De la mémoire. Lois de la mémoire. Qualités d'une bonne mémoire. Des divers genres de mémoire. De la mnémotechnie. — Des conditions psychologiques de la mémoire. Analyse du souvenir. De la mémoire. — La mémoire est la faculté de conserver les connaissances et de se les rappeler.

« qui agit.

Ainsi la mémoire est toujours accompagnée de la notion du temps.

» (Aristote.) La conviction de l'identité personnelle est une autre condition du souvenir,c'est la croyance que moi qui ai autrefois connu et moi qui me souviensactuellement suis la même personne; par la permanence, la continuité de monexistence, je relie le passé où j'ai vu certain objet avec le présent qui m'enrappelle le souvenir; quand je me rappelle avoir admiré à Florence un tableaude Raphaël, quand je puis compter les mois et les années qui se sont écoulésdepuis cette époque, c'est que j'ai la conscience d'être le même homme qui avu autrefois et qui se souvient aujourd'hui.

«Si deux personnes se sontsuccédé dans l'âme, de la première à la seconde époque, étrangères l'une àl'autre, il sera impossible à celle-ci de retrouver, de se rappeler les idées decelle-là.

» Royer-Collard a donc eu raison de dire : a On ne se souvient pasdes choses, on ne se souvient que de soi-même.

» Analyse du souvenir.

— Il y a plusieurs degrés dans la mémoire.1° Le souvenir proprement dit est l'acte parfait de la mémoire; c'est uneconnaissance antérieurement acquise qui se représente à nous avec nettetéet avec la conscience claire de toutes les conditions qui ont accompagnécette acquisition.2° La réminiscence est un souvenir vague, incomplet : un air que nouschantons entre les dents sans savoir où nous l'avons entendu et quel en estl'auteur, l'idée que nous avons vu ailleurs une personne que nous rencontrons, une pensée qui nous revient à l'espritsans que nous puissions dire dans quel ouvrage ni à quelle époque nous l'avons lue, tous ces faits sont desréminiscences.

— Platon prenait ce mot dans un sens tout particulier; pour lui nos idées de la vie actuelle sont dessouvenirs vagues d'une existence antérieure dans laquelle notre âme a contemplé le beau, le vrai, le bien, etc.3.

La conception est un souvenir inconscient, lorsque nous reproduisons une idée sans la conscience de l'avoir eue.L'objet que l'on conçoit n'est pas nouveau, mais on ne le reconnaît pas.

Beaucoup d'auteurs qui s'approprient lespensées d'autrui ne commettent souvent que d'innocents plagiats.

Quand La Fontaine écrivait ces mots charmants,« goûter l'ombre et le frais, = peut-être en ce moment-là n'avait-il pas conscience qu'il imitait le « frigus captabisopacum, de Virgile ; et ce qu'il prenait pour une idée originale n'était sans doute qu'un souvenir inconscient.. »