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D'où viennent les difficultés que l'on éprouve à communiquer avec les autres ?

Publié le 09/03/2009

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La communication peut être conçue comme un échange nécessitant d'une part un émetteur, d'autre part un récepteur, qui s'aligne l'un sur l'autre à travers un canal de communication. En effet, qu'il s'agisse d'une communication orale, ou corporelle, il s'agit toujours de s'entendre, même tacitement sur ce canal de communication au sein duquel les échanges vont prendre leur sens. Si quelqu'un me fait du pied sous la table, au moment où j'énonce une bêtise, il me faut saisir que, ce qui se passe sous la table, a valeur de communication, sous quel cas sinon, je prendrai cela pour un simple coup de pied. Si l'on effectue une genèse des obstacles à la communication, ils trouvent leur origine dans deux endroits distincts. La première origine est à situer au-delà des hommes, même si proprement humaine: selon la culture, le langage, les croyances, les coutumes, les hommes peuvent ne pas se comprendre. Mais l'on remarque que ce qui fait ici obstacle à la communication humaine, c'est l'homme lui-même, soit le processus culturel par lequel il fait advenir ses potentialités. L'homme est un être de culture qui advient à son humanité en exploitant grâce à cette culture les potentialités langagières, psychiques, épistémiques (liées à la connaissance et aux croyances qui permettent d'expliquer son environnement). Or, ce sont ces facultés qui ici font barrage à la communication. N'est-ce pas alors le propre de l'Homme que ces problèmes de communication? La seconde origine est propre à l'individu lui-même: ses sentiments, sa manière d'investir les choses selon ses ressentis (...). On ne se comprend pas alors, car l'on envisage les choses selon notre propre fond affectif, un fond différent d'un individu à l'autre, selon son histoire, son expérience. Mais là encore, l'individu est le fruit d'un développement historique et personnel. A l'échelle individuelle, n'est-ce encore pas le propre des hommes que ces problèmes de communication? N'est-ce pas l'homme qui toujours se fait obstacle, s'abimant dans ses propres filets? Vouloir une communication parfaitement claire, ne serait-ce pas vouloir en même temps la fin des hommes, la fin de l'Homme?

  • 1. Au-delà des hommes: le problème du relativisme culturel

 

  • 2. Parmi les hommes, des individus

 

  • 3. Le fantasme d'une communication parfaite

« cette histoire singulière dont les individus sont issus et qui implique une certaine perspective sur le monde.

Vouloirun discours transparent, c'est par là même perdre ses acteurs singuliers. Le fantasme d'une communication parfaite III. Dans Le Rire , Henri Bergson va précisément s'attarder sur le langage qui classe pour ainsi dire la réalité en créant des ensemble qu'il étiquette.

C'est un travailde conceptualisation .

Lorsque des éléments de la réalité proposent des attributs essentiels similaires, on les met dans un même ensemble. Et heureusement, puisque sinon nous ne pourrions rien communiquer, nousserions perdus dans un océans de particuliers.

Parce que je ne peux donner unnom à chacune de mes cuillères dans mon tiroir à couvert, je leur attributstoutes le même ensemble nominal d'appartenance: et l'on comprend cela,puisque la mémoire humaine est limitée.

Mais du même coup le langage permetautant qu'il sacrifie.

Que ce soit les émotions, ou encore telle ou telle partie dumonde, en les exprimant je les réduis.

Je manque ce qu'il y a de particulier, je neles détermine que par sa ressemblance avec d'autres: il n'y a de langage quegénéral.

La vérité singulière de chaque chose est ainsi sacrifiée sur l'autel de lacommunicabilité. Mais nous arrivons ainsi à la conclusion que le problème de communication estintrinsèque au canal utilisé pour communiquer: le langage qui ne me donnequ'une part de l'être, quand il ne l'éclipse pas entièrement.

On saisit ici ce querevêt le fantasme d'une communication claire.

Au-delà du fait qu'en elle sesignerait la mort de l'Homme comme être culturel, la mort de l'individu comme développement d'une histoire, il y a aussi cette quête de l'absolu de l'être, de l'absolu de l'homme qui pourrait sedonner dans la communication.

Nous ne supportons pas cet apport fragmentaire que nous propose la parole del'autre, nous voudrions le pénétrer entièrement dans ce qu'il a de plus propre, de plus singulier.

Nous désirons sonêtre dans sa totalité, nous désirons ce secret qui révèle en nous l'angoisse face à ce qui nous échappe.

Cettevolonté de se faire omniscient est propre au désir qui est toujours désir de faire de l'autre un objet fixe, un en-soi. Conclusion Les difficultés de communication sont donc quelque part intrinsèque et à l' Homme comme être culturel et aux hommes , en ce qu'ils ont d'irréductiblement singulier.

La communication parfaite, transparente, cherche au fond à en finir avec l'altérité pourtant radicale et constitutive de l'autre.

Elle est un désir qui naît d'un refus: celui de perdrele contrôle sur l'autre, de n'avoir accès que par discontinuité à une part de son être.

Les langages universels commela logique ou les mathématiques, ou aucune désentente n'est possible en raison de l'univocité des signes, fait ainsiapparaître des fantômes, des acteurs désincarnés, sans histoire, sans singularité, sans moi en somme.

Refuser lesdifficulté de la communication, c'est refuser au fond la communication comme étant en jeu des êtres différents, desmoi singuliers.. »

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