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Dois-je respecter autrui ?

Publié le 24/08/2005

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C'est en ce sens que Péguy notait : «Kant a les mains pures mais il n'a pas de mains.»D'autre part, malgré son souci de l'autonomie, Kant introduit à l'intérieur même de l'homme une transcendance brutale. L'être de chair semble radicalement coupé de la personne raisonnable. Pourquoi dans ces conditions la nature humaine est-elle susceptible d'obéir à la raison ? Kant est donc conduit à reconnaître l'existence d'un mobile moral, le sentiment du respect, qui humilie notre égoïsme mais nous exalte dans l'accomplissement de la loi morale. Sans doute le respect n'est pas un sentiment qui émane directement de notre nature charnelle. Si le respect était un sentiment antérieur à la loi morale, extérieur à elle, il ne serait pas - dans la perspective du rigorisme kantien - un sentiment moral. Kant estime donc que c'est la loi morale elle-même qui produit le sentiment de respect dans notre âme. Il n'en reste pas moins que si notre nature est capable d'éprouver un tel sentiment, c'est qu'elle n'est pas aussi radicalement coupée des valeurs morales que le rigorisme kantien semblait le supposer. A ce niveau on ne peut donc s'empêcher d'admettre que la froide morale de la Loi, de l'obligation stricte s'efface devant la morale de l'Amour.

La notion de respect revêt une particulière actualité : il semble qu'elle soit une préoccupation contemporaine des sociétés développées en butte à une dégradation avérée des relations interindividuelles. Le respect fondé sur les valeurs morales, apparaît comme la condition de préservation des rapports sociaux, mais qu'en est-il du sens à donner au verbe « falloir « ? Si le respect est un dû, comment est-il éprouvé par ceux qui le pratiquent, comme une contrainte lourde et ennuyeuse, ou, au contraire, comme un gage de sympathie et de convivialité ?

« médiation d'autrui pour être ce que je suis." Conclusion : Jung, Psychologie de l'inconscient : « Une diminution de l'hypocrisie et un accroissement de la connaissance de soi- même ne peuvent avoir que de bons résultats sur le plan de la tolérance, car on n'est que trop disposé à reportersur autrui le tort et la violence que l'on fait à sa propre nature.» L'idée d'un devoir semble donc à la fois faite pourêtre transgressée (je mets les pieds sur la banquette sans me soucier de ce que je la dégrade car ce qui ressort demon attitude est qu'elle n'a de prix que parce que tout le monde me dévisage et marque son désaccord) et faitepour être éprouvée avec la légèreté d'une évidence.

L'intériorisation de la contrainte, qui est le résultat du longtravail qu'est l'éducation depuis l'enfance, fait que je pratique le respect sans l'entendre comme un respect mais enéprouvant la certitude que j'agis spontanément au nom d'un universel considéré comme humain. CITATIONS: « Une personne est ce sujet dont les actions sont susceptibles d'imputation.

» Kant, Doctrine du droit, 1797.« Les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parceque leur nature les désigne déjà comme des fins en soi.

» Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, 1785. « L'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyendont telle ou telle volonté puisse user à son gré.

» Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, 1785. Respecter l'autre, c'est m'interdire de l'utiliser comme un simple moyen pour parvenir à mes fins.

Je ne respectel'autre qu'en tant que je respecte en lui la nature raisonnable de l'humanité, qui est à elle-même sa propre fin. « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autretoujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, 1785. « Il appartient à la culture, à la pensée comme conscience que l'individu prend sous la forme de l'universel, que jesois saisi comme personne universelle : en celle-ci tous sont identiques.

L'homme a cette valeur parce qu'il esthomme, non parce qu'il est juif, catholique, protestant, allemand, italien, etc.

» Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1821. Tout sujet a droit à être reconnu, au-delà de la communauté nationale, politique ou religieuse à laquelle il appartient, comme personne universelle. « Dans la mesure où chacun est reconnu comme une essence libre, il est une personne.

C'est pourquoi le principedu droit peut s'énoncer aussi de cette manière : chacun doit être traité par autrui comme une personne.

» Hegel, Propédeutique philosophique, 1840 (posth.). »

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