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Dieu chez BERGSON

Publié le 18/03/2011

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dieu

Ayant défini « la matière par une espèce de descente, cette descente par l'interruption d'une montée, cette montée elle-même par une croissance «, Bergson juge nécessaire de mettre « au fond des choses « un « Principe de création «.    Ainsi sa théorie de la matière et de la vie aboutit à l'affirmation d'un Dieu.    Cependant ; jusqu'à la publication de l'ouvrage Les Deux Sources de la morale et de la religion, on a été réduit, pour connaître la pensée de Bergson sur Dieu, à interpréter quelques rares passages.    A bien des points de vue, le Dieu bergsonien ne peut être le Dieu classique des théologies et des philosophies populaires.

dieu

« qu'elle tente de se refaire, je peux parler « d'un centre d'où les mondes jailliraient comme les fusées d'un immensebouquet, — pourvu toutefois que je ne donne pas ce centre pour une chose, mais pour une continuité dejaillissement.

Dieu, ainsi défini, n'a rien de tout fait : il est vie incessante, action, liberté ». L'idée de création perd de son mystère, elle devient claire dès qu'on la confond avec celle d'accroissement.

Enreplaçant notre être dans notre vouloir, et notre vouloir dans l'impulsion qu'il prolonge, « nous comprenons, noussentons que la réalité est une croissance perpétuelle, une création qui se poursuit sans fin ».

Dès que nous agissonslibrement, nous expérimentons ce qu'est la création. Il semble que le principe créateur produise les êtres et les choses avec amour.

« Vue du dehors, la nature apparaîtcomme une immense efflorescence d'imprévisible nouveauté ; la force qui l'anime semble créer avec amour, pourrien, pour le plaisir, la variété sans fin des espèces végétales et animales ; à chacune elle confère la valeur absolued'une grande œuvre d'art ; on dirait qu'elle s'attache à la première venue autant qu'aux autres, autant qu'à l'homme.» Tel est le point de vue de l'artiste. Mais « supérieur est le point de vue du moraliste.

Chez l'homme seulement, chez les meilleurs d'entre nous surtout,le mouvement vital se poursuit sans obstacle, lançant, à travers cette œuvre d'art qu'est le corps humain, et qu'il acréée au passage, le courant indéfiniment créateur de la vie morale...

Les grands hommes de bien, et plusparticulièrement ceux dont l'héroïsme inventif et simple a frayé à la vertu des voies nouvelles, sont révélateurs devérité métaphysique.

Ils ont beau être au point culminant de l'évolution, ils sont le plus près des origines et rendentsensible à nos yeux l'impulsion qui vient du fond.

Considérons-les attentivement, tâchons d'éprouversympathiquement ce qu'ils éprouvent, si nous voulons pénétrer par un acte d'intuition jusqu'au principe même de lavie ». Renonçons à l'idée du néant, et à tout l'ensemble d'idées qui l'accompagnent.

Essayons de « penser l'Etredirectement » sans laisser le fantôme du néant s'interposer entre lui et nous.

« Alors l'Absolu (Bergson met ici unemajuscule) se révèle très près de nous et, dans une certaine mesure, en nous.

Il est d'essence psychologique, etnon pas mathématique ou logique.

Il vit avec nous.

» — « Dans l'absolu nous sommes, nous circulons et vivons.

Laconnaissance que nous en avons est incomplète sans doute, mais non pas extérieure ou relative.

C'est l'être même,dans ses profondeurs, que nous atteignons ». Cet absolu, qui vit en nous, n'est pas immuable.

« Comme nous, mais par certains côtés, infiniment plus concentréet plus ramassé sur lui-même, il dure.

» L'intuition de notre propre durée nous met en contact avec une continuité de durées que nous avons précédemmentsuivies vers le bas, que nous pouvons maintenant essayer de suivre vers le haut.

Vers le bas, c'était une durée deplus en plus éparpillée, qui, à la limite, serait la pure répétition, le pur homogène, la matérialité.

« En marchant dansl'autre sens, nous allons à une durée qui se tend, se resserre, s'intensifie de plus en plus : à la limite seraitl'éternité.

Non plus l'éternité conceptuelle, qui est une éternité de mort, mais une éternité de vie.

Eternité vivanteet, par conséquent, mouvante encore, où notre durée à nous se retrouverait comme les vibrations dans la lumière,et qui serait la concrétion de toute durée comme la matérialité en est l'éparpillement.

» Condensée en un petit nombre de textes, cette conception bergsonienne de la Divinité a été diversementinterprétée et appréciée. Certaines âmes religieuses se sont senties exaltées par cette harmonieuse vision de la Vie Universelle. Un penseur catholique, Ed.

Le Roy, disciple indépendant de Bergson, — qu'il a remplacé au Collège de France, — adéveloppé de façon intéressante certaines idées indiquées par Bergson.

L'affirmation de Dieu lui paraît être «l'affirmation de la réalité morale comme réalité autonome, indépendante, irréductible, et même peut-être commeréalité première ».

Le moral est le fond de l'être.

Le devenir cosmique est « une marche au parfait ».

Au fond, tousles hommes croient en Dieu.

« Il n'y a pas d'athées...

Il n'y a que des croyants, qui pensent inégalement leur foi etqui aperçoivent inégalement ce qu'elle implique.

» En réalité, « on ne démontre pas Dieu ; on l'expérimente, on levit...

On connaît Dieu dans et par le mouvement d'amour qui nous porte vers lui, pour autant qu'on lui ressemble etqu'on tend à lui ressembler davantage ». Cependant d'autres esprits, plus attachés à la lettre des dogmes traditionnels, ont reproché à Bergson de ne pasassez distinguer Dieu et le monde, le Créateur et les créatures.

Sa doctrine ne tend-elle pas à un monisme, à unpanthéisme, sinon à un athéisme ? A une question de ce genre posée par un père jésuite, le P.

de Tonquédec, Bergson a répondu par une lettre où-ilsoutient avoir retrouvé les thèses essentielles du spiritualisme classique : « Les considérations exposées par moidans mon Essai sur les Données immédiates aboutissent à mettre en lumière le fait de la liberté ; celles de Matièreet Mémoire font toucher du doigt, je l'espère, la réalité de l'esprit ; celles de l'Evolution créatrice présentent lacréation comme un fait : de tout cela se dégage nettement l'idée d'un Dieu créateur et libre, générateur à la fois dela matière et de la vie, et dont l'effort de création se continue, du côté de la vie, par l'évolution des espèces et parla constitution des personnalités humaines.

» Bergson ajoute qu'il ne pourra en dire davantage qu'en abordant « lesproblèmes moraux ».

Telle est la position de Bergson en 1912.. »

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