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Comparer l'activité réflexe et l'activité volontaire. ?

Publié le 15/06/2009

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On emploie souvent le mot de volonté pour désigner l'ensemble des fonctions actives de l'homme. Mais, à strictement parler, une petite partie seulement de l'activité humaine est volontaire. Avec la volonté, propre à l'homme, interviennent les instincts, les habitudes et les réflexes, qui nous sont communs avec les animaux. La comparaison de l'activité réflexe et de l'activité volontaire nous permettra d'apporter quelques précisions à la façon d'agir spécifiquement humaine. * * * Au sens propre, le réflexe est un phénomène nerveux consistant en ce qu'une excitation déclenche automatiquement, en vertu de connexions préétablies, la contraction d'un muscle ou la sécrétion d'une glande. Il est des réflexes congénitaux ou de constitution : les contractions péristaltiques de l'oesophage ou les sécrétions glandulaires provoquées par le contact du bol alimentaire. D'autres sont acquis et se ramènent à une longue habitude : c'est le cas de certains tics, mouvements volontaires à l'origine ou du moins que la volonté pouvait refréner, et qui sont devenus involontaires ou même complètement incoercibles. On parle enfin, de nos jours, des réflexes conditionnels ou réflexes associés, dans lesquels ce n'est plus l'excitation primitive qui détermine la contraction ou la sécrétion, mais une autre excitation qui lui a été associée : ainsi, chez les chiens de PAVLOV, habitués à manger au son d'une cloche, le son de la cloche suffisait à provoquer la sécrétion des glandes salivaires.

« volonté suppose la conscience réfléchie des forces qui poussent à l'action et cette conscience manque à l'animal :le chien éprouve une sensation de faim, mais il ne sait pas qu'il a faim; la crainte de coups de bâton le retient, maisil ne sait pas qu'il a peur.

L'animal agit sous l'impulsion des mobiles; pour agir volontairement, il faut être déterminépar des motifs ou par des raisons.Dans l'activité volontaire, la puissance des forces qui poussent à agir ne dépend pas uniquement de ces forceselles-mêmes; elle dépend aussi de la valeur que leur accorde celui qui agit, du jugement de valeur que, au momentde se décider, il porte sur elles.

Au lieu du chien, représentons-nous un enfant tenté de dérober à sa mère un billetde banque avec lequel il pourra satisfaire ses petites fantaisies.

La représentation des bonnes choses qu'il pourra seprocurer avec cet argent le pousse à s'en emparer; mais la crainte de voir son vol découvert et d'être sévèrementpuni le fait hésiter.

Jusqu'ici, il n'y a entre l'enfant et le chien que cette différence : l'enfant peut prendreconscience de la lutte qui se livre en lui; chez le chien, la lutte n'est éclairée par aucune lumière de la conscience.Mais qu'à la considération de ses intérêts sensibles et purement égoïstes vienne s'ajouter la considération d'intérêtssupérieurs — intérêts de ses parents qu'il trompe et à l'égard desquels il se montre ingrat, intérêt de sa dignitéd'homme qu'il ravale au niveau de la bête en cédant à l'attrait de plaisirs matériels —, il s'élève beaucoup plus hautet peut échapper au déterminisme.

Il n'y a pas, en effet, de commune mesure entre le plaisir de se gaver debonbons et celui d'avoir satisfait aux exigences de sa conscience.

Par suite, l'enfant pourra soit fermer les oreillesaux appels de sa conscience et céder à la tentation, soit ouvrir son esprit aux considérations d'ordre idéal, nelaissant pas la place à la représentation des plaisirs qui le tentent.

Il choisit librement, et c'est dans le choix libreque l'activité volontaire atteint son plus haut degré de développement.

Nous sommes bien loin, on le voit, del'activité réflexe, qui ne laisse aucune place au choix. * * * De ce que la notion de réflexe s'oppose diamétralement à la notion de volonté, il ne faudrait pas conclure que dansla vie réelle ces deux forces sont constamment en conflit et ne peuvent pas collaborer.Il arrive, sans doute, que le réflexe conquière son indépendance et devienne, pour l'activité volontaire, unempêchement et un obstacle.

Celui qui a pris l'habitude de parler vite ou de bégayer, habitude constituée par unensemble de réflexes, ne peut plus parler lentement ou se défendre de répéter les syllabes où il achoppe.

Lorsqu'ona commencé à dactylographier avec une machine à clavier spécial, on éprouve de la difficulté à s'adapter au clavieruniversel, et les doigts vont d'eux-mêmes aux touches qu'on ne veut pas frapper.Mais, pour quelques réflexes qui contredisent les ordres de la volonté, combien qui en sont les exécuteurs dociles!Pour montrer ce que la volonté doit aux actes réflexes, il suffirait de reprendre les exemples déjà cités.

Que decalculs et d'attention il faudrait pour marcher en vélo et même à pied, si l'équilibre n'était pas maintenu par desmouvements réflexes! On signale les fautes de frappe dues au réflexe créé par l'usage d'un clavier différent duclavier universel; mais, pour une lettre frappée à tort, des centaines ont été bien frappées par le jeu automatiquedu réflexe monté par l'apprentissage.D'ailleurs, la machine vivante et surtout la machine humaine qu'informe la raison, est d'une souplesse qui ne peutêtre comparée avec la rigidité des mécanismes matériels.

Le même organe peut être le siège de réflexes multiplesqui entrent en jeu suivant les circonstances et n'interviennent pas quand on n'a pas besoin d'eux : quand unedactylo qui est en même temps pianiste, travaille à sa machine à écrire, elle n'est point gênée par les réflexesacquis au piano; elle a deux doigtés.

Elle en a plus de deux, car elle sait aussi manier la plume et le crochet àtricoter; elle sait joindre les mains et croiser les doigts, montrer de l'index et de l'auriculaire.

La multiplicité de cesréflexes assouplit sa main dont elle affine les gestes, les rendant capables d'exprimer les nuances les plus délicates.Sous l'influence de l'âme qui anime le corps, l'activité réflexe, simple automatisme de la matière à l'origine, s'estcomme spiritualisée en devenant une sorte de doublure de l'activité volontaire.Ainsi l'idéal n'est pas de se défendre contre la formation des réflexes.

Au contraire, l'éducation a pour but d'acquérirles réflexes les plus variés. * * * Cette opposition essentielle des activités réflexe et volontaire d'une part et, d'autre part, leur fusion intime et leurcoordination nous fait saisir au concret le fait de la dualité de l'homme et de son unité.L'homme est double, corps et âme, esprit et matière : les moralistes de tous les siècles l'ont répété et nous avonsde cette dualité une sorte d'expérience immédiate.Cependant, nous ne sommes pas deux : les deux éléments dont nous sommes composés ne forment qu'un êtreunique et tout l'effort de notre vie doit tendre à informer plus intimement notre esprit de notre activité physique, àmettre notre activité automatique au service de la volonté.. »

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