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Commentaire de texte sur l'éducation et sociologie de Durkheim

Publié le 20/03/2023

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« Commentaire de texte Référence de l’ouvrage : Emile Durkheim, Education et sociologie, Paris, PUF, 2005, 144 pages. Passage commenté : ibid., pages 101 à 102 de « En résumé… » jusqu’à « son infériorité.

». (Le passage est disponible en PDF sur la plateforme de l’EPI en deux parties.) L’éducation et sociologie, paru en 1922 et écrit par Emile Durkheim, est un ouvrage qui traite de la place de l’éducation dans les sociétés.

Cette œuvre traite de la notion d’éducation et plus spécifiquement de son lien fondamental avec la sociologie.

Durkheim est l’un des fondateurs de la sociologie moderne.

A travers cet ouvrage et plus particulièrement du passage que nous allons étudier, nous verrons la manière dont Durkheim dissocie l’être individuel de l’être collectif ou social.

Deux êtres qui fondent la condition sine qua non, pour le sociologue, à la conservation de la société.

Ce passage se trouve au chapitre III partie II de l’éducation et sociologie.

Il explicite l’idée que les liens sociaux, permis par l’éducation, permettent à la société de subsister durablement.

Il montre que l’éducation n’est qu’une manière pour la société de perdurer et donc qu’elle est une pratique normée qui ne s’intéresse pas en premier lieu aux besoins et intérêts particuliers de l’homme pris individuellement.

La société, au fur et à mesure des années, trace, en elle, l’homme qu’elle veut faire éclore, de telle manière que, ce dernier, reste dans une certaine homogénéité avec ses semblables et évite tout déchirement social causant une instabilité sociétale.

Ainsi, Durkheim, dans le passage qui va nous occuper, parle de deux êtres qui, dans leurs diversités, deviennent paradoxalement inséparables : l’être individuel et l’être social.

Le premier peut être facilement envisagé comme étant rattaché, naturellement, à l’organisation de l’homme.

Cependant, il semble bien plus complexe et paradoxal d’envisager un homme qui, dès la naissance, soit prédisposé de telle sorte qu’il soit rattaché organiquement à des coutumes, des croyances et divers liens sociaux semblables à ces derniers.

L’homme n’est-il pas plutôt, dès la naissance, un être individuel et devient, par l’éducation, la somme de deux êtres, l’être individuel et social, de sorte que ces derniers soient indiscernables ? En d’autres termes, l’éducation n’est elle pas l’outil qu’utilise les sociétés, à travers l’enseignement, pour créer des hommes disposés à vivre convenablement et conformément avec les codes et les principes que ces dernières 1 prônent ? L’éducation serait donc vue comme un moyen intermédiaire, pour chaque société, de former des hommes sociaux gouvernés par des principes moraux et d’autres normes biens spécifiques. Durkheim essaye, dans ce passage, d’expliciter l’idée d’une société qui, à travers l’éducation, crée des hommes socialement normés pour vivre en conformité avec les principes, croyances et coutumes de cette dernière.

L’éducation a alors, en effet, un rôle primordial dans la formation de cet être social.

Aucun homme, montre Durkheim, nait avec des coutumes et des croyances prédisposées dans son organisme.

Ainsi, l’éducation permet de créer dans l’homme un homme nouveau, un être social et moral, permettant de contrecarrer le côté égoïste et asocial de l’être individuel. L’extrait que nous allons étudier se découpe en trois parties.

Dans une première partie, Durkheim va montrer que, bien loin de s’intéresser à l’homme dans son individualité, la société utilise l’éducation comme outil fondamental à sa propre conservation (lignes 1 à 12 jusqu’à « se spécialisant »).

Durkheim va, ensuite, expliciter son idée d’éducation en montrant en quoi elle consiste.

Pour cela, il fait une distinction entre deux êtres et montre que cette dernière s’achève lorsque le second être, l’être social, se superpose sur le premier, l’être individuel (lignes 12 à 27).

Dans un dernier moment, le philosophe insiste sur la notion d’être social qui n’est pas naturellement donné à l’homme, comme l’est l’être individuel, pour montrer la force morale de la société qui détermine et façonne l’homme sous les principes moraux et intellectuels qu’elle prône (ligne 28 à la fin). Nous allons voir, dans ce premier moment, la manière dont les sociétés, selon Durkheim, ont utilisé l’éducation comme outil principal à leurs propres durabilités et conservations. Durkheim explicite une idée tout au long de notre extrait et plus généralement dans éducation et sociologie qui est que l’éducation est la condition sine qua non de la préservation d’une société.

Dès le début du passage le philosophe montre que cette éducation n’est pas mise en place pour « l’individu et ses intérêts » (ligne 2).

En d’autres termes, l’éducation n’est pas un intermédiaire pour l’homme afin qu’il se développe individuellement selon ses propres intérêts, principes moraux, etc.

Au contraire, elle est, pour la société, un service public de sorte qu’elle est contrôlée et conformée par cette dernière afin de répondre à ses attentes. 2 Ainsi, la société « renouvelle perpétuellement » (lignes 3 et 4) ses conditions d’existences grâce à l’éducation qui permet de tracer le portrait de l’homme qu’elle souhaite.

Nous pouvons d’ores et déjà voir que l’homme est le produit de la société qui le forme et le fait devenir ce qu’elle veut.

Il semble clair que le rôle de l’éducation n’est pas d’éduquer l’homme en conformité avec sa nature mais, bien plus de le faire, avec ce que la société souhaitera, sous les principes moraux, politiques et économiques qu’elle prônera.

L’éducation de l’homme est donc une histoire de société qui fait que cette dernière, tout comme les hommes, change avec le temps.

Pour le dire autrement, la société élève l’homme, à sa manière, afin que ce dernier réponde à ses attentes spécifiques, des attentes propres à chaque société.

L’homme est éduqué en fonction de ce que la société a besoin, il est plastique, rien ne le détermine par nature à devenir quelqu’un ou à disposer d’un tempérament moral spécifique.

Cette plasticité permet à la société de faire l’homme qu’elle souhaite afin de se conserver perpétuellement. Cependant, une question reste en suspens, celle de comprendre les raisons qui ont poussé les sociétés à former l’homme, autrement que dans son individualité, pour se préserver.

Pourquoi la société a-t-elle besoin de normer l’homme pour survivre et pour quelles raisons l’homme ne peut-il pas être éduqué tel que la nature l’a conçu ? L’éducation chez Durkheim n’est pas, comme nous l’avons vu, un moyen, pour l’homme, de s’accomplir personnellement.

Elle est un outil permettant à la société de perdurer durablement.

Pour Durkheim ce qui fait que l’éducation est si importante, pour l’existence même de la société, est qu’elle permet une certaine « homogénéité » (ligne 6) entre les individus.

Aucune société, pour ce dernier, ne peut vivre sans une certaine homogénéité entre ses membres.

L’homme ne peut être éduqué sous n’importe quelles normes, au contraire, il doit l’être en conformité avec les normes que la société impose.

L’éducation joue donc un rôle essentiel chez l’enfant en lui « fixant d’avance dans l’âme (…) les similitudes essentielles que suppose la vie collective » (lignes 7 et 8).

Ainsi, une éducation qui ne tient pas compte des normes qu’impose la société créée des futurs hommes incapables de s’insérer dans celle-ci. Pour Durkheim, l’éducation est l’outil qui permet aux sociétés de socialiser les hommes, de les rendre capables de vivre collectivement et cela suppose une certaine homogénéité entre ces derniers.

Cette homogénéité la société la déploie à travers, notamment, des principes moraux et intellectuels communs que l’éducation permet de transmettre.

Durkheim ne laisse, cependant, pas de côté le fait qu’ « une certaine diversité » (ligne 9), entre les hommes, est également nécessaire à l’existence de la société.

Au contraire, Durkheim, dans un autre passage d’éducation et sociologie, explicite le fait que les individus doivent garder leurs 3 diversités car ils n’ont pas tous les mêmes aptitudes et donc les mêmes fonctions à remplir.

La société a besoin de toute manière d’hommes différents comme par exemple des penseurs ou des hommes d’actions afin de répondre à ses diverses attentes.

Le rôle de l’éducation n’est pas d’actualiser l’homme, de le faire devenir quelqu'un d’autre, le faisant perdre toute son individualité, son rôle est, au contraire, de conserver « la persistance de cette diversité » (lignes 10 et 11).

Tout comme l’homme qui se diversifie de ses semblables, l’éducation évolue et s’adapte, sous le contrôle et les besoins des sociétés, « en se diversifiant » et « en se spécialisant » (lignes 11 et 12).

L’éducation permet à l’homme de conserver sa diversité avec autrui et donc son individualité mais elle surajoute, également, à ce dernier des normes qui lui permettent de vivre convenablement en société. Dans cette première partie, Durkheim montre que l’éducation permet aux sociétés de renouveler leurs propres existences.

L’éducation permet de préserver une certaine homogénéité entre les hommes, pour que la société puisse perdurer, tout en n’ayant pas pour ambition de créer une harmonie parfaite entre ces derniers.

La question qui se pose, à présent, est celle de savoir de quelle façon la société réussie-t-elle à le faire ? Dans cette seconde partie, nous allons voir que Durkheim définit l’éducation comme un outil de socialisation permettant aux hommes de vivre collectivement en société et de devenir des.... »

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