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Comment se fait il qu'en dépit du temps je demeure le même

Publié le 19/02/2005

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temps

Comme être pensant, je possède des qualités qui permettent elles aussi de me caractériser, et par lesquelles je me caractérise moi-même. La mémoire tient ici une place privilégiée: c'est par elle que se constitue le sentiment de mon identité, qui fait que je ne suis pas à tout instant plongé dans l'extériorité, que je ne peux me retrouver ou me ressaisir moi-même. Mon identité empirique se construit ainsi contre le temps, par ma double identité physique et psychologique.

[II. Le sujet de la connaissance.]

[1. Critique de la permanence du moi empirique.]

Cette permanence du sujet empirique reste cependant contingente, et donc sujette à caution. Le moi ainsi défini reste en effet celui de la simple existence naturelle, et son identité est soumise aux lois de la nature et à la multiplicité des causes naturelles qui peuvent la remettre en cause. C'est ce que Pascal décrit dans les Pensées....

  • Bien lire le sujet: la question ne porte pas sur le fait de savoir si je change ou si je reste le même avec le temps, mais en quoi, en quel sens on peut penser que je demeure identique à moi-même: qu'est-ce qui demeure le même en moi? qui est le je dont on affirme qu'il demeure le même malgré le temps? Il faudra réfléchir aux différents sens que peut prendre le je.

 

  • Un point de départ à discuter : il est possible de partir de l'expérience des changements qui m'arrivent dans le cours du temps pour tenter de déterminer ce qui en moi est permanent.

 

  • Recherche du problème: la difficulté consiste à lier l'identité du sujet au temps qui s'écoule. Le temps est d'abord ce qui me fait changer et semble ne laisser que peu de place à une identité, mais aussi ce sur le fond de quoi une identité du sujet est possible (je dis que je demeure le même parce qu'il y a en moi des choses qui changent) : le temps est en ce sens l'élément dans lequel apparaît mon identité et peut-être la condition de cette dernière.

 

temps

« [III.

Le sujet de l'action.] [1.

Critique de l'identité du moi comme sujet de la connaissance.] Le sujet identique à lui-même à travers le tempsque nous venons de trouver en l'espèce du sujet transcendantal (lequel est en effet, par hypothèse, condition del'expérience, et n'est donc pas soumis à cette dernière, et par conséquent au temps qui est l'une des formes del'expérience) reste certes le même en dépit du temps, mais est-ce encore moi? On pourrait en douter à la lecture dela suite du texte de Pascal cité précédemment: «Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personneabstraitement, et quelques qualités qui y fussent [c'est-à-dire quelles qu'y fussent les qualités]? Cela ne se peut etserait injuste.» L'identité physique ou psychologique n'était pas telle qu'elle pût résister aux assauts du temps, etrestait extérieure au moi véritable; inversement, l'identité du sujet transcendantal est celle d'un sujet anonyme, iln'y a pas de raison que ce soit moi plutôt qu'un autre.

Le moi semble se tenir entre ces deux extrêmes, et sonidentité ne pas pouvoir se penser spéculativement comme celle d'un être naturel ou pensé transcendantalement. [2.

L'identité du caractère.]Si aucune solution spéculative n'est trouvée à la question de l'identité du sujet pris dans le cours du temps, peut-être devons-nous nous tourner vers le sujet pratique.

Le sujet de l'action, du fait même qu'il agit, est inscrit dans latemporalité.

Il semble paradoxal de le choisir comme sujet n'étant pas soumis au changement.

Ce paradoxe disparaîtnéanmoins si l'on songe à ce que peut être l'identité du caractère de l'être qui agit.

On peut en effet assigner à toutêtre raisonnable un caractère intelligible qui contienne la loi ou la raison de la série de ses actes.

Le caractèreintelligible, tel qu'il apparaît chez Kant dans la Critique de la raison pure («Dialectique transcendantale»,«Éclaircissement de l'idée cosmologique d'une liberté en union avec la nécessité universelle de la nature»), n'est pasen contradiction avec la liberté humaine; bien au contraire, cette dernière n'est possible que par ce caractèreintelligible.

Celui-ci n'est pas le caractère empirique qui donne à un être son identité psychologique, comme il a étévu précédemment, mais le caractère que je me donne librement à moi-même, que je choisis dans mes actes et queceux-ci manifestent.

Mon caractère intelligible rend intelligible mon action, en faisant qu'elle ne soit pas dépourvuede sens, qu'elle puisse se laisser comprendre à partir de principes que je me suis librement fixés.

Ce caractèreintelligible, que l'on ne peut jamais connaître, ne doit pas être pensé comme un caractère empirique bis, ou à undegré supérieur d'abstraction, mais comme la condition à laquelle on peut m'imputer mes actes, comme la conditionà laquelle ces actes peuvent être dits miens. [3.

L'identité du sujet de la promesse.]Ce caractère intelligible suffit à donner une réponse formelle à la question posée, mais laisse ouverte la réponsematérielle du contenu de ce caractère.

Il se peut en effet que je n'agisse jamais selon des principes que je me suisfixés, et que cela soit de fait le seul principe qui rende intelligible mon action: je demeurerai peut-être toute ma vieidentique à moi-même, mais cette identité sera bien mince, et ne sera que la pure identité de la forme, vide de toutcontenu, de mon caractère.

Cette identité véritable, je ne puis l'obtenir qu'en restant ferme dans l'application desprincipes que je me suis fixés, c'est-à-dire dans la fidélité à la promesse.

Tenir mes promesses en dépit du temps etdes changements qui sont arrivés à ma situation, mon état physique ou ma disposition d'esprit, ou plutôt à cause dutemps et des changements survenus (parce qu'autrement, il ne m'en coûterait rien d'avoir à les tenir, étant restédans la même disposition qu'auparavant), est dès lors l'élément de mon caractère par quoi je puis acquérir uneidentité, celle de la parole donnée et tenue. [Conclusion] Le temps, par les changements qu'il cause en nous, nous oblige à penser quelque chose qui en nous résiste à ceschangements : il nous faut penser un sujet qui ait la réalité du sujet empirique et la permanence de celui de laconnaissance, sans faire preuve de la formalité de celui-ci et de la contingence de celui-là.

Le sujet moral estprécisément celui qui a besoin du temps pour s'accomplir et qui use ainsi du temps pour construire son identité,acquise avec le temps dans la promesse tenue. APPROCHE DE LA PROBLÉMATIQUE. »

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