Devoir de Philosophie

Darwin et la critique du darwinisme

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

darwin
Darwin et la critique du darwinismeL'explication du transformisme par la sélection naturelle, thèse exposée dans son célèbre ouvrage, L'origine des espèces (1859), a été suggérée à Charles DARWIN (1809-1882) par trois expériences : 1° son voyage sur le vaisseau Beagle et la constatation des différences entre faune et flore insulaires et continentales (archipel des Galapagos, entre autres); 2° la lecture de l'Essai sur les principes de la population de MALTHUS (1766-1834) et de la célèbre loi (dite loi de Malthus) selon laquelle les populations s'accroissent en raison géométrique alors que les ressources ne s'accroissent qu'en raison arithmétique ; 3° la connaissance des résultats obtenus, dans l'horticulture et dans l'élevage, au moyen de la sélection artificielle.

darwin

« En 1831, Darwin, en effet, obtient un poste de naturaliste sur la Beugle, un navire en partance vers les mers du Sudet qui, pendant cinq ans, sillonnera celles-ci.

C'est l'occasion pour lui, ainsi qu'il le rapportera dans l'un de sesouvrages les plus lus, Le Voyage de la Beagle, de découvrir l'Amérique du Sud, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, biend'autres terres encore et surtout, de collecter des spécimens minéraux, végétaux ou animaux d'espèces jusqu'alorsinconnues de la science.Au terme de ce voyage, avec l'acquis de toutes ces connaissances nouvelles accumulées, Darwin est pourtant loinencore d'avoir clairement à l'esprit ce qui deviendra son apport théorique essentiel.

Il est seulement frappé parl'extraordinaire adaptation des espèces à leur environnement, qu'il a pu constater au long de son voyage.

Revenantsur ces faits, laissant les idées mûrir en lui, retardé également par une perpétuelle maladie, Darwin ne publiera sonœuvre majeure, L'Origine des espèces, qu'en 1859.Quel est le contenu de ce texte décisif? Darwin montre que les représentants d'une même espèce sont tous soumisà des variations qui leur sont soit favorables soit défavorables.

La sélection artificielle telle que l'homme la pratiqueconsiste d'ailleurs à encourager la diffusion des variations favorables de manière à améliorer la qualité d'une race.

Onchoisit les meilleurs animaux pour la reproduction, on écarte les autres.

Or, continue Darwin, dans la nature, demanière spontanée, un mécanisme similaire est à l'œuvre.

En effet, dans la lutte pour l'existence qui oppose lesanimaux entre eux, l'individu porteur d'une variation avantageuse l'emportera sur celui affligé d'une variationdésavantageuse : le premier éliminera donc le second et, à terme, sa progéniture survivra seule.

Tel est lemécanisme de la sélection naturelle qui explique l'évolution et la divergence des espèces. Du darwinisme au darwinisme social La tentation était grande, sans doute, d'étendre par analogie la théorie darwinienne du monde animal à la sociétéhumaine.Dans cette lutte pour la vie où seul survit le plus fort et que Darwin avait décrite, ne fallait-il pas lire en fait le plusjuste des tableaux du monde moderne où les individus, pour s'imposer, n'ont pas d'autre alternative que la mise àmort de leur rival ? Marx en faisait d'ailleurs la remarque dans une lettre adressée à Engels en 1862 :« Il est remarquable de voir comment Darwin reconnaît chez les animaux et les plantes sa propre société anglaise,avec sa division du travail, sa concurrence, ses ouvertures de nouveaux marchés, ses inventions et sa malthusiennelutte pour la vie.

»Considéré dans cette perspective, plus fort que Esope ou La Fontaine, Darwin apparaîtrait comme le plus noir et leplus grand des fabulistes.La lecture de Marx visait à découvrir dans le texte de Darwin l'homme derrière l'animal.

Le darwinisme social et lasociobiologie se proposent à l'inverse de retrouver l'animal derrière l'homme.

Il s'agit de montrer, pour Spencer hierou de manière légèrement différente pour Wilson aujourd'hui, que les mécanismes qui régissent la nature sont lesmêmes que ceux qui régissent la société.

Reprenant à Darwin l'idée que l'homme appartient au règne animal, lestenants du «darwinisme social» affirment en effet que la lutte pour la vie et l'élimination des plus faibles par les plusforts sont la règle unique et universelle qui s'impose tout le long de l'échelle du vivant.

Le raisonnement, on le voit,est on ne peut plus simple, qui vise à présenter comme juste pour la société humaine ce qui est naturel dans lemonde animal.

La théorie de l'évolution élaborée par Darwin est donc présentée comme l'irréfutable garantiescientifique qui vient fonder une conception violente, inégalitaire, voire raciste de l'humanité.

C'est la nature mêmequi veut que les individus soient inégaux et que, pour le salut de l'espèce, les plus forts écrasent les plus faibles ! L'effet réversif : anthropologie darwinienne contre darwinisme social Qu'une telle conception soit inacceptable politiquement et moralement est — ou devrait être — une évidence.

Maisce qui importe tout autant, c'est qu'il s'agit d'une imposture scientifique.

En aucun cas, en effet, l'idéologieinégalitaire du darwinisme social n'est en droit de se prévaloir de la scientificité de la découverte darwinienne.Darwin, en effet, n'a jamais prétendu que les lois de la sélection naturelle s'appliquent à l'être humain et à lacivilisation.

Il a même affirmé exactement et en toutes lettres le contraire dans un ouvrage de 1871 intitulé LaDescendance de l'homme.

On y lit notamment :«A mesure que l'homme avance en civilisation et que les petites tribus se réunissent en communautés plusnombreuses, la simple raison indique à chaque individu qu'il doit étendre ses instincts sociaux et sa sympathie à tousles membres de la même nation, bien qu'ils ne lui soient pas personnellement connus.

Ce point atteint, une barrièreartificielle seule peut empêcher ses sympathies de s'étendre à tous les hommes de toutes les nations et de toutesles races.

»Avec ce texte de Darwin qui exalte la solidarité et la fraternité entre les hommes, on est aux antipodes exactes descaricatures habituelles du darwinisme qui visent à présenter celui-ci comme un éloge de la violence et de la lutte.On doit au philosophe Patrick Tort d'avoir mis à jour tout ce versant occulté de l'œuvre darwinienne et d'en avoirproposé une analyse qui ruine toute tentative de faire servir celle-ci à un projet idéologique inégalitaire Dans LaPensée hiérarchique et l'évolution et dans Misère de la sociobiologie, Tort insiste sur ce qu'il nomme 1'«effetréversif».

Celui-ci, décrit par Darwin dans La Descendance de l'homme, consiste en une inversion du processus de lasélection naturelle qui accompagne le développement de l'espèce humaine et l'accès de celle-ci à la civilisation.

Tortexplique ainsi le phénomène :«...la civilisation apparaît naturellement comme l'état au sein duquel la sélection démontre qu'elle s'est, sans avoircessé un instant d'agir sélectivement, renversée progressivement en elle-même, pour favoriser, au lieu de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles