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Doit-on apprendre à devenir soi-même ?

Publié le 24/01/2011

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Tout au long de sa vie, l'homme traverse des périodes de questionnement, appelées généralement « crises existentielles «, durant lesquelles il remet en cause sa propre identité. La plus importante est certainement celle de l'adolescence, où il se rend compte qu'il n'est peut-être pas ce qu'il croyait être et se demande ce qu'il va et devrait être. Ces questions qu'il se pose sont essentielles à l'élaboration d'une structure de vie, à l'orientation sensée de ses actions, et reviennent à se demander comment définir son moi. Le soi-même implique une réflexion sur ce que l'on est, afin de faire apparaître notre essence, soit ce qui nous distingue du reste des hommes. Ainsi, pour se connaître et trouver sa place dans le monde, est-il suffisant de vivre sans questionnement, ou doit-on apprendre, soit entreprendre un processus de quête d'un savoir, à devenir soi-même ? Cependant, si l'homme est déjà construit malgré lui par ses expériences, comment lui est-il possible de devenir ce qu'il est déjà ? Nous verrons donc que, par de multiples facteurs inaccessibles à l'humain, ce dernier est lui-même par essence, sans qu'il ne puisse y changer quoi que ce soit. Toutefois, on réalise au fil de la vie qu'à cause de certaines contraintes intérieures ou extérieures à l'homme, on n'est pas toujours soi-même. Enfin, nous montrerons qu'afin de concilier ces deux aspects paradoxaux, on doit, pour des obligations morales et pour garantir sa santé mentale, apprendre à devenir soi-même.

« manière que celle de l'inconscient, loin de là.

En effet, selon Descartes, la conscience est transcendante, et la viepsychique de l'homme se résume à sa conscience réfléchie, soit sa capacité à réfléchir sur lui-même.

De plus,toujours selon Descartes, la conscience, soit la faculté qu'a l'homme de connaître sa propre réalité et de la juger,est propre à tout homme et le distingue de l'animal.

Ainsi, se connaître et être soi-même serait l'essence même del'homme, il n'aurait pas à chercher à le devenir. Nous avons vu que, pour plusieurs raisons, l'homme était lui-même par essence.

Mais si cette affirmationest juste, il est paradoxal de se demander si l'on doit devenir ce que l'on est déjà.

Nous allons donc montrer quel'homme n'est pas toujours lui-même, et qu'il est d'ailleurs difficile de savoir quand on est soi-même et quand on nel'est pas. Dans une lettre à Paul Demeny de 1871, Arthur Rimbaud écrit : « Je est un autre ».

Il exprime ici la part del'étrangeté intrinsèque à l'homme.

En effet, on a parfois des réactions que l'on ne comprend pas, qui necorrespondent pas à la vision que l'on a de soi-même et cette ambiguïté témoigne de la présence de cette autrepersonne qui nous habite.

Freud explique ce phénomène par la théorie du tableau de l'appareil psychique.

Ce dernierserait composé de trois zones : le ça, sphère la plus primitive de l'appareil psychique, à l'origine des pulsions ; le surmoi , zone de la censure, intégrant l'ensemble des interdits et des tabous qui proviennent de l'image intériorisée de l'éducation ; le moi , correspondant à la conscience psychologique, l'identité personnelle, soit l'ensemble des motivations qui conditionnent l'adaptation à la réalité.

Le moi est donc déchiré entre les désirs du ça, les normes morales et sociales dictées par le surmoi , et les exigences du monde extérieur.

Lorsqu'on prend une décision, il s'agit d'un difficile compromis entre ces trois sphères, car l'une d'entre elles est forcément mise de côté.

Pour êtreentièrement soi-même, il faudrait pouvoir satisfaire chacune d'elles, c'est pourquoi il est difficile d'être toujours soi-même. De nombreuses situations de la vie nous font voir que l'on n'est pas toujours soi-même, notamment lorsquel'on doit revêtir une apparence qui n'est pas la nôtre, pour une raison ou une autre.

Lorsque l'on s'introduit dans unmilieu social qui n'est pas le nôtre, on est souvent contraint de s'adapter aux mœurs de ce milieu, en altérantl'image que l'on donne.

On exprime des points de vue différents du nôtre, on change d'attitude « physique » vis-à-vis des autres, et on refoule ainsi certains automatismes dont on a l'habitude.

C'est pourquoi l'on n'est pas soi-même et l'on ne se sent pas à l'aise. L'homme n'agit pas toujours selon ses propres convictions car il est soumis à l'emprise d'autrui.

MartinHeidegger, dans Être et Temps , développe l'idée de la « dictature du on ».

Il écrit : « Nous nous amusons, nous nous distrayons, comme on s'amuse; nous lisons, nous voyons, nous jugeons de la littérature et de l'art, comme on voit et comme on juge; et même nous nous écartons des grandes foules comme on s'en écarte; nous trouvons scandaleux ce que l' on trouve scandaleux ».

Cela signifie que le on, soit les autres, prescrit à chacun d'entre nous son mode d'être.

Nous vivons donc de la même façon que tout le monde, surtout dans la société d'aujourd'hui quitend à s'uniformiser.

Ainsi, l'emprise d'autrui nous empêche d'exprimer ouvertement qui nous sommes et d'êtreentièrement nous-même. L'homme est donc constamment soumis à certaines contraintes psychiques (la pluralité des sphères de sonappareil psychique) et sociales (l'importance de l'apparence et l'emprise d'autrui).

Ainsi, bien qu'une grande partie dusoi-même soit innée, on n'est pas toujours soi-même.

Nous allons donc voir pourquoi apprendre à devenir soi-même,au sens de prendre conscience de ce que l'on est, est un devoir, et par quels moyens cette quête est réalisable.. »

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