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Désirer autrui, est-ce attenter à sa liberté ?

Publié le 27/02/2008

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L'autre est donc alors désiré comme une chose attractive, mais pas comme une personne que l'on ne peut consommer. Or désirer l'autre comme une chose c'est ne pas le respecter dans son essentielle liberté. II. Le désir peut s'ouvrir à l'altérité en s'inscrivant dans la dynamique de l'amour. Il se donne alors la possibilité de respecter la liberté de l'autre               Concevoir le désir de l'autre comme simple pulsion de consommation, c'est manquer le fait que le désir peut parfois nous ouvrir à une réalité qui nous dépasse. Or le propre du désir est bien d'ouvrir le sujet sur l'extérieur, parce qu'il ne vise pas la possession de tel objet particulier, mais l'ouverture en tant que telle. C'est ce que Platon  exprime dans Le Banquet par la voix de Diotime. En expliquant à Socrate ce qu'est l'amour, Diotime explique du même coup ce qu'est le désir. L'amour dit Diotime, doit s'éduquer. On commence par aimer les beaux corps, puis les belles activités, puis les âmes des gens qui pratiquent ces activités, puis le Beau en lui-même.

« rapporter tout à soi.

En ce sens l'autre n'est jamais désiré pour ce qu'il est au plus profond de lui-même.

Dans les Pensées, 688 (éditions Lafuma), Pascal fait remarquer que dans l'amour de concupiscence qui rapporte tout à soi, le moi n'aime jamais que les qualités del'autre, c'est-à-dire sa beauté, voire son intelligence (mais si ces qualitésvenaient à disparaître l'autre cesserait aussitôt d'être aimé).

L'autre est doncalors désiré comme une chose attractive, mais pas comme une personne quel'on ne peut consommer.

Or désirer l'autre comme une chose c'est ne pas lerespecter dans son essentielle liberté. II.

Le désir peut s'ouvrir à l'altérité en s'inscrivant dans la dynamiquede l'amour.

Il se donne alors la possibilité de respecter la liberté del'autre Concevoir le désir de l'autre comme simple pulsion de consommation,c'est manquer le fait que le désir peut parfois nous ouvrir à une réalité quinous dépasse.

Or le propre du désir est bien d'ouvrir le sujet sur l'extérieur,parce qu'il ne vise pas la possession de tel objet particulier, mais l'ouvertureen tant que telle.

C'est ce que Platon exprime dans Le Banquet par la voix de Diotime.

En expliquant à Socrate ce qu'est l'amour, Diotime explique du mêmecoup ce qu'est le désir.

L'amour dit Diotime, doit s'éduquer.

On commence par aimer les beaux corps, puis les belles activités, puis les âmes des gens qui pratiquent ces activités, puis le Beau enlui-même.

Aimer c'est donc non pas aimer telle chose particulière, mais ce qui est aimable en soi.

Or ce qui estaimable en soi, Diotime le décrit comme un océan de beauté.

Parler d'un océan de beauté, c'est parler d'un objet quine se laisse pas circonscrire, parce qu'il dépasse ce que l'homme peut s'approprier (on peut attraper quelquesdécilitres d'eau dans un verre, pas l'océan).

Le désir est au fond la dynamique même de l'amour, il vise non pas unobjet particulier, mais l'ouverture à une réalité qui me dépasse.

Cette réalité que Platon décrit comme le Beau ensoi, peut être aussi autrui, car autrui ne peut justement pas être saisi comme une chose.

Dans ce sens le désir,lorsqu'il est éduqué, peut nous disposer à respecter les autres dans leur altérité radicale, et donc dans leur liberté. III.

Dans le désir, l'autre peut être désiré à la fois comme une chose et comme un sujet, et dans ce sensdésirer les autres ce n'est pas forcément nier leur liberté La conception platonicienne de l'amour ne distingue pasvéritablement entre amour et désir.

Le désir est au fond un moment dans ladynamique de l'amour, qui ouvre sur la reconnaissance de l'altérité.

Dans cesens le désir parvenu à maturité devient amour, et son ancrage charneldevient inessentiel.

Mais on peut se demander si le désir doit nécessairementse résorber dans l'amour pour respecter autrui.

En effet comme le dit Kantdans la seconde section des Fondements de la métaphysique des mœurs , les êtres humain ne doivent jamais être traités seulement comme des moyens,mais toujours aussi comme une fin (parce qu'étant des êtres rationnelscapables de se donner à eux-mêmes la loi morale ils ont une valeur absolue,contrairement aux choses qui n'ont qu'un prix relatif).

Ce qui est importantdans cet impératif, c'est que l'on ne doit pas seulement traiter les hommes comme des moyens, mais si l'on n'oublie pas que ce sont des fins en soi, onpeut aussi les traiter comme des moyens.

Par exemple quand l'on prend un taxi, on traite le chauffeur comme un moyen (pour aller d'un lieu à un autre),mais on ne le traite pas seulement comme un moyen (on sait qu'on lui doit le respect dû à une personne).

Il peut en être de même dans le désir.

On peutfort bien désirer quelqu'un à la fois charnellement (comme un moyen dejouissance) mais sans jamais oublier que cet objet d'amour est aussi unepersonne (dont on respecte la liberté).

Dans ce sens, même le désir charnel (que Pascal appelle de concupiscence),n'est pas incompatible avec le respect de la liberté d'autrui. Conclusion Le désir peut apparaître comme une négation de la liberté d'autrui, parce que son ancrage corporel sembleassimiler l'objet du désir à une chose consommable.

Mais cette conception manque le fait que le désir peut s'inscriredans la dynamique plus vaste de l'amour.

On peut par exemple commencer à désirer quelqu'un pour sa beautéphysique et finir par aimer cette personne pour ce qu'elle est au plus profond de son être.

De plus il n'est pasindispensable que le désir se résorbe dans l'amour pour qu'il soit à même de respecter la liberté d'autrui.

En effetdans le désir autrui peut être appréhendé à la fois comme un objet de jouissance charnelle et comme une personneà qui l'on doit le respect.

On peut même considérer que le désir parvenu à maturité est celui qui est à même dedistinguer ces deux dimensions de la personne humaine, qui est à la fois corps et esprit.. »

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