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Comte ou le positivisme

Publié le 27/10/2009

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Curieux positivisme que celui de cet homme qui fit des trois femmes ayant marqué sa vie (sa mère, sa «véritable« épouse, et sa servante qu'il adopta) trois «anges gardiens« au panthéon du culte positif personnel qu'il institua en tant que Pape de l'Humanité.  Dramatique vie, par ailleurs, que celle de ce penseur qui, à vingt-huit ans, connut une «crise cérébrale« qui lui valut d'être interné quelques semaines, mais qui interprète cet épisode de sa vie comme une régression (vers les stades antérieurs parcourus par l'humanité) heureusement suivie d'une remontée vers le stade positif.  Philosophie «antique« aussi, après tout, que celle de ce philosophe inventeur de la philosophie positive, comme dernier stade de l'évolution de l'humanité, mais qui voit dans la religion (qu'il entend au sens étymologique de «ce qui relie«) la clef de voûte de son Système, et dans la morale («vivre pour autrui, afin de revivre dans autrui«) la suprême science fondamentale. N'est-il au fond platonicien, quoique positiviste et fils de son siècle hanté par la notion de progrès (millénarisme laïc), celui dont la maxime triadique de la Synthèse subjective (1856) fut :    L'amour pour principe, l'ordre pour base et le progrès pour but.

« POSITIVISME. Doctrine qui rejette la métaphysique pour ne s'attacher qu'aux phénomènes et aux lois qui les régissent.

« Le Positivisme cherche à atteindre l'unité de la pensée en partant des données réelles.

» Hoffding.) —Doctrine d'Auguste Comte (voir ce nom), à la fois philosophie des sciences, politique et religion.

Positivisme moral :doctrine selon laquelle l'ordre moral et l'ordre juridique sont entièrement indépendants.

(Kant).

— Positivismejuridique : doctrine selon laquelle l'ordre moral et l'ordre juridique ne font qu'un.

(Calliclès, Hobbes, Nietzsche,Dürkheim).

— Positivisme logique : doctrine de l'école de Vienne, selon laquelle la vérification par l'expérience est leseul critère de la vérité. — Quand la loi se substitue à la cause.

La doctrine d'Auguste Comte porte le nom de positivisme, mot forgé parl'école saint-simonienne.

Si Comte l'a adopté, il a généralement employé le terme de philosophie positive, laquellereprésente un type de pensée substituant partout la loi et la vérité scientifiques à l'absolu et à la recherche de lacause : sont seules recevables les vérités scientifiques et positives, à l'exclusion des autres.— La loi des trois états.

Épine dorsale du positivisme, la loi des trois états énonce la primauté du positif, c'est-à-diredu réel et du relatif par opposition au chimérique et à l'absolu.

Mais que désigne cette loi des trois états ? Il s'agitd'une grande loi historique décrivant le développement de l'esprit humain : toutes les branches des connaissanceshumaines, et par conséquent l'humanité elle-même, parcourent trois états, nominés théologique, métaphysique etpositif.

L'esprit humain, pense Comte, passe d'abord par l'étape théologique, où il attribue à des agents divins (Zeus,Poséidon) tous les événements de l'univers, puis par le moment métaphysique, où il explique les choses par desabstractions (la « vertu dormitive » de l'opium), et il accède, enfin, au stade positif, lorsqu'il abandonne la recherchedu « pourquoi » : le « comment » remplace le « pourquoi ».

C'est le règne de la loi scientifique, de la relationconstante entre les phénomènes.

L'esprit se borne à établir des relations positives et relatives entre les faits.« Dans l'état théologique, l'esprit humain, dirigeant essentiellement ses recherches vers la nature intime des êtres,les causes premières et finales de tous les effets qui le frappent, en un mot, vers les connaissances absolues, sereprésente les phénomènes comme produits par l'action directe et continue d'agents surnaturels plus ou moinsnombreux, dont l'intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentes de l'univers.Dans l'état métaphysique [...] les agents surnaturels sont remplacés par des forces abstraites, véritables entités[...] inhérentes aux divers êtres du monde, et conçues comme capables d'engendrer par elles-mêmes tous lesphénomènes observés, dont l'explication consiste alors à assigner pour chacun l'entité correspondante.Enfin, dans l'état positif, l'esprit humain reconnaissant l'impossibilité d'obtenir des notions absolues, renonce àchercher l'origine et la destination de l'univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s'attacheruniquement à découvrir, par l'usage bien combiné du raisonnement et de l'observation, leurs lois effectives, c'est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude » (Comte, Cours de philosophie positive, Garnier, p.

4).— Le positivisme n'est pas le scientisme.

Ce qui émerge ainsi, en ce moment du XIXe siècle où la science connaît untel essor, n'est-ce pas l'idée d'une raison strictement positive, s'attachant uniquement à comprendre le mécanismedes phénomènes grâce aux lois scientifiques ? La raison ou l'esprit positifs renoncent à chercher les causes, pours'attacher seulement aux lois de la nature.

Ainsi se dessine une ratio antimétaphysique, une faculté de raisonner sedéveloppant discursivement à l'intérieur des faits et se contentant de construire les lois effectives régissant cesFaits, au moyen de l'observation et du raisonnement.

Cette pensée positive donnera bientôt naissance auscientisme, qui imprègne la plus grande partie du second demi-siècle, mais avec lequel le positivisme ne se confondpas.

Que désigne le scientisme ? Une doctrine selon laquelle la science et la raison scientifique sont les seulesnormes des valeurs, et expliqueront un jour le monde dans sa totalité.

Or l'esprit positif n'est pas scientiste et faitplace à l'irrationnel de l'esprit.

D'où les développements religieux de la doctrine de Comte.

Dans l'ensemble, lepositivisme est plus ouvert que le scientisme.

Tandis que ce dernier évacue bien souvent la philosophie, Comte,beaucoup plus lucide, aperçoit dans le philosophe le « spécialiste des généralités », destiné à unifier une sciencetrop souvent éclatée.. »

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