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Dissertation : Faut il respecter toutes les cultures ?

Publié le 27/02/2008

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L'intitulé de ce sujet mérite qu'on en approfondisse les termes. L'utilisation d'un verbe injonctif dans une phrase apparemment interrogative appelle de notre part une réponse et même semble nous y contraindre. Dans un premier temps, notre réflexion portera sur la question suivante : selon quels critères jugeons-nous les cultures différentes de la nôtre ? Nos moeurs, notre morale, nos sentiments… Dans la question posée, il semble aller de soi qu'il existe des cultures différentes : comment pouvons-nous les appréhender sans hiérarchiser, c'est-à-dire sans porter de jugement en fonction de notre strict point de vue ? Nous aborderons pour finir la notion de respect en essayant de ne pas rester sur le sens seulement moral de ce terme : respecter, c'est traiter avec égard et reconnaître à l'autre une valeur et des droits. Cela veut-il dire que le fait de respecter d'autres cultures nous empêche de les critiquer ?

« Ainsi, dans l'Histoire de l'Humanité, les exemples abondent de ces contributions au développement culturel venu detoutes les cultures et qui concernent aujourd'hui chacun d'entre nous.

Les Amérindiens ont découvert lapharmacopée ; le cubisme à l'origine des œuvres de Picasso s'inspire de la culture africaine ; nos sciencesmathématiques doivent beaucoup aux Arabes et aux Grecs… Et pourtant, toutes les cultures ne sont pas traitées sur un pied d'égalité : ainsi dans son discours de Dakar,prononcé en 2008, le Président Sarkozy évoque le peuple africain en disant : « Le drame de l'Afrique , c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire .

Le paysan africain, qui depuis des millénaires vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement dutemps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles .

» En tant qu'occidental, il établit ainsi une hiérarchie dans les cultures, rappelant au passage que l'Occident a beaucoup apporté à l'Afrique.

Ilne reconnaît donc pas la valeur originale de la culture africaine, son identité propre, son évolution et son histoire.Par ailleurs, dans le même discours, et c'est paradoxal, il évoque la déclaration des droits de l'homme qui naissentlibres et égaux en droit.De fait, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen proclamait l'égalité des hommes et des citoyens : est-ceque pour autant cela veut dire que toutes les cultures se valent ? Et cette question a-t-elle réellement un senslorsque nous proclamons également le droit de chaque peuple à une culture propre, à une identité propre doncdifférente des autres….L'égalité entre tous les hommes est un principe fondamental, reconnu universellement et non contestable, même sitoute l'histoire de l'humanité regorge d'événements qui prouvent que cette égalité n'est pas respectée.

Parler de « toutes les cultures », c'est tout d'abord accepter et avoir conscience de l'existence des autrescultures et donc des différences qui existent entre elles : toutes les cultures ne se valent donc pas, ce qui ne veutpas dire qu'elles ne sont pas égales en légitimité.

S'il existe plusieurs cultures différentes, cela peut conduire à plusieurs ethnocentrismes selon le point de vue desdifférents protagonistes, l'ethnocentrisme consistant à valoriser sa culture mais aussi du coup, à rabaisser et àdévaluer celles des autres.

La question qui nous est posée nous conduit à nous questionner sur le fond : « Faut-il respecter toutes les cultures ? Sous entendu, y en a-t-il pour lesquelles il n'est pas nécessaire de le faire ? Ou peut être plus ou moins ? Dans sa formulation, l'utilisation de la locution adverbiale « toutes » semble indiquer qu'il y auraitdes cultures plus respectables que d'autres, et à l'inverse des cultures que on pourrait mépriser… Mais selon quelscritères pourrions-nous établir cette hiérarchie ? Inconsciemment, nous l'établissons selon les valeurs de notrepropre culture : c'est ainsi que notre jugement est faussé, par manque d'objectivité ; en se plaçant de notre pointde vue culturel, on aura d'emblée des références, des « modèles » qui appartiennent à notre propre culture… et l'onse forgera des préjugés.Est-ce légitime de juger une culture à partir des pratiques d'un groupe d'individus minoritaires ? Fréquemmentl'incompréhension se manifeste par des généralités faites sur des groupes d'individus.

Certains, par peur de« l'inconnu », établissent des globalités infondées sur un ensemble de populations (préjugés sur les gitans, sur lesarabes, sur les juifs…).

Ces personnes ignorent la gravité de leur propos qui porte atteinte à l'authenticité dechaque homme, à son identité et donc détériore la notion de respect.

Néanmoins, tout en respectant une culture, est-il possible de la critiquer ?Par rapport à des valeurs morales, ne sommes-nous pas en droit d'être choqués et dans l'incompréhension decertaines pratiques qui portent atteinte aux hommes au sein d'une même culture ? Ainsi, une gravure de T.de Bry met en scène une pratique qui semble très étrangère de nos jours, celle ducannibalisme : il y décrit un rituel culturel partagé convivialement par une communauté d'hommes et de femmes detout âge (vieillards, jeune enfant).

Pour les accoutumés de cette pratique, elle ne relève nullement d'un acte debarbarie.

Pour autant, elle nous apparaît comme une forme de brutalité déroutante, une forme de sauvagerie.

De même, aujourd'hui, de nombreuses formes de brutalité subsistent, qui bien que culturelles, nous choquent.Par exemple la lapidation opérée sur les femmes au Moyen Orient ou encore l'excision des petites filles en Afrique.Si nous sommes choqués et dans l'incompréhension, c'est parce que ces pratiques ne respectent pas les droitsfondamentaux de groupes de population.

Et ce qui est d'autant plus choquant, c'est que souvent ces actes sontfaits au nom d'une tradition culturelle.Alors, que faut-il comprendre sous le mot respect ? Le respect des cultures passe-t-il avant le respect des droitsdes individus ?La question posée « Faut-il respecter toutes les cultures » nous contraindrait presque à ne comprendre du mot« respect » que le sens moral, alors que justement, pour aborder l'Autre dans sa différence, il faudrait, comme nousl'avons démontré, nous défaire de nos préjugés.Respecter, ce n'est donc pas forcément renoncer à critiquer.

La question qui nous a été posée appelait une réponse et il aurait été tentant d'y répondre. »

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