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De la Perception extérieure.

Publié le 15/06/2011

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perception

I. Le fait de la perception extérieure, considéré en général , présente : 1° L'impression des organes, des nerfs, du cerveau : première condition; 2° L'attention instinctive ou volontaire : deuxième condition; 3° La perception de l'impression de l'organe et la perception d'une certaine qualité des corps, avec plaisir ou douleur : c'est la part de l'expérience ; 4° Les idées nécessaires de cause, de substance, de temps, d'espace , suggérées par la perception et la complétant : c'est la part de la raison. Telle est la loi constante de la perception extérieure. Nous allons passer en revue les cinq sens, soit pour y remarquer l'application de cette loi générale, soit pour tenir compte des particularités que chacun d'eux peut offrir. (Voir Reid, Essai sur l'Entendement humain.)

perception

« 4.

Sous ces quatre rapports, la variété des sons est prodigieuse.

Dans les tons musicaux ou déterminés, l'oreilleperçoit nettement 8 octaves et demie, chacune de douze demi-tons ou de trente comma (cinquième de ton).

Lestons faibles et forts se trouvent placés sur une échelle aussi vaste, depuis le bruit d'une feuille que le vent remuejusqu'à celui d'un canon.

Le timbre est varié d'une manière plus extraordinaire encore.

Non-seulement il y abeaucoup d'espèces différentes d'instruments, mais les instruments de même espèce diffèrent entre eux; il n'y a pasdeux violons qui se ressemblent, pas deux voix, etc., etc.

Enfin, les variétés d'articulation sont la source deslangues et des mots innombrables qui les composent, etc. IV.

Du sens du Toucher. 1.

L'odorat, le goût et l'ouïe nous révèlent chacun une seule qualité des corps; le toucher nous en révèle plusieursqu'on peut réduire aux suivantes : le chaud et le froid, le dur et le mou, le raboteux et le poli, la figure, la solidité, lemouvement et l'étendue.2.

De ces diverses qualités, le chaud et le froid sont les seules que nous percevions quelquefois sans toucher lecorps; toutes les autres sont connues par le contact immédiat.

Nous percevons donc alors l'impression de l'organeet la qualité du corps comme ayant lieu dans le même endroit.

Quelques philosophes ont cru d'après cela que nousne percevions que l'impression, et comme ils appelaient cela sentir, que d'ailleurs ils appelaient aussi sentir le faitd'éprouver du plaisir et de la douleur, et que le plaisir et la douleur sont des états de l'âme, des sensations, ils ensont venus à dire que par le toucher nous ne connaissions que nos propres sensations ; enfermés dans ce cercle ,ils n'ont plus pu arriver aux corps et il leur a fallu avancer cette proposition étrange : La dureté et l'étendue sontdes sensations de l'âme.Reid , qui a combattu au nom du bon sens tous les paradoxes des philosophes antérieurs, n'a démêlé encorequ'imparfaitement la vérité sur ce point.

Les autres n'avaient vu qu'un fait, la sensation; il en a aperçu deux, lasensation et la perception de la qualité du corps; mais il a encore laissé la perception de l'impression confondueavec la sensation.

De là le demi-mécontentement que ses longues explications laissent encore.4.

Or, dans l'usage du toucher, et du contact immédiat, nous percevons toujours deux choses, et dans le mêmepoint de l'étendue, savoir : 1° l'impression de l'organe (qu'on dit aussi que nous sentons, et de là l'équivoque); 2°les qualités du corps.

Jamais la seconde de ces perceptions ne va sans la première, qui en est la condition ; mais lesdeux choses perçues n'en sont pas moins radicalement différentes '.5.

En général, pour ce qui concerne le sens du toucher, on peut dire : 1° qu'il est indispensable de sentir l'impressionde l'organe pour percevoir les qualités des corps, et qu'ainsi cette impression est comme le signe de ces qualités;mais ce signe n'a aucun rapport avec la chose signifiée, et si, de prime abord, nous n'en savions fairel'interprétation, nous ne la ferions jamais; 2° que c'est par conséquent une science merveilleuse que celle parlaquelle nous concluons si sûrement et si clairement du signe à la chose ; 3° qu'une seule impression sentie peutnous faire connaître plusieurs qualités à la fois ; lorsque , par exemple, je passe la main sur un corps qui se meut, jeperçois tout à la fois : 1° la résistance du corps, 2° celle de ma main , 3° la forme du corps , 4° celle de ma main ,5° le poli du corps, 6° celui de ma main, 7° le mouvement du corps, 8° le mouvement de ma main, 9° la températuredu corps, 10° à quoi l'idée d'espace et celle de temps se joignent comme compléments nécessaires. V.

Du sens de la Vue. I.

La vue, après un certain temps d'exercice, nous conduit à déterminer : 1° les mêmes qualités que le sens dutoucher, mais avec plus de précision et sans la condition du contact immédiat ; 2° et en outre les couleurs.2.

Chacun sait combien les données de la vue fournissent de résultats précieux ; soit I° immédiatement, dansl'appréciation des formes, des distances, des positions relatives, du nombre, des mesures, etc.

; soit 2° dans lesconséquences que nous tirons de ces données pour nos rapports journaliers avec les corps, pour la navigation, pourl'astronomie, etc.; soit 3° dans nos rapports intellectuels avec nos semblables, et surtout l'écriture, la lecture, etc.3.

Mais il s'en faut de beaucoup que le sens de la vue nous fournisse dès le principe les notions que nous recevonsaujourd'hui de lui avec tant de facilité.

On peut se convaincre, au contraire, que l'exercice de ce sens est uneinterprétation continuelle de certains signes qui ne ressemblent point du tout aux choses que nous en déduisons, etque cette interprétation constitue une sorte de science très-compliquée.Nous allons mettre sur la voie des réflexions à faire sur ce sujet; elles sont très-propres à remplir l'espritd'étonnement et d'admiration.4.

Un aveugle-né, qui tout d'un coup acquerrait le sens de la vue, verrait-il ce que nous voyons ? Il s'en faut, pourainsi dire, du tout au tout.

Il apercevrait 1° certaines couleurs, 2° certaines figures planes, voilà tout ; ces couleurset ces figures planes ne seraient pour lui dans aucun lieu déterminé, et son premier mouvement, comme on le saitpar les expériences qui ont été faites, serait de les reporter au globe même de l'oeil où il les chercherait avec lamain.5.

Le travail de la localisation convenable des couleurs et des formes est considérable dans l'origine; il ne se faitqu'avec de longs tâtonnements et par le secours du toucher.

Plus tard, le toucher n'est plus nécessaire et la vuefinit même par donner des évaluations beaucoup plus précises que celles de l'autre sens son instituteur.6.

Mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que les couleurs apparentes et les figures apparentes ne sont pointles couleurs réelles, les figures réelles que nous en concluons, et qu'elles ne leur ressemblent jamais entièrement.

Eneffet, placez un corps à diverses distances, ses nuances changent de place en place, cependant nous affirmonsqu'il a toujours la même couleur; sa figure apparente varie également de place en place, niais nous lui attribuons. »

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