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Doit-on le respect aux êtres vivants ?

Publié le 25/08/2005

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Respecter la personne c'est promouvoir cette liberté: or une telle liberté ne se trouve chez aucun animal, elle constitue un trait propre de la nature humaine.  Le respect s'accompagne de la capacité à dialoguer plutôt qu'à s'affronter. Le respect fait partie des marques d'une communauté de relation dans laquelle la reconnaissance est réciproque: j'attends d'autrui qu'il me respecte autant que je le respecte. Une telle réciprocité n'aurait pas de sens entre les hommes et le reste du vivant. 

II. Mais ne doit-on pas étendre le respect à l'ensemble du vivant ?

L'accroissement massif des interventions humaines sur le monde animal mais aussi sur l'embryon humain dans les premiers stades de son développement semble pourtant imposer une interrogation sur les limites de l'action légitime.

* Un principe de sauvegardeLa question se pose d'abord comme une question de sauvegarde contre des menaces directes : l'action de l'homme à l'égard du vivant provoque la disparition massive d'espèces végétales et animales; la notion de respect mettrait en valeur l'aspect précieux car fragile et non renouvelable à volonté de la vie sur terre.

* Une communauté réelle ? Bien que décrété de manière unilatérale, le respect peut-il fonder une communauté de tous les êtres vivants avec ce seul critère comme lien de solidarité ?

Le respect, notion centrale de la réflexion morale, a longtemps été associé à la notion de personne humaine. Kant précise que nous respectons autrui en tant qu'être raisonnable. Mais le développement de la biologie et des techniques qui en dérivent pose aujourd'hui de façon urgente la question des limites de l'intervention humaine sur le vivant même dépourvu de rationalité. L'enjeu du sujet est donc d'une grande actualité et concerne un débat encore loin d'être tranché. Compte tenu de la complexité de cette discussion, on ne prétendra pas résoudre définitivement la question mais on tentera d'en examiner les aspects principaux.

« « Tout homme a le droit de prétendre au respect de ses semblables etréciproquement il est obligé au respect envers chacun d'entre eux.

L'humanitéelle-même est une dignité ; en effet l'homme ne peut jamais être utilisésimplement comme moyen par aucun homme (ni par un autre, ni même par lui-même), mais toujours en même temps aussi comme une fin, et c'est en ceciprécisément que consiste sa dignité (la personnalité), grâce à laquelle ils'élève au-dessus des autres êtres du monde, qui ne sont point des hommeset peuvent lui servir d'instruments, c'est-à-dire au-dessus de toutes leschoses.

Tout de même qu'il ne peut s'aliéner lui-même pour aucun prix (ce quicontredirait le devoir de l'estime de soi), de même il ne peut agircontrairement à la nécessaire estime de soi que d'autres se portent à eux-mêmes en tant qu'hommes, c'est-à-dire qu'il est obligé de reconnaîtrepratiquement la dignité de l'humanité en tout autre homme, et parconséquent sur lui repose un devoir qui se rapporte au respect qui doit êtretémoigné à tout autre homme.

» ordre des idées 1) Formulation des deux formes de l'impératif moral : respecter la personned'autrui :— sous la forme d'un droit : tout personne humain peut exiger d'être respectépar les autres; — sous la forme (corrélative) d'un devoir : chaque personne doit respecter les autres. 2) Justification .

Ces droit et devoirs reposent sur la nature même de l'humanité.— Être un homme est une dignité : une valeur absolue, donc supérieure à toute autre valeur ; l'homme est une«personnalité», c'est-à-dire qu'il a les caractères d'une personne ainsi définie comme valeur inconditionnelle.— Explication de cette valeur absolue : l'homme est une fin en soi, non un simple moyen.— En conséquence, position de la personne par rapport aux autre êtres : la valeur de l'homme dépassant celle detous les autres êtres, ces derniers sont des « choses », qu'il peut légitimement utiliser comme moyens au service deses propres fins. 3) Conséquence morale de l'homme conçu comme « personne » : sa dignité implique que chaque homme agisse entenant compte de la valeur absolue de chaque homme.— Première application de ce devoir (le respect de soi) : nulle personne n'a le droit de s'aliéner (se vendre à uneautre).— Seconde application (le respect des autres) : je dois reconnaître en chaque autre personne cette même valeurabsolue en m'abstenant de tout ce qui pourrait lui porter atteinte.

La personne humaine se signale par sa liberté.

Respecter la personne c'est promouvoir cette liberté: or unetelle liberté ne se trouve chez aucun animal, elle constitue un trait propre de la nature humaine. Le respect s'accompagne de la capacité à dialoguer plutôt qu'à s'affronter.

Le respect fait partie des marquesd'une communauté de relation dans laquelle la reconnaissance est réciproque: j'attends d'autrui qu'il merespecte autant que je le respecte.

Une telle réciprocité n'aurait pas de sens entre les hommes et le reste duvivant.

II.

Mais ne doit-on pas étendre le respect à l'ensemble du vivant ? L'accroissement massif des interventions humaines sur le monde animal mais aussi sur l'embryon humain dans lespremiers stades de son développement semble pourtant imposer une interrogation sur les limites de l'action légitime. • Un principe de sauvegardeLa question se pose d'abord comme une question de sauvegarde contre des menaces directes : l'action de l'hommeà l'égard du vivant provoque la disparition massive d'espèces végétales et animales; la notion de respect mettrait envaleur l'aspect précieux car fragile et non renouvelable à volonté de la vie sur terre. Dans Le Principe Responsabilité, Hans Jonas propose à ce sujet une analyse intéressante des nouveaux rapportsentre l'homme et la nature.

Selon cet auteur, les progrès techniques accomplis par l'homme au cours de cesdernières décennies ont considérablement élargi le champ de la responsabilité humaine et nous obligent à reformulerles termes de notre éthique.

Les morales du passé étaient fondées sur la proximité et la réciprocité.

Ellesconseillaient à l'homme de ne pas nuire à son prochain ou de faire avec celui-ci comme on ferait envers soi-même.Mais les pouvoirs accrus acquis par l'homme du fait de sa puissance technique lui donnent aujourd'hui la possibilitéde faire du mal à un être qui est fort éloigné de lui et à l'égard duquel ne peut se poser la question de la réciprocité:. »

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