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Descartes-Méditations

Publié le 14/01/2013

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LECTURE et EXPLICATION des Méditations métaphysiques De René DESCARTES TRAVAIL LINEAIRE des trois premières méditations et de quelques passages des suivantes réalisé directement à partir de la version numérique de l'oeuvre PREMIERE MEDITATION 2 Des choses que l'on peut révoquer en doute (titre original de la première méditation). Situation historique et épistémologique Eléments biographiques : Le pouvoir de notre entendement est limité, notre nature est imparfaite. Comment sortir de l'erreur ? Faudra-t-il faire l'étude de toutes les erreurs possibles ? Le doute doit être radical, c'est-à-dire s'attaquer à la racine de toutes nos connaissances. Fonction méthodologique de l'argument du rêve : La Raison elle-même fait donc l'objet d'un doute. Pourquoi ? Parce que la raison n'a de garantie que divine, or l'existence de Dieu n'est qu'une opinion. Dieu peut-il être trompeur ? Descartes préfère imaginer un mauvais génie pour éviter le débat sur Dieu. MEDITATION SECONDE 1. 2. 3. 4. 2 2 3 4 4 5 5 7 10 10 11 12 14 Sortir du doute : il faut que le doute soit provisoire. Mais aussitôt se pose nouvelle question : Qu'est ce que je suis, moi qui suis certain que je suis ? Qu'est-ce que le corps et qu'est-ce que l'âme ? Suis-je un corps ou une âme ? Je suis une chose qui pense. MEDITATION TROISIEME MEDITATION QUATRIEME 14 17 17 19 23 42 Du vrai et du faux 42 MEDITATION CINQUIEME MEDITATION SIXIEME 47 51 ? POUR CEUX QUI VEULENT APPROFONDIR : Ici se trouve le passage où Descartes établit le rapport entre mathématiques et nature et où il pose à nouveau la distinction entre qualités premi ères et secondes. 1 57 Premiière Médiitatiion Prem ère Méd tat on --------------------------------------------------- Des choses que ll'on peutt révoquer en doutte (titre original de la première méditation). Des choses que 'on peu révoquer en dou e Il y a déjà quelque temps que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j'avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j'ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que fort douteux et incertain ; de façon qu'il me fallait entreprendre sérieusement une fois en ma vie de me défaire de toutes les opinions que j'avais reçues jusque alors en ma créance, et commencer tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences. L'objectif est posé : trouver un fondement irréfutable pour les sciences, pourquoi cette recherche est-elle nécessaire ? Siittuattiion hiisttoriique ett épiisttémollogiique S ua on h s or que e ép s émo og que Descartes vit au 17è siècle : le savoir est détenu par l'Eglise et il est hérité, pour l'essentiel de trois sources : La Bible, Aristote, Ptolémée, Saint Thomas d'Aquin et évidemment la géométrie euclidienne1. La Bible définit ou circonscrit le savoir historique : l'origine de l'humanité c'est Adam et Eve. L'histoire du monde est celle de la Bible. Elle est le repère incontestable auquel tous les autres savoirs doivent se rattacher. Aristote est certainement la source la plus authentiquement scientifique ; Philosophe Grec, disciple de Platon, il aura légué une somme importante d'ouvrages et d'études de la politique, de la nature et de métaphysique. Il est aussi le père de la logique formelle, dont les principes sont encore valables à ce jour. Descartes ne remettra pas en question les acquis d'Aristote en logique. Toutefois il remet ici en cause l'idée qu'il ait achevé de fonder les sciences. Aristote fait partie de ces références dogmatiques de son époque. Saint Thomas a tenté de mettre la raison au service de la foi, de concilier les recherches d'Aristote et la Bible. Il est donc la pierre angulaire du savoir de l'époque. Descartes a été élevé et instruit par les jésuites de La Flèche. A ce titre il est totalement imprégné de cette culture greco-chrétienne. Ce qu'il propose ici de faire c'est rien moins que de faire table rase de tout cet héritage culturel. Pourquoi ? Il y a déjà quelque temps que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j'avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j'ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que fort douteux et incertain Le procès que fait ici Descartes à ce même héritage est très virulent : en effet il remet directement en cause la capacité de l'enseignement d'alors à élaborer quelque connaissance que ce soit ! Ajoutons que l'expression « dès mes premières années « révèle que la remise en question n'est pas seulement celle d'un enseignement, mais déjà du monde dans lequel il est né. Ce monde c'est celui du 17ème siècle, certes, mais c'est aussi la nature tout entière. Notons toutefois que ce sont bien les fausses opinions alors « reçues pour véritables « qu'il remet en cause. Donc tout de même et surtout les IDEES de l'époque. Euclide, mathématicien grec qui aurait vécu au IIIe s. av. J. -C. à Alexandrie. Ses Éléments constituent une vaste synthèse des mathématiques grecques de son époque. 1 2 La critique n'est pas des moindres et ceci explique certainement le propos qui suit dans le § suivant. Mais cette entreprise me semblant être fort grande, j'ai attendu que j'eusse atteint un âge qui fût si mûr, que je n'en pusse espérer d'autre après lui, auquel je fusse plus propre à l'exécuter ; Cette phrase peut s'interpréter de deux manières : le contexte peut rendre raison de ce propos : Descartes est pris sous la protection du pouvoir Néerlandais. Ce qui ne fut pas le cas dans sa jeunesse. A l'évidence les circonstances lui permettent enfin d'exercer son jugement comme il l'entend. Ellémentts biiographiiques :: E émen s b ograph ques Des études au collège des jésuites de La Flèche (1606-1614), où il se lia avec Mersenne, un diplôme de bachelier et une licence en droit (1616), une instruction militaire en Hollande (sous la direction de Maurice de Nassau, prince d'Orange), après laquelle Descartes s'engagea dans les troupes du duc de Bavière, et des voyages en Europe, telle fut la formation de ce gentilhomme de petite noblesse qui consacra le reste de sa vie aux sciences et à la philosophie. Après un séjour à Paris (1625-1628), où il mena une vie mondaine tout en rédigeant les Règles pour la direction de l'esprit (1628), il s'installa en Hollande. La condamnation de Galilée (1633) le fit renoncer par prudence à publier son Traité du monde ; mais le Discours de la méthode et les trois essais qui en sont l'application (Dioptrique, Météores et Géométrie) parurent en 1637, suivis des Méditations métaphysiques (1641), des Principes de philosophie (1644), dédiée à Elisabeth de Bohême avec qui il correspondait, et des Passions de l'âme (1649). Il revint trois fois en France (en 1647 il y rencontra Pascal) avant de se rendre en Suède à la demande de la reine Christine (fin 1649). Il y mourut d'une pneumonie peu après son arrivée (début 1650) ; son corps fut ramené en France en 1667. ce qui m'a fait différer si longtemps, que désormais je croirais commettre une faute, si j'employais encore à délibérer le temps qu'il me reste pour agir. Il faut aussi ajouter que Descartes avait une santé fragile. A sa naissance les médecins ne lui donnaient pas 20 ans à vivre. Il vécut jusqu'à l'âge de 54 ans. Maintenant donc que mon esprit est libre de tous soins, et que je me suis procuré un repos assuré dans une paisible solitude, je m'appliquerai sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes mes anciennes opinions. Sous la protection de la souveraineté Néerlandaise il peut désormais se consacrer à ses recherches comme il le souhaite. Il faut comprendre ici que selon Descartes le savoir ne peut s'élaborer sous la contrainte. A cet égard il se rapproche de son successeur, Spinoza, pour qui la liberté civile était indispensable à la connaissance. Son travail peut donc commencer, les conditions sont réunies. En quoi consiste ce travail ? Certes, comme il vient de le mentionner il s'agit de remettre en cause toutes les opinions reçues. Mais un problème se pose ici : Or il ne sera pas nécessaire, pour arriver à ce dessein, de prouver qu'elles sont toutes fausses, de quoi peut-être je ne viendrais jamais à bout ; 3 En effet il ne peut étudier individuellement chacune des opinions qu'il a reçues et toutes les idées qu'il croit vraies. Cela est tout simplement impossible Le pouvoiir de nottre enttendementt estt lliimiitté,, nottre natture estt iimparfaiitte.. Le pouvo r de no re en endemen es m é no re na ure es mparfa e C'est une idée récurrente chez Descartes : Quatrième méditation : « (...) ma nature est extrêmement faible et limitée « « Car, par exemple, si je considère la faculté de concevoir qui est en moi, je trouve qu'elle est d'une fort petite étendue, et grandement limitée, et tout ensemble je me représente l'idée d'une autre faculté beaucoup plus ample, et même infinie (...) « Autrement dit cette première méditation pose un enjeu méthodologique : comment contourner notre imperfection ? De là découle un objectif clairement annoncé : si l'on veut contourner notre imperfection c'est afin de perfectionner nos connaissances. Assumer le caractère fini revient ici à se donner les moyens d'une évolution exponentielle de notre savoir : il s'agit clairement de s'arracher à cette nature finie. Mais est-ce seulement possible ? Cela signifie-t-il que pour Descartes nous devons aller au delà de notre nature ? Dépasser nos capacités limitées ? N'est-ce pas là aller contre la volonté de Dieu ? A son époque la question est d'importance car cela peut rapidement relever de ce que l'on nomme le péché d'orgueil. Sixième méditation : « l'homme, étant d'une nature finie, ne peut aussi avoir qu'une connaissance d'une perfection limitée. « Commentt sorttiir de ll'erreur ? Commen sor r de 'erreur ? Si, comme le dit Descartes, notre pouvoir de connaissance est limité et imparfait ? Comment espérer atteindre la vérité dans ces conditions ? La raison humaine est imparfaite mais elle a au moins une qualité : la connaissance du faux. Si l'esprit humain ne peut pas connaître la vérité de toute chose il peut toutefois reconnaître ce qui est faux et, a fortiori, tout ce qui est susceptible d'être faux : l'esprit, à défaut de connaître, peut douter. Or ce doute c'est déjà un savoir : je peux en effet être certain de tout ce qui est susceptible de m'induire en erreur ; je peux identifier les sources de l'erreur. C'est donc bien à partir de nos capacités naturelles que l'on va tenter d'atteindre la vérité. Il ne s'agit donc pas, évidemment, d'espérer davantage que ce qui est possible. C'est pourquoi il affirme juste après : mais, d'autant que la raison me persuade déjà que je ne dois pas moins soigneusement m'empêcher de donner créance aux choses qui ne sont pas entièrement certaines et indubitables, qu'à celles qui nous paraissent manifestement être fausses, Mais alors comment ne pas se perdre dans la série infinie des expériences ? 4 Faudra-tt-iill faiire ll'éttude de ttouttes lles erreurs possiiblles ? Faudra- - fa re 'é ude de ou es es erreurs poss b es ? Assurément il lui faut trouver une méthode radicale, c'est-à-dire qui remonte à la racine de toutes nos connaissance afin de pouvoir toutes les remettre en cause d'un seul geste. Le doute est donc méthodique et radical. le moindre sujet de douter que j'y trouverai, suffira pour me les faire toutes reje ter. Et pour cela il n'est pas besoin que je les examine chacune en particulier, ce qui serait d'un travail infini ; mais, parce que la ruine des fondements entraîne nécessairement avec soi tout le reste de l'édifice, je m'attaquerai d'abord aux principes, sur lesquels toutes mes anciennes opinions étaient appuyées. Le doutte doiitt êttre radiicall,, c''estt-à-diire s'attttaquer à lla raciine de ttouttes nos Le dou e do ê re rad ca c es -à-d re s'a aquer à a rac ne de ou es nos connaiissances.. conna ssances Quels sont alors ces principes ou racines de nos connaissances ? Ce sont les sens, l'opinion et la raison. Première origine de nos connaissances : Les sens. Tout ce que j'ai reçu jusqu'à présent pour le plus vrai et assuré, je l'ai a ppris des sens, ou par les sens : or j'ai quelquefois éprouvé que ces sens étaient trompeurs, et il est de la prudence de ne se fier jamais entièrement à ceux qui nous ont une fois trompés. Il suffit qu'un seul de mes sens m'ait induit une seule fois en er reur pour que je puisse remettre en cause tout ce qui provient des sens. En effet si je recherche une vérité indubitable, il va de soi que je ne peux lui donner pour fondement quelque chose de faillible : rappelons que Descartes prend la mesure de notre faillibilité et que ce qu'il veut c'est y substituer une méthode qui permette de combler nos lacunes naturelles. ? Le doute est donc radical et méthodique. Ajoutons qu'il se fonde sur une règle de PRUDENCE SCEPTIQUE comme l'indique le présent passage. Il faut comprendre ici que le point de départ de Descartes c'est l'acceptation d'un état préalable d'ignorance : c'est parce que je sais que je suis ignorant que je ne peux pas savoir si mes sens me trompent toujours ou bien seulement parfois et sous certaine s conditions. A défaut de savoir quand mes sens sont trompeurs et quand ils ne le sont pas et sous quelles conditions ils le sont ou pas, je préfère donc ne jamais poser que quelque connaissance puisse provenir de ceux -ci. Ainsi je suis certain d'éloigner toute erreur qui pourrait en provenir. Autrement dit, même si nous faisions l'étude de chacune de nos sensations, afin d'y trouver les erreurs qui s'y sont nichées, même si nous avions un loisir infini à consacrer à cet exercice, nos facultés ne nous fournissent rien qui nous permette de nous assurer avoir bien décelé toutes les erreurs qui s'y trouveront. Donc quoi qu'il en soit toutes nos sensations doivent être remises en cause, car nous ne sommes pas capables de procéder autrement pour arriver à notre fin : la vérité ou du moins la certitude de ne pas être dans l'erreur. Il y a donc là une thèse épistémique et anthropologique : le scepticisme n'est pas seulement une philosophie parmi d'autres ni une attitude singulière : bien au contraire, le scepticisme est immanent à toute recherche de vérité ; ce qui est un paradoxe, en apparence, car le sceptique est celui qui pense qu'il n'y a pas de vérité, aucune certitude possible. Seulement dès qu'il dit cela le sceptique approche d'une vérité fondamentale : la pensée ne peut pas ne pas douter si elle veut se prémunir contre l'erreur. Parce que l'homme est imparfait et fini, il ne peut que douter de ses connaissances. Pour connaître il va falloir, qu'on le veuille ou non, douter. 5 Quelles sont les conséquences de ce doute ? Jusqu'où la remise en cause de nos sens nous conduit-elle ? Mais, encore que les sens nous trompent quelquefois, touchant les choses peu sensibles et fort éloignées, il s'en rencontre peut-être beaucoup d'autres, desquelles on ne peut pas raisonnablement douter, quoique nous les connaissions par leur moyen : par exemple, que je sois ici, assis auprès du feu, vêtu d'une robe de chambre, ayant ce papier entre les mains, et autres choses de cette nature. Et comment est-ce que je pourrais nier que ces mains et ce corps-ci soient à moi ? Cf. Platon. République VII 523 d « Un doigt (...) cela ne change rien qu'on le voie au milieu ou au bord, qu'il soit blanc ou noir, qu'il soit gros ou mince, et tout ce qui est de cet ordre. En effet, dans tous ces cas, l'âme de la plupart des hommes n'est "pas contrainte à demander à l'intelligence ce que peut bien être un doigt. Jamais en effet la vue ne lui a signifié simultanément qu'un doigt fût le contraire d'un doigt. « Quant à la grandeur et à la petitesse je me réfère à deux quantités qui ne se règlent pas à l'intérieur des sens. Un doigt vu de loin n'a pas la même taille qu'un doigt vu de près. Il faut faire appel à l'intelligence et à la géométrie pour comprendre pourquoi je le vois petit de loin et gros de près. Les mathématiques en tant que première faculté de l'intellect par rapport au sensible sont susceptibles de me faire sortir de l'illusion. C'est pour cela qu'elles sont premières dans l'éducation selon Platon. Ici Descartes se rapporte à la même idée : comment pourrais-je nier que que je sois ici, assis auprès du feu, vêtu d'une robe de chambre ? Il faudrait être fou, nous dit Descartes juste ensuite, pour douter de cela. C'est du moins ce que nous pouvons penser spontanément. si ce n'est peut-être que je me compare à ces insensés, de qui le cerveau est tellement troublé et offusqué par les noires vapeurs de la bile, qu'ils assurent constamment qu'ils sont des rois, lorsqu'ils sont très pauvres ; qu'ils sont vêtus d'or et de pourpre, lorsqu'ils son t tout nus ; ou s'imaginent être des cruches, ou avoir un corps de verre. Mais quoi ? ce sont des fous, et je ne serais pas moins extravagant, si je me réglais sur leurs exemples. Toutefois Descartes doit finalement prolonger le doute jusqu'à remettre en c ause toute perception, même les perceptions les plus évidentes. L'exemple du sommeil et du rêve nous enseigne en effet que nous pouvons à tout instant être en train de rêver et prendre pour réel ce qui ne l'est pas, sans être fou pour autant : car si nous sommes capables dans un rêve de se croire éveillés alors que nous dormons, rien ne nous interdit dès lors de supposer qu'en ce moment même nous sommes en train de rêver. Toutefois j'ai ici à considérer que je suis homme, et par conséquent que j'ai coutum e de dormir et de me représenter en mes songes les mêmes choses, ou quelquefois de moins vraisemblables, que ces insensés, lorsqu'ils veillent. Combien de fois m'est-il arrivé de songer, la nuit, que j'étais en ce lieu, que j'étais habillé, que j'étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu dedans mon lit ? Il me semble bien à présent que ce n'est point avec des yeux endormis que je regarde ce papier ; que cette tête que le remue n'est point assoupie ; que c'est avec dessein et de propos délibéré que j'étends cette main, et que je la sens : ce qui arrive dans le sommeil ne semble point si clair ni si distinct que tout ceci. Mais, en y pensant soigneusement, je me ressouviens d'avoir été souvent trompé, lorsque je dormais, par de semblables illusions. Et m'a rrêtant sur cette pensée, je vois si manifestement qu'il n'y a point d'indices concluants, ni de marques assez certaines par 6 où l'on puisse distinguer nettement la veille d'avec le sommeil, que j'en suis tout étonné ; et mon étonnement est tel, qu'il est presque capable de me persuader que je dors. Foncttiion métthodollogiique de ll'argumentt du rêve :: Fonc on mé hodo og que de 'argumen du rêve le fait du rêve fournit une raison de douter même des perceptions arrivant dans les meilleures conditions, et pour un sujet normal : on peut même douter de nos meil leures perceptions, celles qui apparaissent être les plus fiables, en montrant que certains rêves sont tellement réalistes, si apparemment authentiques, qu'ils sont, pendant qu'ils arrivent, impossibles à distinguer de l'expérience éveillée (les images du rêve ne se donnent pas elles-mêmes comme "images de rêve", si bien que la différence entre la veille et le rêve devient impossible à déterminer; donc : il n'y a peut-être que du rêve, des illusions). L'idée est que pour savoir si on doit faire confiance à nos sens, on choisit la situation représentative de la meilleure position qu'on peut avoir dans la connaissance des choses au sujet du monde extérieur; et s'il est impossible pour lui, dans cette condition, de savoir s'il est assis près du feu, alors, il sera impossible de connaître quelque chose du monde sur la base des sens dans d'autres situations. Or : il pense que pour connaître qu'il est assis près du feu, il doit savoir qu'il n'est pas en train de rêver qu'il est assis près du feu. Savoir qu'on ne rêve pas = condition nécessaire pour connaître quelque chose au sujet du monde. Et, comme cette condition n'est pas remplie, il conclut qu'il ne connaît rien du monde. Argument : (1) j'ai parfois eu des rêves vifs qualitativement semblables à mes meilleure s perceptions (éveillées) (2) si (1), alors, je ne peux distinguer avec certitude entre mes meilleures perceptions et les rêves vifs (3) étant donné (2) et (1) je ne peux distinguer avec certitude entre mes meilleures perceptions et les rêves vifs (4) si (3) alors mes meilleures perceptions ne fournissent aucune certitude (5) même mes meilleures perceptions ne fournissent aucune certitude (de (3) et (4)) Donc : même quand ils fonctionnent au mieux, les sens ne peuvent donner accès à la certitude. Mais, le sens commun a d'autres ressources que celles mises en oeuvre jusqu'ici! Puisque pas de procédure fiable permettant d'atteindre la certitude quant à existence des objets physiques, il se tourne vers celle concernant les éléments dont les objets physiques son t composés. Supposons donc maintenant que nous sommes endormis, et que toutes ces particularités-ci, à savoir, que nous ouvrons les yeux, que nous remuons la tête, que nous étendons les mains, et choses semblables, ne sont que de fausses illusions ; et pensons que peut-être nos mains, ni tout 7 notre corps, ne sont pas tels que nous les voyons. Toutefois il faut au moins avouer que les choses qui nous sont représentées dans le sommeil, sont comme des tableaux et des peintures, qui ne peuvent être formées qu'à la ressemblance de quelque chose de réel et de véritable ; et qu'ainsi, pour le moins, ces choses générales, à savoir, des yeux, une tête, des mains, et tout le reste du corps, ne sont pas choses imaginaires, mais vraies et existantes. Car de vrai les peintres, lors même qu'ils s'étudient avec le plus d'artifice à représenter des sirènes et des satyres par des formes bizarres et extraordinaires, ne leur peuvent pas toutefois attribuer des formes et des natures entièrement nouvelles, mais font seulement un certain mélange et composition des membres de divers animaux ; ou bien, si peut-être leur imagination est assez extravagante pour inventer quelque chose de si nouveau, que jamais nous n'ayons rien vu de semblable, et qu'ainsi leur ouvrage nous représente une chose purement feinte et absolument fausse, certes à tout le moins les couleurs dont ils le composent doivent-elles être véritables. Et par la même raison, encore que ces choses générales, à savoir, des yeux, une tête, des mains, et autres semblables, pussent être imaginaires, il faut toutefois avouer qu'il y a des choses encore plus simples et plus universelles, qui sont vraies et existantes ; du mélange desquelles, ni plus ni moins que de celui de quelques véritables couleurs, toutes ces images des choses qui résident en notre pensée, soit vraies et réelles, soit feintes et fantastiques, sont formées. De ce genre de choses est la nature corporelle en général, et son étendue ; ensemble la figure des choses étendues, leur quantité ou grandeur, et leur nombre ; comme aussi le lieu où elles sont, le temps qui mesure leur durée, et autres semblables. Descartes montre ainsi que même si nous ne pouvons être certains que nous sommes en train de percevoir la réalité, plutôt que d'avoir un rêve vif, nous pouvons au moins être sûrs que les images que nous avons dans nos rêves sont dérivées de la réalité (hypothèse contenant l'origine des rêves : leur contenu, bien qu'illusoire, doit être basé sur la réalité, et doit contenir quelque degré correspondant à la réalité). Ensuite, il dit que les images du rêve n'ont pas besoin de correspondre à quelque chose de réel : il n'y a peut-être pas de monde du tout! Peut-être que je crois seulement qu'il y a des choses physiques, alors qu'il n'y a rien de tel. Et je ne peux pas savoir que c'est le cas, car, par hypothèse, toutes mes expériences perceptives seraient exactement les mêmes. Descartes concède ici que, alors que les nombreux objets variés que nous semblons percevoir dans les rêves peuvent n'avoir pas de contre-partie dans la réalité, on doit au moins admettre que certaines choses plus simples et plus universelles sont vraies (figure, place, etc.) Chaque fois, on bute donc sur quelque chose qui, au moins, devrait être certain; et chaque fois, Descartes va plus loin dans le doute C'est pourquoi peut-être que de là nous ne conclurons pas mal, si nous disons que la physique, l'astronomie, la médecine, et toutes les autres sciences qui dépendent de la considération des choses composées sont fort douteuses et incertaines ; mais que l'arithmétique, la géométrie, et les autres sciences de cette nature, qui ne traitent que de choses fort simples et fort générales, sans se mettre beaucoup en peine si elles sont dans la nature, ou si elles n'y sont pas, contiennent quelque chose de certain et d'indubitable. Car, soit que je veille ou que je dorme, deux et trois joints ensemble formeront toujours le nombre de cinq, et le carré n'aura jamais plus de quatre côtés ; et il ne semble pas possible que des vérités si apparentes puissent être soupçonnées d'aucune fausseté ou d'incertitude. 8 Pour résumer : si les sens font l'objet d'un doute radical toutefois les éléments les plus simples et généraux semblent indubitables : Les sciences devraient donc toujours aller au plus simple, et plus un domaine de connaissance se complexifie plus il est suspect. Maintenant j'aimerais que l'on s'arrête un instant sur une phrase, centrale dans ce passage : Qui ne traitent que de choses fort simples et fort générales Qu'est-ce qu'une chose simple ? C'est ce qui ne se peut voir rien retranché. Ce à quoi on ne peut rien retirer. Est simple ce qui est premier, ce en deçà de quoi on ne peut aller. La tradition intellectuelle du 17e définissait la nature comme composée d'éléments simples et indivisibles. Démocrite, dès le IV° siècle avant J.C., parlait d'atomes (du grec atomos = ce qu'on ne peut diviser, a privatif ) et il est vrai qu'à l'époque de Descartes avec les progrès de l'optique les savants découvrent l'infiniment grand et l'infiniment petit. Si bien q ue l'on se doute, tel Locke un peu après Descartes, que la nature est composée d'atomes, d'éléments premiers et simples de la nature. Comprendre les lois de ces atomes reviendrait à comprendre la matière. Ici Descartes n'est pas atomiste. Les choses simples dont ils parlent ne sont pas simples et particulières (chaque atome est une entité particulière) mais les choses simples et générales. Alors de quoi parle-t-il ? Nous savons que 2 et 3 feront toujours 5 et que tout ce que nous percevons est quelque chos e d'étendu : c'est-à-dire qui a une qualité (couleur, dureté, mollesse etc.), une quantité (nombre, grandeur), un lieu et un temps. Il ne s'agit pas de savoir si la taille de l'objet perçu est bien celle que nous percevons, mais de comprendre qu'il y a toujours une certaine taille, de même qu'une certaine qualité des choses, dans le temps et dans l'espace. Autrement dit, vous le voyez bien, lorsque Descartes parle de ne traiter que de choses fort simples il ne s'agit pas des éléments de la matière mais des constantes générales de la perception. Si la perception peut nous tromper, si la perception est changeante et ne peut fournir à elle seule aucun critère de vérité, toutefois elle connaît bien quelques constantes auxquelles on peut toujours la rapporter. Nous ne sommes pas du point de vue de la chose mais du point de vue du sujet percevant qui cherche une certitude : ce qui est certain c'est le général et le simple, ce qui est applicable à tous les cas (le général) et d'une manière simple, sans pouvoir être décomposé : 2 et 2 = 5 se rapporte à la simplicité de l'unité du chiffre 1 et tout raisonnement géométrique se rapporte aux propriétés non décomposables de l'espace : la somme des angles d'un triangle (le triangle représente une certaine étendue) sera toujours égale à 180° sur une surface plane, quelles que soient nos spéculations et quelle que soit la tromperie induite par nos sens. La méthode générale de Descartes est ici clairement annoncée : son oeuvre suit un long processus démonstratif de type géométrique. La méthode géométrique est la seule suffisamment rigoureuse pour répondre à son objectif : définir un système de pensée clair et qui jouisse d'autant de certitude qu'une démonstration géométrique. Il nous démontre ici géométriquement que la seule connaissance certaine que nous avons est géométrique : la géométrie, autrement dit, est certaine parce que notre seul rapport au réel se rapporte aux formes géométriques : les seules constantes de notre perception se rapportent à la grandeur, à l'étendue. La seule chose certaine que nous avons sur ce que nous percevons c'est que ce qui est perçu est quelque chose d'étendu. Seulement la méthode que Descartes s'est donné est radicale. Il doit donc se confronter au problème suivant : Je dois remettre en cause ma perception 9 Il semble toutefois que je ne puisse pas remettre en cause les choses simples et générales décrites par les mathématiques, applicables à ma perception comme perception de quelque chose d'étendu. Je ne suis pas certain, pour rappel, que ce q ue je perçois est tel que je le perçois. Certes. Mais je suis certain que les calculs géométriques que j'appliquerai à ce que je perçois seront toujours des démonstrations évidentes. Toutefois, rien ne me garantit que Dieu n'ait pas décidé de me tromper, y compris sur mes raisonnements, sur ma faculté de raisonner. Le passage suivant consiste donc à conduire le doute jusqu'aux vérités mathématiques. La Raiison elllle-même faiitt donc ll'objjett d'un doutte.. Pourquoii ? La Ra son e e-même fa donc 'ob e d'un dou e Pourquo ? Toutefois il y a longtemps que j'ai dans mon esprit une certaine opinion, qu'il y a un Dieu qui peut tout, et par qui j'ai été créé et produit tel que je suis. Or qui me peut avoir assuré que ce Dieu n'ait point fait qu'il n'y ait aucune terre, aucun ciel, aucun corps étendu, aucune figure, aucune grandeur, aucun lieu, et que néanmoins j'aie les sentiments de toutes ces choses, et que tout cela ne me semble point exister autrement que je le vois ? Et même, comme je juge quelquefois que les autres se méprennent, même dans les choses qu'ils pensent savoi r avec le plus de certitude, il se peut faire qu'il ait voulu que je me trompe toutes les fois que je fais l'addition de deux et de trois, ou que je nombre les côtés d'un carré, ou que je juge de quelque chose encore plus facile, si l'on se peut imaginer rien de plus facile que cela. Mais peut-être que Dieu n'a pas voulu que je fusse déçu de la sorte, car il est dit souverainement bon . Toutefois, si cela répugnait à sa bonté, de m'avoir fait tel que je me trompasse toujours, cela semblerait aussi lui être aucunement contraire, de permettre que je me trompe quelquefois, et néanmoins je ne puis douter qu'il ne le permette. Il y aura peut-être ici des personnes qui aimeront mieux nier l'existence d'un Dieu si puissant, que de croire que toutes les autres choses sont incertaines. Mais ne leur résistons pas pour le présent, et supposons, en leur faveur, que tout ce qui est dit ici d'un Dieu soit une fable . Toutefois, de quelque façon qu'ils supposent que je sois parvenu à l'état et à l'être que je possède, soit qu'ils l'attribuent à quelque destin ou fatalité, soit qu'ils le réfèrent au hasard, soit qu'ils veuillent que ce soit par une continuelle suite et liaison des choses, il est certain que, puisque faillir et se tromper est une espèce d'imperfection, d'autant moins puissant sera l'auteur qu'ils attribueront à mon origine, d'autant plus sera-t-il probable que je suis tellement imparfait que je me trompe toujours. Auxquelles raisons je n'ai certes rien à répondre, mais je suis contraint d'avouer que, de toutes les opinions que j'avais autrefois reçues en ma créance pour véritables, il n'y en a pas une de laquelle je ne puisse maintenant douter, non par aucune inconsidération ou légèreté, mais pour des raisons très fortes et mûrement considérées : de sorte qu'il est nécessaire que j'arrête et suspende désormais mon jugement sur ces pensées, et que je ne leur donne pas plus de créance, que je ferais à des choses qui me paraîtraient évidemment fausses si je désire trouver quelque chose de constant et d'assuré dans les sciences. Parce que lla raiison n'a de garanttiie que diiviine,, or ll'exiisttence de Diieu n'estt Parce que a ra son n'a de garan e que d v ne or 'ex s ence de D eu n'es qu'une opiiniion.. qu'une op n on C'est parce que l'idée que Dieu est souverainement bon n'est qu'une opinion, nous dit Descartes, que l'on peut même remettre en cause notre faculté rationnelle : j'ai dans mon esprit une certaine opinion (...) Mais peut-être que Dieu n'a pas voulu que je fusse déçu de la sorte, car il est dit souverainement bon « 10 L'opinion n'est pas une certitude. Je n'ai donc, pour le moment, aucune certitude que ce que je crois certain (2+3 = 5) n'est pas en fait une illusion voulue par Dieu car que Dieu est to ut puissant et souverainement bon, cela peut m'être objecté. Ce qu'il faut comprendre : ici Descartes apparaît clairement convaincu que Dieu ne peut pas le tromper ainsi. Mais ce n'est qu'une opinion. Pourquoi ? Parce qu'il sait qu'il se trouvera toujours quelqu'un d'assez habile pour contre-argumenter cette idée. Or nous avons vu que sa méthode est radicale : si une idée, quelle qu'elle soit, peut être remise en cause, elle doit être écartée et ne peut servir de fondement à la science. L'idée selon laquelle Dieu est bon et ne nous trompe pas sur notre faculté à percevoir de l'étendue et à en calculer les rapports mathématiques, n'est qu'une opinion à laquelle l'on pourrait objecter les contre arguments suivants : (...) il est certain que, puisque faillir et se tromper est une espèce d'imperfection, d'autant moins puissant sera l'auteur qu'ils attribueront à mon origine, d'autant plus sera -t-il probable que je suis tellement imparfait que je me trompe toujours. Quels que soient les arguments l'on peut toujours envisager que nous sommes toujours trompés. Diieu peutt-iill êttre ttrompeur ? D eu peu - ê re rompeur ? L'origine de mon existence est Dieu. Dieu est parfait et souverainement bon. Donc je ne peux être trompé sur les résultats de mes raisonnements (lorsque ceux -ci ne comportent pas d'erreur). Lorsque le raisonnement est évident, géométrique, il est juste. Dieu peut me tromper sur ce que je crois reconnaître comme évident et juste. Par conséquent il n'est pas souverainement bon. Ce qui est contradictoire avec sa définition. il se peut faire qu'il ait voulu que je me trompe toutes les fois que je fais l'addition de deux et de trois ? Deux thèses contradictoires sont possibles. L'une est forcément vraie, l'autre est forcément fausse (principe de non contradiction, logique formelle). Mais on ne sait pas laquelle est vraie ni laquelle est fausse. Du moins pas encore. PAR CONSEQUENT L'existence d'un Dieu souverainement bon, qui garantisse la pérennité de mes raisonnements, pour le moment, n'est qu'une opinion. Je n'ai donc aucune certitude de n'être jamais trompé en quelque domaine. Le doute doit donc porter autant sur mes opinions que sur mes facultés intellectuelles. Doute sur l'opinion hypothèse du Malin Génie. Mais il ne suffit pas d'avoir fait ces ²s, il faut encore que je prenne soin de m'en souvenir ; car ces anciennes et ordinaires opinions me reviennent encore souvent en la pensée , le long et familier usage qu'elles ont eu avec moi leur donnant droit d'occuper mon esprit contre mon gré , et de se rendre presque maîtresses de ma créance. Et je ne me désaccoutumerai jamais d'y acquiescer, et de prendre confiance en elles, tant que je les considérerai telles qu'elles sont en effet, c'est à savoir en quelque façon douteuses, comme je viens de montrer, et toutefois fort probables, en sorte que l'on a beaucoup plus de raison de les croire que de les nier. C'est pourquoi je pense que j'en userai plus prudemment, si, prenant un parti contraire, j'emploie tous mes soins à me 11 tromper moi-même, feignant que toutes ces pensées sont fausses et imaginaires ; jusques à ce qu'ayant tellement balancé mes préjugés, qu'ils ne puissent faire pencher mon avis plus d'un côté que d'un autre, mon jugement ne soit plus désormais maîtrisé par de mauvais usages et détourné du droit chemin qui le peut conduire a la connaissance de la véri té. Car je suis assuré que cependant il ne peut y avoir de péril ni d'erreur en cette voie, et que je ne saurais aujourd'hui trop accorder à ma défiance, puisqu'il n'est pas maintenant question d'agir, mais seulement de méditer et de connaître. Je supposerai donc qu'il y a, non point un vrai Dieu, qui est la souveraine source de vérité, mais un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant qui a employé toute son industrie à me tromper. Je penserai que le ciel, l'air, la terre, les couleurs , les figures, les sons et toutes les choses extérieures que nous voyons, ne sont que des illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crédulité. Je me considérerai moi-même comme n'ayant point de mains, point d'yeux, point de chair, point de sang, comme n'ayant aucuns sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses. Je demeurerai obstinément attaché à cette pensée ; et si, par ce moyen, il n'est pas en mon pouvoir de parvenir à la connaissance d'aucune vérité, à tout le moins il est en ma puissance de suspendre mon jugement. C'est pourquoi je prendrai garde soigneusement de ne point recevoir en ma croyance aucune fausseté, et préparerai si bien mon esprit à toutes les ruses de ce grand trompeur, que, pour puissant et rusé qu'il soit, il ne pourra jamais rien imposer. Mais ce dessein est pénible et laborieux, et une certaine paresse m'entraîne insensiblement dans le train de ma vie ordinaire. Et tout de même qu'un esclave qui jouissait dans le sommeil d'une liberté imaginaire, lorsqu'il commence à soupçonner que sa liberté n'est qu'un songe, craint d'être réveillé, et conspire avec ces illusions agréables pour en être plus longuement abusé, ainsi je retombe insensiblement de moi -même dans mes anciennes opinions, et j'appréhende de me réveiller de cet assoupissement, de peur que les veilles laborieuses qui succéderaient à la tranquillité de ce repos, au lieu de m'apporter quelque jour et quelque lumière dans la connaissance de la vérité, ne fussent pas suffisantes pour éclaircir les ténèbres des difficultés qui viennent d'être agitées. Descarttes préfère iimagiiner un mauvaiis géniie pour éviitter lle débatt sur Diieu.. Descar es préfère mag ner un mauva s gén e pour év er e déba sur D eu - la distinction malin génie et dieu trompeur (Dieu trompeur = hypothèse vue juste avant) : On le comprend en insistant sur sa différence avec le dieu trompeur : ce dernier est une hypothèse métaphysique qui appuie, pendant un court moment, le doute; mais, il n'empêche pas mes préjugés de revenir en force, parce que la croyance selon laquelle Dieu est forcément bon est trop fortement ancrée dans l'éducation de mon époque, nous dit, en somme, Descartes ; donc il imagine un malin génie « aussi rusé et trompeur que puissant « Cette fiction intervient pour maintenir la décision de douter , pour permettre sa réalisation effective ( car "on a beaucoup plus de raisons de croire que de douter"(§9)); en effet, bien que fortes, les raisons de douter sont légères à côté de l'inclination à croir e. Si bien que, même si je comprends que je dois douter, je suis cependant porté à affirmer ce qui n'est que probable. Tous les arguments en faveur du doute (folie, rêve, hypothèse du dieu trompeur) sont impuissants à me faire douter de ce dont ils me convainquent de douter : - l'argument de la folie ne me fait pas douter du sensible - l'argument du rêve ne me fait pas douter réellement du sensible 12 - l'argument du dieu trompeur ne me fait pas douter réellement des mathématiques Le Malin Génie intervient pour me faire refuser mon assentiment au monde sensible comme aux vérités mathématiques. (plus seulement raison de douter mais d'affirmer la fausseté). Pour réussir à douter même du probable, je feins donc de croire à l'existence d'un mauvais génie qui fausse rait mes pensées. L'action du Malin Génie s'étend donc sur les choses sensibles, ce corps fait de mains, etc., que je m'obstine à prendre pour moi. (cf. Troisièmes objections : il sert à "préparer les esprits des lecteurs à considérer les choses intellectuelles et les distinguer des corporelles") En empêchant l'esprit de s'endormir en quelque confiance trompeuse, il tient en éveil son libre jugement... - Argument : Toute expérience (perception) dans un sujet x dont y est la cause, pourrait être exactement dupliquée par Dieu ou par quelque malin génie tout puissant. Par conséquent, x ne peut jamais être certain que y est en train de causer l'expérience, et par conséquent, étant donné la conception causale de la perception, sur laquelle tourne tout l'argumen t, ne peut jamais être certain d'être en train de percevoir y : (CCP) l'objet perçu doit être une des causes de l'expérience du sujet percevant de CCP, il suit que : (1) je peux parfois être certain que je perçois un objet matériel y, seulement si je peux parfois être certain que y est en train de causer mon expérience perceptuelle (2) je peux être certain que y cause mon expérience perceptuelle ssi ce n'est pas le cas qu'une expérience perceptuelle causée par y peut être causée d'une autre manière (3) or : toute expérience perceptuelle causée par y aurait pu être causée d'une autre manière (par exemple, par un malin génie) (4) d'où : je ne peux jamais être certain que je perçois y Version moderne : toute perception causée par un objet matériel stimulant n os organes récepteurs, pourrait être causée par un neurophysiologiste très avancé, stimulant directement notre cerveau avec des électrodes sans douleur. Peut-être que toutes nos perceptions sont causées de cette manière, de telle sorte que nous ne percevon s jamais les objets mathématiques, mais les hallucinons seulement. Comment nous est-il possible de savoir qu'il n'en est pas ainsi, du fait que notre expérience perceptuelle serait la même s'il en était ainsi? Cette hypothèse renforce son doute méthodologique : chaque fois qu'une proposition donnée se présentera comme candidate à la certitude, Descartes se demandera si le malin génie peut le tromper concernant p; si on répond oui, alors, c'est que p n'est pas certaine et indubitable. 13 Médiitatiion Seconde Méd tat on Seconde --------------------------------------------------De la nature de l'esprit humain ; et qu'il est plus aisé à connaître que le corps. On ne peut pas lire ce titre sans immédiatement penser au § 11 des principes de la philosophie. Dans cette méditation Descartes va : ? ? ? Définir le doute provisoire Procéder à la distinction de l'âme et du corps Poser la définition de ce que l'on nommera plus tard la conscience ; « je suis une chose qui pense « 1.. Sorttiir du doutte :: iill fautt que lle doutte soiitt proviisoiire.. 1 So r r d u d o u e fau que e dou e so prov so re La Méditation que je fis hier m'a rempli l'esprit de tant de doutes, qu'il n'est plus désormais en ma puissance de les oublier. Et cependant je ne vois pas de quelle façon je les pourrai résoudre ; et comme si tout à coup j'étais tombé dans une eau très profonde, je suis tellement surpris, que je ne puis ni assurer mes pieds dans le fond, ni nager pour me soutenir au -dessus. Je m'efforcerai néanmoins, et suivrai derechef la même voie où j'étais entré hier, en m'éloignant de tout ce en quoi je pourrai imaginer le moindre doute, tout de même que si je connaissais que cela fût absolument faux ; et je continuerai toujours dans ce chemin, jusqu'à ce que j'aie rencontré quelque chose de certain, ou du moins, si je ne puis autre chose, jusqu'à ce que j'aie appris certainement, qu'il n'y a rien au monde de certain. Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu'un point qui fût fixe et assuré. Ainsi j'aurai droit de concevoir de hautes espérances, si je suis assez heureux pour trouver seulement une chose qui soit certaine et indubitable. Nous avons vu dans la première méditation que le doute cartésien est radical et méthodique. Cette fois il ajoute un troisième terme : le doute est provisoire. Et on pourrait ajouter : déterminé c'est-à-dire ? provisoire en tant qu'il persiste sur la même voie jusqu'à atteindre une sortie du doute, autrement dit une chose qui soit certaine et indubitable. Provisoire parce que déterminé à sortir du doute. Conduit de telle manière que le doute ne persiste pas. Autrement dit le doute de Descartes n'est pas un scepticisme, il ne fait pas obstacle à la connaissance du monde, bien au contraire, il a pour vocation de nous donner un véritable point de départ pour élaborer une connaissance universelle : que nul ne pourra jamais remettre en question. Rappels et bilan sur les trois termes du doute : Radical, Méthodique et Provisoire. ? Radical parce que ce sont les racines de nos connaissances qui sont remises en question : perception, opinion (comme la croyance en Dieu, il faudra démontrer l'existence de Dieu ce qui n'est pas encore fait à ce stade, pour que ce ne soit plus une simple opinion) et m&ec...
descartes

« 2 PPPrrreeemmm iiièèèrrreee MMM ééédddiiitttaaatttiiiooonnn --------------------------------------------------- DDD eeesss ccchhhooossseeesss qqquuueee lll’’’ooonnn pppeeeuuuttt rrrééévvvoooqqquuueeerrr eeennn dddooouuuttteee (titre original de la première méditation).

Il y a déjà quelque temps que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j’avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j’ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que fort dou teux et incertain ; de façon qu’il me fallait entreprendre sérieusement une fois en ma vie de me défaire de toutes les opinions que j’avais reçues jusque alors en ma créance, et commencer tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque ch ose de ferme et de constant dans les sciences.

L’objectif est posé : trouver un fondement irréfutable pour les sciences, pourquoi cette recherche est -elle nécessaire ? SSSiiitttuuuaaatttiiiooonnn hhhiiissstttooorrriiiqqquuueee eeettt ééépppiiissstttééémmm ooolllooogggiiiqqquuueee Descartes vit au 17è siècle : le savoir est détenu par l’Eglise et il est hérité, pour l’essentiel de trois sources : La Bible, Aristote, Ptolémée, Saint Thomas d’Aquin et évidemment la géométrie euclidienne 1.

La Bible définit ou circonscrit le savoir historique : l’origine de l’humanité c’est Adam et Eve.

L’histoire du monde est celle de la Bible.

Elle est le repère incontestable auquel tous les autres savoirs doivent se rattacher.

Aristote est certainement la source la plus authentiquement scientifique ; Philosophe Grec, disciple de Platon, il aura légué une somme importante d’ouvrages e t d’études de la politique, de la nature et de métaphysique.

Il est aussi le père de la logique formelle, dont les principes sont encore valables à ce jour.

Descartes ne remettra pas en question les acquis d’Aristote en logique.

Toutefois il remet ici en c ause l’idée qu’il ait achevé de fonder les sciences.

Aristote fait partie de ces références dogmatiques de son époque.

Saint Thomas a tenté de mettre la raison au service de la foi, de concilier les recherches d’Aristote et la Bible.

Il est donc la pierr e angulaire du savoir de l’époque.

Descartes a été élevé et instruit par les jésuites de La Flèche.

A ce titre il est totalement imprégné de cette culture greco -chrétienne.

Ce qu’il propose ici de faire c’est rien moins que de faire table - rase de tout cet héritage culturel.

Pourquoi ? =l y a déjà quelque temps que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j’avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j’ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que f ort douteux et incertain Le procès que fait ici Descartes à ce même héritage est très virulent : en effet il remet directement en cause la capacité de l’enseignement d’alors à élaborer quelque connaissance que ce soit ! Ajoutons que l’expression « dès mes premières années » révèle que la remise en question n’est pas seulement celle d’un enseignement, mais déjà du monde dans lequel il est né .

Ce monde c’est celui du 17 ème siècle, certes, mais c’est aussi la nature tout entière.

Notons toutefois que ce sont bien les fausses opinions alors « reçues pour véritables » qu’il remet en cause.

Donc tout de même et surtout les =DEES de l’époque.

1 Euclide, mathématicien grec qui aurait vécu au III e s.

av.

J. -C.

à Alexandrie.

Ses Éléments constituent une vaste synthèse des mathématiques grecques de son époque.. »

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