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DESTUTT DE TRACY Antoine Louis Claude : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DESTUTT DE TRACY Antoine Louis Claude (1754-1836). Philosophe, chef des «Idéologues», Destutt de Tracy naquit à Paris, dans une famille noble d’origine écossaise et de tradition militaire. Officier de mousquetaires en garnison à Strasbourg en 1770, il lit les philosophes allemands — Kant, en particulier —, prend feu pour Voltaire, dont il fait « le héros de la raison », et mène une vie qui fera dire de lui par Stendhal : « C’était un vieux Don Juan ».

 

Elu député de la noblesse du Bourbonnais aux états généraux de 1789, devenu colonel commandant le régiment de Penthièvre, il s’attache à La Fayette, Sieyès, Volney et Cabanis. Arrêté le 2 novembre 1793 pour modérantisme et promis à la guillotine le 2 thermidor, il

 

lit Condillac pendant sa captivité. La chute de Robespierre le sauve.

 

Cabanis le fait nommer à l’institut le 18 février 1796, dans la classe des Sciences morales et politiques, section Analyse des sensations et des idées. Destutt de Tracy n’a encore rien publié, mais, dès la séance du 21 avril, il commence la lecture de mémoires, travaux préparatoires de son grand traité : Eléments d'idéologie, publié à partir de 1801.

 

Ce néologisme lui reste attaché, car il le définit dès 1796 par cette phrase lumineuse : « Son sens est très clair pour tout le monde, si l’on ne considère que celui du mot français “idée”; car chacun sait ce qu’il entend par une idée, quoique peu de gens sachent bien ce que c’est. » Il s’agit, en fait, de continuer les travaux des Lumières, ceux de Diderot ou d’Helvétius, pour constituer une science de l’homme dégagée de l’idéalisme et une critique des origines de la connaissance, celle-ci devant partir de l’observation de faits positifs et contrôlés, au moyen de quatre facultés : perception, mémoire, jugement, volonté, lesquelles sont, en définitive, quatre catégories de la sensibilité : sentir des objets extérieurs, des souvenirs, des rapports entre les choses, des désirs.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Comte de Destutt de Tracy 1754-1836 Antoine Louis Claude, comte de Destutt de Tracy est né et mort à Paris.

Idéologue, puisque, comme ses contemporains, Cabanis, Gérando, Laromiguière, Maine de Biran, son grand œ uvre est de constituer la science des Idées.

Comme ses prédécesseurs immédiats, Volney, Condorcet, Ginguené Garat, il se réclama de Locke et de Condillac, tout en sachant qu'il les dépasse ; c'est vers les idéologues que se tournera le XIXe siècle, lassé du romantisme : Stendhal et Taine. Philosophe “ engagé ” dans les affaires publiques, Destutt de Tracy est un spéculatif qui ne se contente pas de penser pour penser, mais pour agir, et dont le rationalisme croit au progrès.

Son œ uvre est l'élaboration en doctrine de l'Idéologie : An IX Projets d'éléments d'idéologie à l'usage des écoles centrales de la République française , reparus en l'an XIII (1804) sous le titre : Eléments d'idéologie, Ire partie ; 1803, Deuxième partie : grammaire ; 1805, Troisième partie : logique ; 1815, Quatrième et cinquième parties : traité de la volonté et de ses effets. En 1806, il écrit un Commentaire de l'Esprit des lois , qui ne peut paraître en France qu'en 1819, après avoir paru en Amérique en 1811.

Dans son opposition à Condillac, il annonce Maine de Biran : en particulier, il définit la perception extérieure par le sentiment de résistance que notre mouvement volontaire rencontre lorsqu'il s'applique à la matière (chez Maine de Biran, le sentiment de “ l'effort ” sera spécifique de notre rencontre avec le monde extérieur).

Il pense la logique d'une manière nouvelle, abandonnant le dogmatisme aristotélicien, s'inspirant de la notion de “ série ”, empruntée à la pensée biologique : le mot n'est plus élément premier, mais déjà discours nom et verbe constituent les éléments essentiels de la “ grammaire ”.

L' œ uvre aussi bien que l'homme intéressent comme rencontre d'une tradition, celle du XVIIIe siècle, et d'une invention, celle du XIXe siècle romantique.. »

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