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En quoi la maîtrise du feu relève-t-elle de la culture ?

Publié le 29/08/2005

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Selon Bacon et Descartes dans Le discours de la méthode, l'homme se fait possesseur de la nature par la technique : par elle, la nature est mise au service de l'homme.   II/ La culture surpasse et englobe cependant la technique   La technique sert de support à la culture   Les innovations techniques aboutissent à faire émerger d'autres formes de culture. Ainsi, la découverte du feu s'est traduite par une sacralisation, une ritualisation magique de cette innovation. De même, l'invention de la machine à imprimer par Gutenberg, ou du cinéma par les frères Lumière, n'ont été que le point de départ et le support de créations artistiques constitutives de la culture. Car au-delà de l'innovation technique, ce qui distingue l'homme de l'animal c'est sa capacité à n'être pas seulement présent au monde, mais à se le représenter.   La technique n'est qu'un des éléments de la culture   La technique apparaît donc relevant de la culture sans en avoir l'exclusivité. La magie, la religion, l'art, les constructions sociales, apparaissent comme autant d'éléments constitutifs de la culture humaine, en ce que celle-ci est une prise de distance de l'homme par rapport au monde qui l'entoure. Par la culture, l'homme prend du recul par rapport à ce monde dans lequel il est plongé pour le représenter, l'interpréter, éventuellement le changer.   III/ La culture doit penser la technique afin de n'être pas menacée par elle   Le développement inconsidéré de la technique peut mettre en danger la culture   Hans Jonas, dans Le principe responsabilité : une éthique pour la civilisation technologique, décrit le double pouvoir du progrès technique, à la fois facteur de progrès et de destruction. Le développement spontané d'une science spécialisée aboutit en effet à une autonomisation de la technique, qui échappe au pouvoir même de l'homme.

La maîtrise du feu apparaît comme l’un des moments fondateurs de l’humanité. Cette découverte est l’une des plus révolutionnaires de notre histoire, en ce sens qu’elle a profondément bouleversé le mode de vie des hommes de la préhistoire. Les premières manifestations du feu ont même fait l’objet de ritualisations magiques. Mais si le feu a fait l’objet d’un culte, la maîtrise du feu relève-t-elle elle-même de la culture ? Poser le lien entre maîtrise du feu et culture revient à s’interroger sur les rapports qu’entretiennent culture et technique. La technique relève-t-elle de la culture ? Selon E. Morin, la culture « s’apprend, se réapprend, se retransmet, se reproduit de génération en génération. Elle n’est pas inscrite dans les gènes, mais dans l’esprit-cerveau des êtres humains «. Si l’on se conforme à cette définition, force est de constater que la technique relève bel et bien de la culture. Pourtant, si elle en apparaît comme l’un des éléments (I), elle ne la constitue pas à elle seule (II). Bien au contraire, il semble même qu’un développement irraisonné de la technique, sans le support d’autres formes de culture, apparaisse comme un facteur de destruction (III).

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« Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de natureentre corps & esprit.

Ce qui relève du corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à desmachines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, à tomber. Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit lechercher. »La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de la médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but.

II/ La culture surpasse et englobe cependant la technique La technique sert de support à la culture 1.

Les innovations techniques aboutissent à faire émerger d'autres formes de culture.

Ainsi, la découverte du feu s'esttraduite par une sacralisation, une ritualisation magique de cette innovation.De même, l'invention de la machine à imprimer par Gutenberg, ou du cinéma par les frères Lumière, n'ont été que lepoint de départ et le support de créations artistiques constitutives de la culture.

Car au-delà de l'innovationtechnique, ce qui distingue l'homme de l'animal c'est sa capacité à n'être pas seulement présent au monde, mais àse le représenter.

La technique n'est qu'un des éléments de la culture 2.

La technique apparaît donc relevant de la culture sans en avoir l'exclusivité.

La magie, la religion, l'art, lesconstructions sociales, apparaissent comme autant d'éléments constitutifs de la culture humaine, en ce que celle-ciest une prise de distance de l'homme par rapport au monde qui l'entoure.

Par la culture, l'homme prend du recul parrapport à ce monde dans lequel il est plongé pour le représenter, l'interpréter, éventuellement le changer.

III/ La culture doit penser la technique afin de n'être pas menacée par elle Le développement inconsidéré de la technique peut mettre en danger la culture 1.

Hans Jonas, dans Le principe responsabilité : une éthique pour la civilisation technologique , décrit le double pouvoir du progrès technique, à la fois facteur de progrès et de destruction.

Le développement spontané d'une sciencespécialisée aboutit en effet à une autonomisation de la technique, qui échappe au pouvoir même de l'homme.

Ledéveloppement de l'industrialisation au détriment de ses conséquences écologiques est ainsi un exemple dedévoiement du progrès technique.

Le point de départ de Hans Jonas est la prise de conscience des menaces d'une extrême gravité que font peser surnotre environnement, mais aussi sur l'humanité tout entière, les nouvelles formes de « l'agir humain ».

Dans sonouvrage Le principe de responsabilité, Jonas formule deux constats.

Le premier est que les dimensions de l'agirhumain sont désormais formidablement amplifiées, du fait de l'extension sans précédent de la portée de nos actes.D'autre part, le recentrement historique de l'agir humain autour de l'agir technique est opéré.

C'est ce qui donne ledroit de parler de notre temps comme de l'âge technique. L'homme ne contrôle plus la technique : celle-ci répond en effet à une logique qui lui est propre, et nous neparvenons plus à freiner cette irrésistible fuite en avant, comme l'avait bien vu Heidegger. L'éthique traditionnelle fondée sur l'idée de réciprocité (égalité de droits et de devoirs entre les sujets libres etégaux) ne peut fournir aucune indication : car nous n'avons pas de devoirs, à ce point de vue à l'égard des choses,ni à l'égard d'êtres seulement potentiels.

L'éthique est à repenser et « le principe de responsabilité en reconstituerale fondement ultime : à partir du moment où l'homme a la puissance matérielle de détruire la nature, ses nouvellesresponsabilités concernant la perpétuation devenue problématique de l'humanité.

La responsabilité est l'ensembledes obligations que nous avons à l'égard d'êtres qui n'existent pas encore : il y a responsabilité, selon Hans Jonas, làoù il y a « vulnérabilité » qui est le caractère d'être sans défense que l'on doit protéger afin qu'ils puissent survivreou tout simplement naître. L'impératif catégorique qui découle de ce principe peut se formuler de cette manières : « Agis de façon que leseffets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre » ouencore « Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d'une tellevie.

» L'éthique kantienne ne suffit pas. »

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