En politique, ne faut-il croire qu'aux rapports de force ?
Publié le 13/02/2004
Extrait du document
- I) En politique, il ne faut croire qu'aux rapports de force.
- II) En politique, il ne faut pas seulement croire aux rapports de force.
«
« Aussi est-il nécessaire au prince qui se veut conserver qu'ilapprenne à pouvoir n'être pas bon.
» MACHIAVEL
En 1513, Machiavel, diplomate originaire de Florence, achève larédaction du « Prince ».
Suite à un bouleversement politique àFlorence, il avait été contraint d'abandonner ses fonctions et dese retirer.
Il profita de cet exil pour rédiger une sorte de traitéexpliquant à un chef politique la façon de sauvegarder son pouvoiret même d'accéder à la gloire.L'idée d'un tel ouvrage, constitué par des conseils adressés à unprince, n'était pas neuve en elle-même.
Il existait déjà denombreux « miroirs des princes » et Machiavel s'insère donc dansune tradition.
Mais il rompit avec l'usage et provoqua le scandalepar la manière dont il aborda le problème.
On vit en lui unenouvelle incarnation de Satan et, aujourd'hui encore, quelquescommentateurs continuent de le considérer comme un « apôtre dumal ».Le discours humaniste du temps, que récuse Machiavel, s'inspiraitdes moralistes latins et notamment de Cicéron.
Pour ce dernier etceux qui se rattachaient à sa pensée au XV ième, la gloire du chefreposait sur une bonne gestion allant de pair avec une conduitevertueuse, cad conforme aux exigences de la morale.Machiavel s'inscrit en faux contre cette thèse.
Le souci premier du Prince doit être de conserver son pouvoir et même de l'accroître à l'occasion.
Si les hommes étaientbons, il pourrait le faire sans jamais s'écarter des grands principes moraux universellement admis.
Mais leshommes sont pour la plupart méchants quand on ne les force pas à être bons.
En conséquence, le Princesera vertueux, au sens courant du terme, si le contexte le permet, et il ne le sera pas si la situation le luiimpose.
En cas de nécessité, il pourra faire des entorses aux grands principes.
Il lui sera loisible d'agircontre la parole donnée, contre la charité, contre l'humanité (le respect de l'homme) et même contre lareligion.
La fin justifie les moyens.Cette idée est exprimée en plusieurs endroits du « Prince » et de « Discours sur la première décade deTite-Live », et, en particulier, dans le chapitre XV du « Prince » : «Car qui veut entièrement faireprofession d'homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d'autres qui ne sont pas bons.
Aussiest-il nécessaire au Prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon, et d'en user oun'user pas selon la nécessité.
».Après avoir, dans les premières pages du « Prince », envisagé les différentes formes de gouvernement,Machiavel décide de centrer son propos sur la situation qui peut paraître la plus précaire, celle d'unprince nouveau et qui a été mis en place par une armée étrangère.
Quels principes doit mettre en oeuvrece prince pour se conserver et pour conserver son pouvoir ? Le « Prince » tout entier se propose derépondre à cette question.Machiavel pense que l'on peut tirer des leçons de l'histoire.
En étudiant le comportement des grandshommes, en analysant les causes de leurs échecs ou de leurs succès, il est possible de dégager lesprincipes sur lesquels pourra se fonder une action politique.
Sa conclusion est claire : on ne fait pas debonne politique avec de bons sentiments.Il n'est pas important pour le « Prince » d'être bon ou de ne pas l'être.
Celui-ci doit avoir la ruse durenard « pour connaître les filets » et la force du lion « pour faire peur aux loups ».
L'exemple à suivreest celui de l'empereur Sévère qui « fut un très féroce lion et un très astucieux renard ».« Il faut donc savoir qu'il y a deux manières de combattre, l'une par des lois, l'autre par la force ; lapremière forme est propre aux hommes, la seconde propre aux bêtes ; comme la première bien souventne suffit pas, il faut recourir à la seconde.
Ce pourquoi est nécessaire au Prince de savoir bien pratiquerla bête et l'homme.
»La même idée que la fin justifie les moyens est exprimée dans les « Discours » : « Un esprit sage necondamnera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler unemonarchie ou pour fonder une république.
Ce qui est à désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultatl'excuse.
»Ce réalisme, bien loin de la morale humaniste ou de la morale chrétienne, apparaît, à première vue, tout àfait dénué de machiavélisme.
Dans son acception courante, ce terme évoque, en effet, des manoeuvrestortueuses, le recours au secret.
Rien de tout cela ici, mais seulement un exposé lucide dans lequel iln'est pas toujours facile de percevoir la marge d'ironie.
Ce « machiavélisme » apparaît cependant dansles conseils complémentaires.
Le prince doit « savoir entrer dans le mal s'il y a nécessité », mais il veilleracependant à sauver sa réputation.
Il fera prendre les mesures impopulaires par quelqu'un d'autre, seréservant celles qui ont la faveur du peuple.
Il sera renard : « Mais il est besoin de savoir bien colorercette nature, bien feindre et bien déguiser.
» Machiavel ajoute que les hommes sont si simples et tantsoumis aux nécessités du présent que celui qui trompe trouvera toujours quelqu'un prêt à se laissertromper.
Il importe donc avant tout de préserver ce que l'on n ‘appelait pas encore son « image demarque » : « il n'est donc pas nécessaire à un Prince d'avoir toutes les qualités dessus nommées, maisbien il faut qu'il paraisse les avoir.
»Un exemple parmi d'autres de ces pratiques, qui laissa Machiavel frappé de stupeur, mais sans douteaussi admiratif : César Borgia, pour faire régner l'ordre en Romagne, donna toute puissance à l'un de ses.
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