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En quoi la philosophie nous fait-elle sortir de l'ignorance ?

Publié le 27/02/2008

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philosophie
La philosophie est  étymologiquement « l'amour du savoir et de la sagesse ». Aussi en tant que désir de savoir et de sagesse, elle peut être définie comme une recherche de la vérité. Or les hommes ne possèdent pas spontanément ce savoir de la vérité, il sont dans l'ignorance, c'est-à-dire dans un état où la connaissance est absente. La fonction de la philosophie serait alors de les faire sortir de cette gangue d'ignorance dans laquelle ils naissent pour les amener à une autre naissance en tant qu'êtres raisonnables. Mais sous quelle modalité la philosophie nus fait-il sortir nous hommes ignorants de notre situation originaire ? En tant que sa finalité est la recherche de la vérité, la philosophie est une activité de la raison qui nous permettrait d'acquérir un savoir, c'est-à-dire une somme de connivences cohérentes. Par conséquent la sortie de l'ignorance se ferait par l'apprentissage et l'acquisition de ce savoir. Cependant suffit-il d'apprendre un savoir pour se sortir de son ignorance ? On peut en effet douter de ce critère dans la mesure où nous rencontrons chaque jour des individus qui croient connaître et qui sont en fait ignorants. Or c'est justement l'ignorance redoublée de leur ignorance qui les empêche d'en sortir. La philosophie aurait alors en ce sens une fonction moins didactique que critique invalidant les pseudo connaissance. Il n'en reste cependant pas moins vrai qu'une fois les pseudo connaissances dénoncée, nous en restions toujours au même degré d'ignorance. Nous sommes alors confrontés à ce problème : est-ce par l'acquisition de connaissance que la philosophie nous fait sortir de l'ignorance ou bien au contraire par l'invalidation critique des pseudo connaissances ?
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« connaissance.

En effet en 84 ad, Socrate revient sur cette nécessité de la fonction critique de la philosophie dansla recherche de savoir pour démontrer à Menon qui lui en veut encore de lui avoir fait prendre conscience de sonignorance de l'utilité qu'on en retire.

« en l'amenant à éprouver de l'embarras et en le mettant comme la raie torpilledans cet état de torpeur, lui avons-nous fait du tort ? » Il est évident que cette fonction critique est positive dansla mesure où le fait de prendre conscience de son ignorance permet au jeune esclave interrogé de ne pas être dupede lui-même et de libérer son propre désir de savoir nécessaire pour la recherche.

Si la philosophie nous libère de nos pseudo connivences, il n'en reste pas moins qu'une fois ces connaissancesillusoires invalidées, nous demeurons encore dans l'ignorance.

Ne devons-nous pas alors nous tourner à nouveauvers l'acquisition de connaissances afin de nous sortir de notre ignorance ? III la philosophie comme apprentissage de l'impasse _ La philosophie se distingue peut-être de la science en ce qu'elle nous permet de sortir de notre ignorance par unautre moyen que l'acquisition de connaissances.

Si l'ignorance la plus terrible est celle qui s'ignore, la philosophie estorientée par un désir de lucidité qui cherche à ne jamais être dupe, et surtout pas d'elle-même.

Or l'idéal le plusavoué de la philosophie est la recherche de la vérité.

Mais ne serait-ce pas être dupe de soi que de chercher àaccumuler des connaissances lorsqu'on ne sait mêmes pas si l'hommes est capable de connaître ? En effet, sil'homme ne cesse de produire des théories et des hypothèses, rien ne nous garantit qu'il soit capable de connaître lavérité.

C'est ce que soutient Montaigne dans ses Essais II, 12.

Or si l'homme ne sait pas lui-même s'il est capable de connaître, comment pourrions nous continuer à croire que la philosophie va nous faire sortir de notre ignorance parla connaissances ? « Qui ne s'entend en soi, en quoi se peut-il entendre ? » Comme il l'écrit « nous n'avons aucunecommunication avec l'être ».

Aussi dans l'incertitude et le doute, la philosophie doit peut être nous apprendre à nepas nous illusionner sur nous-mêmes et renoncer par lucidité à cet idéal de connaissance._ La philosophie ne nous ferait plus alors sortir de l'ignorance en nous tendant la main de la connaissance.

Lamétaphore spatiale qu'implique le verbe sortir fait de l'ignorance un lieu avec des voies et des ouvertures sur uneextériorité qui aurait pour nom connaissance.

Ce que propose Montaigne, plutôt que de tenter de sortir de ce lieuau risque de s'illusionner , c'est de s'installer en ce lieu qui constitue essentiellement notre condition humaine.

Ils'agirait alors pour l'homme au moyen de la philosophie de faire l'apprentissage de cette impasse métaphysiquequ'est son ignorance face à l'être au néant et à la mort.

La finalité de la philosophie serait alors essentiellementéthique : comme Montaigne l'écrit en III , 13 « il faut n'apprendre qu'on est qu'un sot » et ainsi, en renonçant àsortir de cet état qui nous définit en tant qu'homme, vivre une vie humaine dans la joie sans nous plaindre de notreignorance essentielle : « pour moi donc j'aime la vie et je la cultive telle qu'il a plu à Dieu de nous la donner ».

Conclusion La philosophie nous fait moins sortir de notre ignorance par l'acquisition d'un savoir (fonction didactique) qu'en nousfaisant prendre conscience de notre ignorance masquée sous nos pseudo connaissances.

Alors la philosophie peutse lancer dans deux voies opposées : soit elle cherche à en sortir par la recherche de la vérité, soit elle abandonnecette recherche et accepte l'ignorance comme un fait constitutif de notre humanité; En somme la véritable sortie del'ignorance serait paradoxalement la reconnaissance de l'impasse.. »

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