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Comment se peut-il que nous puissions faire ce qui nous répugne et ne pas faire ce qui nous séduit ?

Publié le 27/03/2009

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L’expression « Comment se peut-il que nous puissions faire … ? « nous invite à nous interroger sur les causes du comportement que nous adoptons. Si nous cherchons à savoir comment il se peut que nous fassions quelque chose, ou au contraire, comment il se peut que nous ne la fassions pas, cela signifie que nous cherchons à déterminer ce qui nous pousse à agir ou à ne pas agir dans un certain sens. Le sujet nous invite donc à réfléchir à nos motivations profondes, en tant qu’elles nous déterminent à une action ou au contraire nous retiennent.

 

Ce qui nous répugne est ce qui suscite en nous un sentiment d’aversion, parce que nous le trouvons écœurant (il s’agit alors d’une aversion d’ordre physique) ou parce que nous le jugeons pénible, désagréable. En ce sens, quelque chose nous répugne parce qu’elle nous apparait contraire a la perpétuation de notre vie, contraire a nos propres intérêts.

 

Quelque chose qui nous séduit est quelque chose qui nous incline volontairement à une action, un comportement. Ce qui séduit sait nous plaire, nous faire agir de sorte que nous répondions a ses attentes ou a ses discrètes incitations. Une chose séduisante est donc une chose qui nous incite à une action, de sorte que cette action nous apparait comme un effet de notre libre vouloir, non d’une pression extérieure.

 

Lorsque nous nous demandons comment il se fait que nous puissions faire ce qui nous répugne et ne pas faire ce qui nous séduit, nous énonçons un paradoxe. En effet, il semble que par définition, les individus sont enclins à faire ce qui les séduit et à refuser de faire ce qui leur répugne. Mais nous verrons que précisément il en va le plus souvent a rebours, de sorte que nous faisons ce qui nous répugne et ne faisons pas ce qui nous séduit parce que la société nous y incite, et jusqu’aux forces de notre inconscient, qui se font l’écho des exhortations sociales. Nous verrons en dernier lieu si nous n’aurions pas intérêt a davantage faire ce qui nous séduit et refuser de faire ce qui nous répugne, ou si loin d’être la négation de notre liberté, la contrainte que nous nous astreignons a respecter n’est pas au contraire le garant de cette liberté autant que de notre vie en société.

 

 

I.                   L’individu sans contrainte fait ce qui le séduit et ne fait pas ce qui lui répugne

  1. L’enfant, l’exemple d’une volonté inclinée par le seul plaisir

 

  1. La justification philosophique d’un comportement détermine par le seul plaisir

 

II.                Mais l’influence de la société se fait sentir jusque dans notre inconscient et nous incline à faire ce qui nous répugne et faire ce qui nous séduit

 

  1. L’injonction sociale incline l’individu à renoncer à la loi du plaisir
  1. L’inconscient du sujet comme relai de l’injonction sociale

 

 

III.             Faut-il renouer avec la loi du désir comme seule détermination de nos actes ?

 

  1. Libérez le désir ! ou comment lutter contre l’asservissement a la cause sociale

  

  1. Cependant, la nécessaire considération de l’intérêt d’autrui dans la détermination de notre agir

 

« faire ce qui nous répugne et faire ce qui nous séduit L'injonction sociale incline l'individu à renoncer à la loi du plaisir a. Cependant, il faut bien voir que la règle générale de notre action est précisément de ne pas faire ce a quoi noussommes naturellement enclins, mais au contraire ce que l'on attend de nous et a tendance à nous répugner.L'exemple majeur de cette loi indubitable est sans doute le travail.

Le travail est par définition une activité pénible,que nous nous imposons a nous-mêmes, parce qu'elle est le moyen de préservation de notre être dans le temps.Mais il faut bien voir que si nous travaillons, faisons cette chose qui souvent nous répugne plutôt de faire ce quinous séduirait bien davantage, c'est pour une raison différente de celle qui consiste a vouloir perpétuer notreexistence : parce que nous sommes inclinés a mener cette vie paradoxale par la société dans laquelle nous vivons.Nietzsche montre en effet que la société institue le travail en valeur, parce qu'elle a intérêt a cette valorisation dutravail qui permet de maitriser les individus mieux que n'importe quelle police :“Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la mêmearrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de toutce qui est individuel.

Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail - on vise toujours sous ce nom le dur labeurdu matin au soir -, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend àentraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance.

Car il consume uneextraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, àl'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles etrégulières.

Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage desécurité: et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême.

Et puis! épouvante ! Le « travailleur »,justement, est devenu dangereux! Le monde fourmille d'« individus dangereux»! Et derrière eux, le danger desdangers - l'individuum!Friedrich Nietzsche, Aurore (1880), livre III, trad. Nous dirons donc que si nous faisons ce qui nous répugne, comme travailler, et ne faisons pas ce qui nous séduit,c'est parce que nous y sommes fortement incites par les discours en vigueur dans la société ou nous vivons. L'inconscient du sujet comme relai de l'injonction sociale b. Allant plus loin, il faut bien voir que cette injonction sociale est relayée par notre inconscient.

En effet, il existed'après Sigmund Freud un fonctionnement de la conscience humaine en trois parties distinctes, qui sont rivales pourobtenir le contrôle du sujet, la maitrise de ses actes.

Lisons a ce propos le texte de Freud qui exprime cette idée etemploie précisément la phrase sur laquelle est bâti le sujet que nous avons à traiter aujourd‘hui : « Dans certaines maladies et, de fait, justement dans les névroses * , que nous étudions [...] le moi se sent mal à l'aise, il touche aux limites de sa puissance en sa propre maison, l'âme.

Des pensées surgissent subitement dont onne sait d'où elles viennent ; on n'est pas non plus capable de les chasser.

Ces hôtes étrangers semblent mêmeêtre plus forts que ceux qui sont soumis au moi.

[...] La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbidesinquiétants, elle organise de longues et minutieuses recherches, elle se forge des notions de secours et desconstructions scientifiques, et, finalement, peut dire au moi : « Il n'y a rien d'étranger qui se soit introduit en toi,c'est une part de ta propre vie psychique qui s'est soustraite à ta connaissance et à la maîtrise de ton vouloir.[...] Tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme, dès que c'est suffisamment important, parce que taconscience te l'apprendrait alors.

Et quand tu restes sans nouvelles d'une chose qui est dans ton âme, tu admets,avec une parfaite assurance, que cela ne s'y trouve pas.

Tu vas même jusqu'à tenir "psychique" pour identique à"conscient", c'est-à-dire connu de toi, et cela malgré les preuves les plus évidentes qu'il doit sans cesse se passerdans ta vie psychique bien plus de choses qu'il ne peut s'en révéler à ta conscience.

Tu te comportes comme unmonarque absolu qui se contente des informations que lui donnent les hauts dignitaires de la cour et qui nedescend pas vers le peuple pour entendre sa voix.

Rentre en toi-même profondément et apprends d'abord à teconnaître, alors tu comprendras pourquoi tu vas tomber malade, et peut-être éviteras-tu de le devenir.»C'est decette manière que la psychanalyse voudrait instruire le moi.

Mais les deux clartés qu'elle nous apporte : savoir quela vie instinctive de la sexualité ne saurait être complètement domptée en nous et que les processus psychiquessont en eux-mêmes inconscients, et ne deviennent accessibles et subordonnés au moi que par une perceptionincomplète et incertaine, équivalent à affirmer que le moi n'est pas maître dans sa propre maison ». FREUD, "Une difficulté de la psychanalyse", in Essais de Psychanalyse appliquée, Idées Gallimard Ce texte montre parfaitement que l'inconscient met en péril la domination du moi dans sa propre maison, c'est-à-direle contrôle du moi sur les actions du sujet.

En effet, le moi est soumis a l'influence du « ca », place dansl'inconscient et immuable.

Il s'agit d'une instance primitive, réservoir du désir sexuel, de la libido, mais aussi d'autres. »

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