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DES CHOSES QUI DÉPENDENT DE NOUS ET DE CELLES QUI N'EN DÉPENDENT PAS (selon Épictète)

Publié le 06/02/2011

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Que dit Zeus ? « Épictète, si je l'avais pu, j'aurais créé libres et sans entraves même ton petit corps, même ton petit bien. Mais, songes-y bien, ce corps n'est pas à toi, c'est de l'argile joliment pétrie. Comme je ne le pouvais pas, je t'ai fait don d'une parcelle de ce qui est à nous, cette puissance de vouloir et de ne pas vouloir, de rechercher et d'éviter et, en général, le pouvoir d'user des représentations ; tant que tu le mets en pratique et que tu mets en lui ce qui est à toi, tu rie trouveras ni empêchement ni obstacle, tu ne gémiras pas, tu ne feras pas de reproches, tu ne seras le flatteur de personne... Quoi ! cela te paraît peu de chose ? — Bien loin de là ! — Cela donc te suffit ? — Je prie les dieux qu'il en soit ainsi .«    Tandis que nous pourrions n'avoir qu'une seule occupation, qu'un seul attachement, nous préférons des occupations multiples, nous nous lions à bien des choses, à notre corps, à nos biens, à un frère, à un ami, à un enfant, à un esclave ; liés à tant de choses, nous sommes alourdis et entraînés par elles ; le temps est-il défavorable à la navigation, nous sommes assis, l'esprit tendu, nous nous penchons continuellement : Quel vent fait-il ? — Un vent du nord. Qu'avons-nous à faire de lui ? — Quand le Zéphyr va-t-il souffler ? — Quand cela lui plaira, mon cher, à lui ou à Éole ; ce n'est pas toi que Dieu a fait répartiteur des vents, c'est Éole. Quoi donc ! Il faut disposer au mieux ce qui dépend de nous, et user des autres choses comme elles sont. — Comment sont-elles ? — A la volonté de Dieu.    — Veut-il donc maintenant que je sois seul à être décapité ? — Eh quoi ! voudrais-tu, pour te consoler, que tout le monde soit décapité ? Ne veux-tu pas tendre le cou comme Latéranus ? Il devait avoir la tête tranchée sur l'ordre de Néron ; il tendit la tête et reçut le coup ; mais, comme le coup était trop faible, il se retira un peu ; puis il la tendit à nouveau.    Que faut-il donc avoir présent à l'esprit en pareilles circonstances ? Quoi, sinon la distinction entre ce qui est mien et ce qui n'est pas mien, entre ce qui m'est possible et ce qui ne m'est pas possible ? Je suis forcé de mourir mais non en gémissant ; d'aller en prison, mais non en me lamentant ; de subir l'exil ; mais qui empêche que ce soit gaiement et de bonne humeur ? « Dis-moi tes secrets — Non, cela dépend de moi — Mais je te chargerai de liens — Que veux-tu dire ? Moi ! ce sont mes jambes que tu attacheras ; Zeus lui-même ne peut dominer ma volonté.

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