Doit-on apprendre à devenir homme ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
Etre homme se comprend généralement comme un fait, en référence à la possession de l’essence ou de la nature humaine. Par ailleurs, il semble être une caractéristique de l’homme, contrairement aux animaux, de ne pas se définir par un ensemble d’instincts figés, mais de posséder une capacité d’apprentissage qui permet le développement de ses facultés. Faut-il alors penser que la qualité d’être homme nous est donnée d’emblée, de façon innée, par notre nature, qui serait directement achevée, et que l’apprentissage ne consiste que dans le perfectionnement de cette nature ? Ou bien cet apprentissage doit-il nous conférer la qualité d’homme, à partir d’une potentialité qu’il nous reviendrait de faire accéder à la nature humaine ?
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Problématique
La tendance naturelle à la sociabilité et à la reconnaissance juridique et morale des droits et de la dignité d'autrui neparaît pas être immédiatement utile à l'homme pour survivre.
Animal d'abord, il paraît au contraire naturel de seméfier du danger que peut représenter autrui, ce qui suppose que se trouve garantis ses rapports avec lui par desrègles.
Dès lors, pour devenir véritablement un homme, et dépasser les conditions d'une existence animale et fragile,les hommes doivent pouvoir s'entendre et se reconnaître, ce qui suppose une forme d'éducation morale et politique.Autrement dit, si l'homme doit vivre en société pour bien vivre, il doit apprendre à devenir un être sociable.
Dès lors,la question de l'apprentissage possible de l'humanité de l'homme se pose.
En effet, les deux définitions de l'hommecomme animal et comme être sociable confrontent à un paradoxe.
D'une part, l'homme est homme parce qu'il estanimal et poursuit son intérêt particulier mais, d'autre part, l'homme est homme à partir du moment où il renonce àson animalité et devient un être politique.
Plan rédigé proposé
1.
Ia.
Il paraît tout d'abord découler d'une définition de l'homme comme animal le fait que tout homme estnaturellement homme dès l'instant où il agit en animal.
Ib.
Il ne doit donc pas apprendre son humanité puisqu'elle se définit par la primauté de l'intérêt égoïste en lui.
Ic.
Ce n'est en ce sens que plus tardivement dans la construction de son rapport aux autres qu'il peut devenirhomme et définir les règles juridiques et morales d'une coexistence pacifique avec les autres.
2.
IIa.
Toutefois, en prenant la mesure du fait qu'il ne peut vivre sans les autres, il semble nécessaire de dépassercette définition naturelle de l'homme pour montrer que l'homme doit apprendre à devenir homme en comprenant sadépendance à l'égard des autres et de la culture qui réunit historiquement les hommes.
IIb.
Ce processus de construction de soi n'est d'ailleurs pas un processus historique, mais une découverte de soi etun renoncement à l'animalité qui l'éloignait de son humanité.
IIc.
Se comporter en animal est même une façon de renoncer à soi, c'est-à-dire un maintien dans une condition quile rend de plus en plus incapable d'agir e,n tant qu'homme et de faire parler en lui l'intelligence qui le distingue de labête.
3.
IIIa.
Cette analyse semble élucider le paradoxe du sujet en montrant que l'homme ne devient pas homme au senspropre du terme, mais est toujours homme et devient citoyen en renonçant progressivement à une individualitéégoïste.
IIIb.
Cependant, lorsqu'il se discipline et construit une société avec les autres, l'homme renonce à une part de sonanimalité, ou fait en tout cas semblant dans un premier temps d'y renoncer, au point qu'il finit par devenir un êtredocile qui ne laisse plus exprimer la nature en lui.
IIIc.
Ce qu'a perdu l'homme est donc ce qu'il avait de plus propre, c'est-à-dire la façon dont il s'affirmait lui-même,pour devenir comme les autres et adopter les mêmes règles que tout le monde.
Il ne serait pas faux à cet égard demontrer que l'apprentissage de l'humanité est paradoxal puisqu'il se traduit par un renoncement à l'identité première.À la question de savoir si l'homme doit apprendre à devenir homme, il est donc possible de répondre de façonpassablement ambiguë.
Il doit apprendre à devenir homme s'il veut trouver les meilleures conditions de sa vie, maisen apprenant ainsi à devenir le même homme que les autres, il finit par ne plus être un homme, c'est-à-dire par neplus rien avoir de propre et d'authentique qui lui appartienne à lui seul..
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