Devoir de Philosophie

Critique de la faculté de juger: Le beau et le sublime, §23 Caractéristiques communes aux deux jugements de goût

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

On appelle jugements de goût les jugements qui attribuent le beau et le sublime. Les jugements de goût, et leurs objets, sont caractérisés de la façon suivante. 2. Les jugements de goût sont esthétiques mais désintéressés les jugements de goûts sont esthétiques Les jugements de goût sont esthétiques: dans les jugements de goût, la représentation est rapportée au sujet, et non à l'objet. Dans les jugements des sens (ceci m'apparaît rouge, j'entends un bruit), la représentation est rapportée aux seules facultés de connaître du sujet. Dans les jugements de goût, elle est rapportée aux sentiments de plaisir et déplaisir du sujet. Le beau et le sublime plaisent en eux-mêmes, comme l'agréable et le bon.

« Les jugements de goût prétendent à une valeur universelle.

Lorsque je dis que quelque chose est beau, «j'attribue àchacun le plaisir pris à l'objet» (p.192).

(«c'est beau» ne veut pas dire: «je trouve cet objet plaisant», mais «cetobjet est un objet qui plaît à tout homme»)- Nous admettons que, dans l'agréable, chacun a ses goûts (p.190), mais que dans le beau, il serait ridicule de direque qqch est «beau pour moi».

Le jugement de l'agréable, ou «goût des sens» est personnel, alors que le jugementdu beau, ou «goût de la réflexion», émet des jugements qui prétendent être universels.

(p.192).- Le jugement de goût peut prétendre à l'universalité car il est désintéressée.

Comme il ne repose pas sur lesinclinations, mais sur les simples facultés de connaître, et que le sujet peut supposer qu'elles sont identiques entout autre, il n'y a pas de raison de douter de son universalité.Par là, le jugement de goût se rapproche des jugements logiques (objectifs):«[Le sujet] parlera donc du beau comme si la beauté était une propriété de l'objet et comme si le jugement étaitlogique» (p.190).Mais le jugement de goût ne repose ni sur un concept de l'objet beau ou sublime, ni (a fortiori) sur un concept del'effet que tel objet a sur un sujet en général.

Par conséquent, on ne peut pas démontrer que l'objet est beau.

Onpeut simplement prêter à chacun un accord sur ce jugement, on ne peut pas l'affirmer.Par là, le jugement de goût se rapproche des jugements des sens (agréable, sensation prise subjectivement «je voisdu bleu»).

Il reste irréductiblement singulier; les seuls jugements de goût sont de la forme: «cette chose particulièreest belle».

On ne peut juger de la beauté sur concepts (est- ce que les roses en général sont belles):«Quand on porte des jugement d'appréciation sur des objets uniquement d'après des concepts,toute représentation de la beauté se perd.

Il ne peut donc y avoir non plus de règle d'après laquelle quelqu'undevrait être forcé de reconnaître quelque chose comme beau.

Pour ce qui est de savoir si un vêtement, une maisonou une fleur sont beausx, on ne se laisse dicter son jugement ni par des raisonnnements ni par des principes.

Onveut somettre l'objet à ses propres yeux, tout comme si son plaisir dépendait de la sensation; et pourtant, si l'ondésigne alors l'objet comme beau, l'on croit rallier à soi l'universalité des voix et l'on prétend obtenir l'adhésion dechacun, alors qu'en fait toute sensation personnelle ne décide que pour le sujet qui regarde et pour sonplaisir.»p.194En résumé, Kant dit (p.193-4) que les jugements de goût sont logiquement singuliers, mais esthétiquementuniversels.3.

Les jugements de goût représentent une finalité subjective sans finCe que Kant appelle la finalité, c'est le fait d'être le produit d'une volonté.«Une fin est l'objet d'un concept, dans la mesure où ce concept est considéré comme la cause de cet objet [...].

Lareprésentation de l'effet est ici le principe déterminant de sa cause.

[...] Le pouvoir de désirer, dans la mesure où ilne peut être déterminé à agir que par des concepts [...] serait la volonté.» (p.198-199)- On peut se représenter une finalité sans se représenter de fin.

Cela revient à penser qu'une chose a été produitedans un certain but, par une volonté, mais sans qu'on sache de quel but il s'agit.

(Les archéologues font trèsrégulièrement cette expérience; cf.

Stonehenge par ex.)Kant utilise ici les notion de forme et contenu.

La finalité d'une chose est le fait qu'elle soit produite par unevolonté.

La matière ou contenu de cette finalité, c'est la fin en question.

La forme, c'est le simple fait que l'objet aitété produit par une volonté.

(Ainsi, la forme de la finalité, prise en ce sens, p.200, est la même pour tous les objets'finaux'.)Un exemple: soit une table particulière.

La finalité de cette table, c'est le fait qu'une volonté a causé son existence.Dans cette finalité, la matière ou la fin, c'est...

la table elle-même! (Attention, la fin n'est pas d'écrire ici.

Cf.

p.198,la fin est l'objet produit lui-même.) Ou plus précisément, cette table en tant que table: certains aspects de celle-ci(son poids, sa couleur, la quantité d'acariens qu'elle contient, etc.) n'étaient peut-être pas représentés dans leconcept qui l'a fait exister.

La forme de la finalité de la table, ou la finalité formelle de la table, c'est le fait qu'ellesoit le produit d'une volonté.- Selon Kant, le jugement esthétique représente une finalité.

Certaines représentations produisent une satisfactionimmédiate.

Elles paraissent par là même être «faites pour» nos facultés de représentation.

C'est comme si ellesavaient été produites par une volonté dans ce but.Kant utilise ici la notion de finalité subjective.

Il appelle fin subjective quelque chose que je veux (i.e., une fin vuedu point de vue de la volonté qui la cause), et fin objective quelque chose qui est produit par une autre volonté(par ex, un outil que je trouve par hasard).

Une représentation qui semble faite pour moi relève de une finalitésubjective.Le fait de représenter une finalité rapproche le jugement de goût du jugement téléologique.

Ce dernier consiste àenvisager des objets comme des fins (les êtres organisés, le monde envisagé comme création).

Mais le jugementtéléologique repose sur des concepts des objets (le coeur sert à...

l'oeil sert à...), ou du sujet (comme volontéautonome, fin en soi); il représente donc des fins objectives et subjectives.

Le jugement de goût ne représentequ'une finalité dont la fin reste indéterminée.Dans le cas du beau, l'objet paraît «fait pour» nos capacités de représentation, au sens où il s'accorde avecl'imagination (il s'accorde avec nos capacités de l'appréhender de façon sensible).

Nous verrons que, dans le cas dusublime, la finalité subjective représentée est plus complexe.Note: la perfection est un aspect de la finalité objective (§15).

Un objet est parfait lorsqu'ilcorrespond exactement au concept que la volonté qui l'a produite se faisait.

Mais on ne peut pas se représenterqqch comme parfait, sans savoir quel genre de chose c'est – sans en avoir un concept.

Il suit que la beautén'est pas la perfection.

Dans ces § (§13-16), Kant opère un partage dans la tradition du beau comme bonneproportion: il en reprend l'aspect formel du beau (et rejette l'ésthétique de style plotinien, §14), mais en rejettel'aspect de perfection.

Ce partage est lié à la conception radicalement esthétique que Kant a du beau: la beauté nepeut être un rapport de l'objet à lui-même (la perfection), mais doit être un rapport de l'objet au spectateur.4.

Les jugements de goût sont sans concepts mais nécessaires. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles