, c'est être une machine.

La loi ne doit servir qued'aide-mémoire et est nécessaire uniquement aux hommes incapables de créer qui ne peuvent découvrir le justed'eux-mêmes, la loi étant l'expression du Droit qui naît du conflit de deux personnes incapables de s'entendre. LE DROIT COMME RÉEL.

LE DROIT COMME IDEAL. A) Droit positif et droit idéal. En ce qui concerne le droit positif, la question de son origine est relativement simple : les règles juridiques ont uneexistence dans la mesure où elles ont fait l'objet d'un acte humain d'institution, effectué par un organe compétent,l'autorité législative.

Le droit positif est donc une construction artificielle, il varie d'un État à l'autre, et aussi d'uneépoque à l'autre, car des lois peuvent être abrogées, des lois nouvelles adoptées; il est relatif.En ce qui concerne le droit idéal, la réponse est moins simple.

Puisqu'il s'agit d'idéal, il ne saurait y avoir d'institutionà proprement parler ; il vaut mieux considérer que ce droit découle de ce qu'en termes platoniciens on pourraitappeler l'idée de juste, et qu'il fixe un programme au législateur : instituer une juridiction positive qui soit la moinséloignée possible de l'idée du Juste, ou réformer la législation existante, pour la rapprocher de cet idéal.

Certainsestiment toutefois qu'il existe un droit idéal d'institution naturelle.Il importe en tous cas de savoir dans quel rapport l'un à l'autre se trouvent droit positif et droit idéal ou naturel, afinde déterminer des deux variétés de droit laquelle constitue le droit par excellence, et donc la nature du fondement,institutionnel ou idéal (naturel), du droit. B) L'idéalisme juridique. On peut être tenté de considérer que le droit idéal ou naturel l'emporte sur le droit positif, et s'il se présente commeune supra-norme destinée à normer la norme juridique positive : c'est la mission du législateur que de rapprocher ledroit positif du droit idéal ou naturel, en légiférant le regard fixé sur l'idée de juste.

Dans ce cas, il conviendrait deconsidérer comme illégitime, bien que légale, une loi positive injuste, cad non conforme à l'idée de juste, et de ne. »

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