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Commentaire : Lorsqu'on est riche et puissant, on n'en est pas plus aimable, Malebranche

Publié le 08/06/2013

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malebranche

Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son 

étude ordonnée :

Lorsqu'on est riche et puissant, on n'en est pas plus aimable, si pour cela 

on n'en devient pas meilleur à l'égard des autres par ses libéralités, et par la 

protection dont on les couvre. Car rien n'est bon, rien n'est aimé comme tel, 

que ce qui fait du bien, que ce qui rend heureux. Encore ne sais-je si on aime 

véritablement les riches libéraux, et les puissants protecteurs. Car enfin ce n'est 

point ordinairement aux riches qu'on fait la cour, c'est à leurs richesses. Ce 

n'est point les grands qu'on estime, c'est leur grandeur ; ou plutôt c'est sa 

propre gloire qu'on recherche, c'est son appui, son repos, ses plaisirs. Les 

ivrognes n'aiment point le vin, mais le plaisir de s'enivrer. Cela est clair: car s'il 

arrive que le vin leur paraisse amer, ou les dégoûte, ils n'en veulent plus. Dès 

qu'un débauché a contenté sa passion, il n'a plus que de l'horreur pour l'objet 

qui l'a excité; et s'il continue de l'aimer, c'est que sa passion vit encore. Tout 

cela, c'est que les biens périssables ne peuvent servir de lien pour unir 

étroitement les cœurs. On ne peut former des amitiés durables sur des biens 

passagers, par des passions qui dépendent d'une chose aussi inconstante que la 

circulation des humeurs et du sang ; ce n'est que par une mutuelle possession 

du bien commun, la Raison. Il n'y a que ce bien universel et inépuisable, par la 

jouissance duquel on fasse des amitiés constantes et paisibles. Il n'y a que ce 

bien qu'on puisse posséder sans envie, et communiquer sans se faire tort.

MALEBRANCHE

Quel est le lien qui peut réellement unir les hommes dans leur existence  quotidienne ? Sans se préoccuper ici du contexte socio-politique, Malebranche  cerne les enjeux de tout attachement réciproque, pour montrer que seule la  Raison est capable d'en produire de durables et profonds. Avant de parvenir à  cette conclusion, il lui faut d'abord souligner combien les relations fondées sur  des « biens passagers « sont peu stables.

Introduction.

I. On n'aime que ce qui rend heureux. 

II. Insuffisance des biens périssables. III. Suprématie de la Raison. 

Conclusion.

malebranche

« III. Suprématie de la Raison.

Conclusion. Commentaire Quel est le lien qui peut réellement unir les hommes dans leur existence quotidienne ? Sans se préo ccuper ici du contexte socio -politique, Malebranche cerne les enjeux de tout attachement réciproque, pour montrer que seule la Raison est capable d'en produire de durables et profonds.

Avant de parvenir à cette conclusion, il lui faut d'abord souligner c ombien les relations fondées sur des « biens passagers » sont peu stables. Les qualités apparentes d'un individu, pour peu qu'elles ne s'accompagnent pas d'une modification de son attitude, ne lui confèrent aucun avantage particulier relativement aux a utres.

Ainsi, la richesse et la puissance, qui n'ont de signification que relativement à l'organisation sociale, ne rendent pas un sujet « plus aimable » automatiquement.

L'individu n'attire d'amitié ou de reconnaissance que s'il utilise cette richesse ou cette puissance pour aider autrui (libéralités ou protection).

Ce qui dans un tel cas est apprécié, c'est uniquement ce qui correspond à l'intérêt ou au bien -être du bénéficiaire.

Ce n'est donc pas le protecteur qui est bon en lui -même, c'est la pr otection qu'il accorde qui est jugée intéressante, parce qu'elle améliore la situation et concourt au « bonheur » de celui qui en profite. En effet, la personne du puissant protecteur n'a d'intérêt qu'en raison de sa puissance : elle n'en constitue en q uelque sorte que le support anecdotique.

Mais cette puissance elle -même (il en va évidemment de même pour la richesse ou pour toute autre qualité socialement tenue pour positive) ne concerne l'autre que dans la mesure où il peut en recueillir les effet s, ou y participer à sa manière : « c'est sa propre gloire qu'on recherche ».

La « reconnaissance » qui lie le bénéficiaire au bienfaiteur n'est rien d'autre, dans de telles conditions, que la transposition de l'intérêt égoïste du bénéficiaire , qui se p réoccupe en priorité de son propre bonheur, de « son repos » et de « ses plaisirs ». Toute apparence de relation sociale fondée sur de telles déterminations risque donc d'être trompeuse : ce qui s'y affiche officiellement comme « amitié. »

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