Déterminations et liberté ?

Il convient peut-être, pour lever la contradiction précédente, de recourir, comme le propose Jean-Paul Sartre, à la notion de projet. Sans nier les déterminations qui pèsent sur l'individu, Sartre pense cependant qu'elles n'agissent pas sur lui d'une façon nécessaire. Chaque sujet humain peut, à partir de ces déterminations, agir librement en se choisissant une attitude en face d'elles. Nul n'est entièrement conditionné par des facteurs extérieurs ; chacun peut les accepter, se rebeller contre eux, les intégrer à un projet d'ensemble. Sartre a donné plusieurs illustrations de cette idée à travers les biographies d'artistes qu'il a écrites. Il montre que les données familiales, psychologiques, sociales peuvent bien éclairer le comportement du sujet, il n'en reste pas moins que c'est lui qui choisit d'en faire tel usage plutôt que tel autre. L'idée sartrienne permet donc de concilier la pluralité des facteurs constitutifs d'un individu et l'unicité de son comportement. L'autodétermination du sujet ne consiste pas à pouvoir tout devenir, mais à choisir parmi des possibles, entre certaines limites.