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Doit-on répondre au mal par le mal ?

Publié le 26/08/2005

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Les livres du Lévitique et de l'Exode sont remplis de motifs de mises à mort (pour meurtre, rapt en vue de mise en esclavage, mais aussi idolâtrie, sorcellerie, non-observance des lois rituelles, enfin adultère, inceste, sadisme, bestialité, prostitution). Habituellement, la lapidation, parfois accompagnée d'exposition, accomplit la sentence, l'ensemble de la communauté participant à l'exécution du jugement qui exprime la colère de Dieu contre ceux qui ont rompu le pacte collectif d'obéissance et de service. La loi du talion domine avec sa catégorique réciprocité : « Tu donneras vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure » (Exode, XXI, 24-25)  Deux facteurs importants vont peu à peu jouer : le droit romain et le développement du christianisme. Par le moyen de la citoyenneté, le droit romain étend la protection juridique à certaines catégories d'habitants de l'Empire. Les recours diminuent la menace imminente de la peine de mort. Pour aboutir à celle-ci, il faut au préalable obtenir la levée de l'immunité que représente la citoyenneté (capitis amissio). De plus, les besoins économiques favorisent la condamnation aux travaux forcés, par exemple dans les mines de sel, en remplacement de la peine capitale. Ce processus reprend, au sein de l'Empire, le passage, dans les sociétés archaïques, de l'extermination des prisonniers de guerre à leur réduction en esclavage. C'est presque toujours par la découverte de substituts, plus humains ou simplement plus avantageux économiquement pour le corps social, que la peine de mort s'est trouvée historiquement réduite. 2) La justice empêche de répondre au mal par le mal.

 

Cette formule n'est pas sans faire penser à deux autres formules. Premièrement celle de la loi du Talion qui demande de répondre au mal par le mal (" oeil pour oeil, dent pour dent "), et un adage qui dit qu'il faut guérir le mal par le mal. Répondre au mal par le mal, c'est considérer que doit être rendu l'équivalent de ce qui a été donné. Ainsi, si un mal a été commis, on ne peut y répondre que par un autre mal. Une telle attitude considère alors la punition, par exemple, comme le retour équivalent à ce qui a été donné. On vous demande si l'on doit répondre au mal par le mal. La notion de devoir " doit-on ", doit vous conduire à une interrogation morale. Vous pouvez penser ici à la distinction entre la vengeance et la punition. Venger, c'est rendre ce qu'on a subit et c'est se satisfaire de la souffrance de l'autre. On rend alors le mal par le mal. La punition consiste à penser aussi une réparation, elle suppose un tiers qui juge. Or, dans ces conditions, la punition n'a peut-être pas nécessairement pour but de venger. Demandez-vous alors ce qui a le plus de valeur morale et pourquoi. Vous pouvez également penser à la parole du Christ dans les Evangiles lorsqu'il dit : " Si on te frappe sur la joue droite, tend la joue gauche ". Le devoir n'est pas alors de rendre ce qu'on a reçu, mais bien au contraire de rompre l'échange et sa symétrie, pour mettre fin au conflit. En effet, rendre le mal par le mal ne risque-t-il pas d'ouvrir à un conflit sans fin ?

 

« celui qui me pétrifie, celui aussi qui peut voir le monde selon sa propre perspective : bref, autrui est « celui qui mevole le monde » ou par qui « la situation m'échappe ».

Sartre voit cette relation comme fondamentalementdangereuse et menaçante : autrui est un autre moi-même, dont rien ne me sépare, « si ce n'est sa pure et totaleliberté ». Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, en tant qu'il est celui par lequel ma conscience devient conscience de soi.

Son mérite est d'avoir montréque, dans mon être essentiel, je dépends d'autrui.

Autrement dit, loin que l'on doive opposer monêtre pour moi-même à mon être pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît comme une condition nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale de Hegel est de me faire dépendre de l'autre en mon être.

Je suis, dit-il, un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre. » Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte des consciences, c'est l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité. » Il reste donc à passer au niveau de l'existence effective et concrète d'autrui.

Aussi Sartre récupère-t-il le sens hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave, mais en l'appliquant à des rapports concretsd'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.

L'autre différence, c'est que si, pour Hegel , le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif de la relation à autrui. On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».

Ce thème est développé sur un plan plus philosophique dans « L'être & le néant ».

Parodiant la sentence biblique et reprenant l'idée hégélienne selon laquelle « chaque conscience poursuit la mort de l'autre ».

Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisseautrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, une nature ; ma chuteoriginelle, c'est l'existence de l'autre… » J'existe d'abord, je suis jeté dans le monde, et ensuite seulement je me définis peu à peu, par meschoix et par mes actes.

Je deviens « ceci ou cela ».

Mais cette définition reste toujours ouverte.

Je suis donc fondamentalement libre « projet », invention perpétuelle de mon avenir.

Et je suis celui qui ne peut pas être objet pour moi-même, celui qui ne peut même pas concevoir pour soi l'existence sous forme d'objet : « Ceci non à cause d'un manque de recul ou d'une prévention intellectuelle ou d'une limite imposée à ma connaissance, mais parce que l'objectivité réclame une négation explicite : l'objet, c'est ce que je me faisne pas être… » Or je suis, moi, celui que je me fais être.

Et c'est précisément parce que je ne suis que pure subjectivité et liberté, que le simple surgissementd'autrui est une violence fondamentale.

Peu importe qu'il m'aime, me haïsse ou soit indifférent à mon égard.

Il est là, je le vois et je découvre que jene suis plus centre du monde, sujet absolu.

Il me voit, et avec son regard s'opère une métamorphose dans mon être profond : je me vois parce qu'ilme voit, je m'appréhende comme objet devant une transcendance et une liberté. Si chaque conscience est une liberté qui rêve d'être absolu, elle ne peut que chercher à transformer la liberté del'autre en chose passive.

Sartre illustre d'abord ce conflit à travers l'expérience du regard.

Qu'est-ce qui, en effet, me dévoile l'existence d'autrui, sinon le regard ? Si je regarde autrui, ce dernier me regarde aussi.

C'est la raisonpour laquelle Sartre envisage les deux moments. Dans un premier moment, je vois autrui.

Imaginons : « Je suis dans un jardin public.

Non loin de moi, voici une pelouse et, le long de cette pelouse, des chaises. » Situation paisible.

Le décor est neutre, la trame est inexistante : « Un homme passe près des chaises.

Je vois cet homme… » Finie la quiétude ! Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne le saisis pas seulement comme un objet, mais aussi et en même temps comme unhomme.

Si je pouvais penser qu'il n'est rien d'autre qu'un objet, un automate, par exemple, je le saisirais « comme étant « à côté » des chaises, à 2,20 m de la pelouse, comme exerçant une certaine pression sur le sol, etc. ».

Autrement dit ce ne serait pour moi qu'un objet comme les autres, qui s'ajouterait aux autres : « Cela signifie que je pourrais le faire disparaître sans que les relations des autres objets entre eux soient notablement modifiées.

En un mot, aucune relation neuve n'apparaîtrait par lui entre ces choses de mon univers… » Le saisir comme homme, qu'est-ce que cela signifie, sinon saisir une « relation non additive » des objets à lui, une nouvelle organisation des choses de mon univers autour de cet objet privilégié ? Autrement dit, avec l'apparitiond'autrui dans mon champ de vision, une spatialité se déploie qui n'est pas ma spatialité, un autre centre du mondeapparaît et du même coup un autre sens du monde.

Les relations que j'appréhendais entre les objets de mon universse désintègrent : « L'apparition d'autrui dans le monde correspond donc à un glissement figé de tout l'univers, à une décentration du monde qui mine par en dessous la centralisation que j'opère dans le même temps. » Cette décentration du monde fait de moi un sujet glissant.

La désagrégation « gagne de proche en proche » tout mon univers.

Autrui tend à me « voler le monde ».

Si autrui n'existait que sur le mode d' « être-vu-par-moi », je pourrais, en m'efforçant de le saisir seulement comme objet, le réintégrer dans ma propre vision du monde.

Maisautrui me voit.

J'existe sur le mode d' « être-vu-par-autrui ». Second moment : être vu. « Imaginons que j'en sois venu à coller mon oreille contre une porte, à regarder par le trou d'une serrure.

Je suis seulet sur le plan de la conscience non-thétique de moi. ». »

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