Commentaire le sourcil
Publié le 21/03/2017
Extrait du document
«
ne restez pas dans le passage », répétée deux fois suggère la réticence des jumeaux à
entrer dans la pièce.
Mais pour l’instant, le lecteur/spectateur en est réduit à imaginer les
raisons de ce comportement.
2) Des relations familiales complexes
Le discours du notaire révèle peu à peu une situation familiale assez mystérieuse : la
formule traditionnelle « elle m’a souvent parlé de vous », qui apparaît comme une
politesse est aussitôt rectifiée pour laisser place à la vérité : « en fait pas souvent, mais
elle m’a déjà parlé de vous » et cette phrase est à nouveau corrigée par une série de
phrases nominales : « Un peu.
Parfois.
Comme ça ».
Ce decrescendo donne l’image
d’une mère qui ne parlait presque pas de ses enfants, alors que le notaire semblait assez
proche d’elle.
De la même manière, le choix des termes apparaît révélateur : elle n’utilisait
pas les prénoms de ses enfants, mais des formules assez neutres et froides : « les
jumeaux », « la jumelle », « le jumeau ».
Pourtant le personnage de la mère n’est pas
présenté de manière négative : elle a corrigé la parole du notaire, elle lui a permis de «
bien » parler : « C’est votre mère qui m’a appris qu’il fallait dire un oiseau ».
Elle reste
donc associée à cette image de l’oiseau, symbole de beauté et de liberté qui de fait ouvre
la pièce « C’est sûr, c’est sûr, c’est sûr, je préfère regarder les oiseaux ».
De même, «
dans son pays il ne pleut jamais » la renvoie à la chaleur et à la lumière.
3) Le silence et la parole
Mais, en ce qui la concerne, la mère est caractérisée par son silence : « elle ne disait
jamais rien à personne », « bien avant qu’elle se soit mise à ne plus rien dire du tout, déjà
elle ne disait rien et elle ne me disait rien sur vous ».
Les négations s’enchaînent et
s’accumulent : « jamais », « rien », « personne », « rien du tout », « rien », « rien ».
Une
telle insistance suggère l’existence d’un secret et le lecteur pressent que c’est là que va se
jouer l’intrigue.
De plus le discours du notaire met en avant la violence de la mort qui «
détruit toutes les promesses », « la mort, ça n’a pas de parole ».
Ce rappel discret dans la
première scène du titre de la trilogie dont fait partie la pièce Incendies amène à penser
que la mère n’a pas tenu la promesse qu’elle avait faite et que les enfants devront en
dénouer les conséquences.
De fait, pour mettre fin au silence, il faut bien l’intercession
d’un notaire peu ordinaire.
III Un notaire hors du commun
1) Un personnage compatissant
L’émotion du personnage est visible tout au long de la scène : la didascalie finale est
explicite « il éclate en sanglots » et il dit très simplement : « j’aimais votre mère ».
L’ambivalence du terme (amour ou amitié ?) est nette et la phrase est répétée deux fois.
A
cet égard, Hermile Lebel dépasse la figure traditionnelle du notaire, telle qu’elle apparaît
dans la comédie.
Chez Molière, le notaire est un personnage souvent ridicule, utilisant un
jargon prétentieux que personne ne comprend et très préoccupé d’argent.
Chez
Mouawad, les liens qui l’unissaient à sa « cliente » sont beaucoup plus profonds et
vis-à-vis des jumeaux son discours est celui de la compassion : il comprend leur situation,
mais insiste sur la vie qui continue : « il va bien falloir agir.
Continuer à vivre comme on dit
», et parlant du testament, il évoque « un mal nécessaire », l’adjectif lui-même est utilisé
deux fois.
Son rôle va donc largement au-delà de ce que
l’on attend d’un notaire traditionnel.
2) Un personnage bavard
La mère se taisait et les jumeaux se taisent également : seul le notaire parle et
longuement.
L’enjeu de la parole apparaît ainsi au cœur de l’intrigue, comme le montre la.
»
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