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Dans quelles mesures peut-on affirmer que la conscience n'est pas un donné mais une tâche ?

Publié le 22/08/2005

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conscience
Selon Bergson, c'est la capacité du vivant à stocker de l'information qui lui permet de choisir entre des possibles et donc d'avoir une conscience du monde. Il donne l'exemple d'un être aussi élémentaire que l'amibe : « elle est déformable à volonté, elle est donc vaguement consciente ». 2)      La conscience est « donnée ». Elle est déterminée par une structure nerveuse fixée par l'évolution biologique. Cette structure est donc « donnée » à chaque vivant existant. 3)      Rôle essentiel du développement personnel. Si la structure nerveuse est la condition nécessaire de la conscience, elle n'en est pas la condition suffisante. L'apport de l'expérience est essentiel. Par exemple, un enfant qui resterait à l'écart du monde pendant que son corps se développe aurait sans doute une forme de conscience très pauvre. II.

Un homme ivre ou hébété peut devenir inconscient, il ne se « rendra plus compte de ce qu’il fait «, il ne contrôlera plus le sens de ses paroles, les conséquences de ses actes. Si la conscience est donnée cela n’empêche donc pas qu’elle puisse se perdre et qu’il faille l’entretenir pour la préserver. Or pourquoi faudrait-il entretenir et développer la conscience ? L’homme inconscient ne mesure pas la portée de ses actes, le sens de ses paroles, il ne vit pas du tout comme celui qui se représente soi-même dans le monde. Se représenter soi-même dans le monde, être conscient, est la condition pour évaluer les tenants et les aboutissants de ses actions, les orienter vers des valeurs. En effet, être capable de sortir de la présentation immédiate du monde pour se re-présenter des mondes possibles fonde la possibilité de donner un sens au monde réel. Or cela pose un problème : si la conscience était « donnée « toute entière, comment pourrait-elle s’échapper du monde pour le repenser sous un nouvel angle ? Il faut que la conscience se modifie elle-même pour modifier sa représentation du monde.

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« Pascal, dans ses Pensées, décrivait la noblesse de l'homme, ce faible "roseaupensant", de la manière suivante "Quand l'univers l'écraserait, l'homme seraitencore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt.".

L'être humaina cette spécificité qu'il dispose d'une conscience réfléchie.

La conscience ainsientendue représente une donnée proprement humaine, inséparable de l'être-homme.

Dans ce cas, pourquoi poser une telle question : "dans quelle mesurepeut-on affirmer que la conscience n'est pas une donnée mais une tâche?".

Lesujet semble sous-entendre que nous pouvons considérer la conscience sousdeux aspects.

Apparemment, il s'agirait de déterminer à quel titre laconscience est une donnée, et à quel autre (ou sous quel autre angle) elleest une tâche.

Néanmoins, comment être les deux à la fois? Une "donnée"c'est quelque chose d'évident, qui s'impose à nous sans effort particulier, quiest simplement là, présent.

La tâche, en revanche, renvoie au travail, à larecherche ; ce travail vise à établir un résultat qui n'est , par conséquent, pasdonné d'avance.

Nous serions donc face à une contradiction la conscienceserait à la fois toute faite (donnée d'emblée) et à faire.

Pouvons-nous sortirde cette aporie? Pour le tenter, nous devons approfondir le concept même deconscience.

Dans un premier temps, nous verrons que la conscience renvoie à1' "aperception" ; en ce sens, la conscience est immédiateté de soi à soi.

Est-ce pour autant une donnée? Dans la mesure où ta conscience est toujours"conscience de quelque chose", "intentionnalité", elle a plutôt à faire face au donné.

Par conséquent, elle s'y opposerait.

Abordée dans un second temps, cette question nous dirigera vers unecompréhension dynamique de la conscience.

Ainsi parviendrons-nous peut-être à comprendre en quoi donnée ettâche, loin de s'opposer ou de désigner deux aspects séparés de la conscience, constituent bien mieux les deuxfaces d'une conscience une mais divisée.

Lorsque nous évoquons le concept de conscience, à quoi nous référons-nous? Nous pouvons d'abord distinguer deux types de conscience.

Le premier est la conscience directe, immédiateou naturelle.

Quand nous voyons une couleur, entendons un son ou touchons une matière, nous savons en mêmetemps que nous voyons, entendons ou touchons nous sentons que c'est le "je" qui ressent ces diverses affections.Les animaux, à l'égal de l'homme, possèdent ce niveau de conscience et c'est pourquoi on dit qu'ils ont le "sentimentde soi".

En revanche, ils n'ont pas "conscience de soi".

Cette dimension de la conscience est propre à l'homme, c'estla conscience réfléchie.

Cela signifie que la conscience est capable de se saisir elle-même, de se voir elle-même.Ainsi se révèle un moment essentiel de la conscience humaine, le moment de l'aperception.

Il consiste dans cettedécouverte primordiale du sujet sur lui-même, très bien dévoilée par Descartes dans la deuxième méditationmétaphysique : 'je pense, je suis".

Sans déployer de raisonnement logique complexe, le sujet pensant se découvrecomme conscience réfléchie ; l'aperception signifie l'immédiateté consciente de soi à soi, la découverte de soicomme conscience réfléchie, conscience capable de se contempler en se dédoublant, tout en restant absolumentune.

Or, qui dit "immédiat" semble indiquer que l'aperception est une donnée, au sens de ce qui est immédiatementaccessible à l'esprit, sans effort (par opposition avec ce qui est construit, élaboré).

L'aperception serait donc unedonnée, elle se présenterait à nous hors de toute construction théorique.

Et son caractère d'évidence radicale nousincite à aller dans cette direction.

Dans ses Méditations métaphysiques, Descartes souligne la mise à l'écart detoute construction dans le dévoilement du moment de l'aperception.

En effet, au cours de la première méditation, ilécarte successivement les objets des sens, puis les sciences ainsi que toute autre certitude possible.

Puisque tessens sont parfois trompeurs, il se peut qu'ils me trompent toujours, donc je les révoque en doute.

Dès lors, ce àquoi ils me donnaient accès, les objets matériels complexes, deviennent incertains.

Mais peut-être les composantssimples (nombres, figures, mouvements) sont pour leur part dignes de confiances? Dans ce cas, les mathématiquesseraient sauvegardées.

Il n'en est rien.

Car il se pourrait qu'un malin génie me trompe, même dans les connaissancesdémonstratives les plus évidentes.

Mon raisonnement, qui relie les éléments mathématiques pour produire unedémonstration, est peut-être lui aussi induit en erreur.

Or quelle est la seule situation où je pense sans établir deraisonnement? Celle où j'aperçoit (d'où le terme "aperception") avec évidence la vérité.

Et la première de cesévidences, c'est que 'je pense", Descartes dit "cogito" en latin.

Le moment du cogito est ainsi isolé, soustrait àtoute mise en doute et à toute incertitude car il ne repose sur aucune construction rationnelle, sur aucun système(philosophique ou non).

Il n'est pas construit mais se donne dans l'évidence immédiate.

Cependant, tel est leparadoxe de l'évidence qu'elle se donne a celui qui la recherche, à la suite d'un parcours intellectuel.

Aussi le termede donnée risque-t-il de nous induire en erreur.

Il renvoie en effet également à quelque chose de tout fait, soit quecette chose existe déjà dans la nature, soit qu'elle soit admise comme point de départ.

Dans le premier cas, on diraqu'une pierre est "donnée" au sens où elle est simplement là, qu'elle s'impose à nous par sa présence pure et simple.Dans le second, nous renvoyons plutôt aux données mathématiques, par exemple elles correspondent à ce qu'onchoisit d'admettre comme existant ("étant données deux droites parallèles, ...") pour établir ensuite un raisonnementsur cette base.

Comprise ainsi, la donnée n'a pas besoin d'être démontrée ni découverte.

En va4-il ainsi du cogito?Nous est-t-il accessible sans travail? Est-il donné à l'homme en toutes circonstances et dès sa naissance? Ce seraitméconnaître l'ampleur du travail de la pensée dans la découverte de cette intimité qui relie le 'je pense" au 'je suis",le soi avec lui-même.

Car il s'agit déjà d'un itinéraire, d'un parcours difficile et semé d'embûches.

Lorsque Descartesécrit, à la fin de la première méditation.

Mais ce dessein est pénible et laborieux, et une certaine paresse m'entraîneinsensiblement dans le train de ma vie ordinaire.", ce n'est pas une simple formule de rhétorique.

L'effort produit parune conscience qui cherche à se penser elle-même, à se réfléchir, est bien réel.

Aussi, bien que la conscience sedonne dans l'immédiateté, sous la forme de l'aperception, elle n'est pas donnée d'emblée, à n'importe qui etn'importe quand.

Elle se découvre à la suite d'une réflexion intense qui tente d'isoler un moment privilégié,exemplaire.

Ce qui est de l'ordre du donné, ce serait donc plutôt ce qui est Autre que la conscience, son opposé.

La. »

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