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En quoi l'art peut-il être considéré comme une chose sérieuse ?

Publié le 01/08/2005

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Hume   "Il n'y a rien de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien." Théophile Gautier,   Aristote Le bonheur ne consiste pas dans l'amusement ; il serait absurde que l'amusement fût le but de la vie ; il serait absurde de travailler durant toute sa vie et de souffrir rien qu'en vue de s'amuser. On peut dire, en effet, de toutes les choses du monde, qu'on ne les désire jamais que pour une autre chose, excepté toutefois le bonheur ; car c'est lui qui est le but. Mais s'appliquer et se donner de la peine, encore une fois, uniquement pour arriver à s'amuser, cela paraît aussi par trop insensé et par trop puéril. Selon Anacharsis, il faut s'amuser pour s'appliquer ensuite sérieusement, et il a entièrement raison. L'amusement est une sorte de repos ; et comme on ne saurait travailler sans relâche, le repos est un besoin. Mais le repos n'est certes pas le but de la vie ; car il n'a jamais lieu qu'en vue de l'acte qu'on veut accomplir plus tard. La vie heureuse est la vie conforme à la vertu ; et cette vie est sérieuse et appliquée ; elle ne se compose pas de vains amusements. Les choses sérieuses paraissent en général fort au-dessus des plaisanteries et des badinages ; et l'acte de la partie la meilleure de nous, ou de l'homme le meilleur, passe toujours aussi pour l'acte le plus sérieux. Or, l'acte du meilleur vaut mieux aussi par cela même ; et il donne plus de bonheur.

Qu'est-ce qu'une affaire sérieuse ? Au nom de quoi ? Aux yeux de qui ? Le sérieux se trouve-t- il dans une fin de l'art ? L'art se veut-il sérieux ? Ou le sérieux doit-il être ce par quoi l'art pourrait être légitimé ? Doit-on prendre l'art au sérieux ? Est-il un simple divertissement, lié à l'agréable, au joli, à tout ce qui embellit la vie sans la modifier réellement ? La question des fins pratiques de l'art est intéressante. Le problème est que si on donne à l'art des fonctions extra-artistiques, telles que l'amélioration sociale, morale, etc. de l'homme, on en fait une affaire sérieuse mais uniquement par référence à des affaires sérieuses. Et la subordination explicite de l'art à des fins de ce genre donne-t-elle lieu à des oeuvres artistiques ? Et donner explicitement à l'art une fonction sérieuse, n'est-ce pas nier l'art ? Par exemple, le surréalisme récuse la notion d'art. Le surréalisme est une affaire sérieuse, pour Breton, précisément parce qu'il est au-delà de l'art, au-delà de la réalité.

 

« On assimile souvent l'art à un jeu, et on Oppose souvent le jeu au sérieux, cela implique une série d'autresoppositions, telles que : gratuité/utilité, jeu/vie ordinaire, imaginaire/réel, etc.

Selon ce point de vue, les activitéshumaines relèveraient, d'une part, du rêve, de la gratuité, de la noblesse (de l'imagination, etc., de l'autre, de laconscience, de l'utilité, de l'instinct (comme forme de l'animation), de la réalité, etc.

L'art serait plus du côté del'imaginaire, de l'inutile, du futile que des réalités de la vie.

En cela, il est difficile de qualifier de sérieux l'art puisqu'ilrefuserait d'entrer dans les catégories de réalité et du quotidien.

Poser la question de savoir si l'art est sérieux,revient à se demander dans quel mesure a part avec le versant opposé au rêve.

1) L'art comme un jeu.

Parfois la littérature et l'art peuvent devenir un véritable jeu qui consiste à inventer de nouvelles règles etcontraintes à l'exemple du mouvement surréaliste Les surréalistes ont aussi employé ces techniques de jeu pourcréer. Les jeux, fort à la mode dans le groupe surréaliste, reposent sur le même principe.

Dans la Petite Anthologie poétique du surréalisme , Georges Hugnet décrit ainsi celui qui porte le nom de « cadavre exquis » : « Vous vous asseyez à cinq autour d'une table.

Chacun de vous note, en se cachant des autres, sur une feuille, le substantifdevant servir de sujet à une phrase.

Vous passez cette feuille pliée de manière à dissimuler l'écriture à votre voisinde gauche en même temps que vous recevez de votre voisin de droite la feuille qu'il a préparée de la mêmemanière...

Vous appliquez au substantif que vous ignorez un adjectif...

Vous procédez ensuite de même manière,pour le verbe, puis pour le substantif devant lui servir de complément direct, etc.

» L'exemple, devenu classique, etqui a donné son nom au jeu, tient dans la première phrase obtenue de cette manière : « Le cadavre exquis boira levin nouveau.

» De même le mouvement Oulipo né en 1960.Le travail de l'Oulipo consiste donc à exhumer, classer,illustrer les contraintes qui sont présentes dans l'écriture littéraire : contraintes formelles le plus souvent, liées à lalangue, à la versification, à la construction narrative, contraintes sémantiques éventuellement.

C'est la premièretâche.

La seconde est d'inventer de nouvelles contraintes, notamment par le recours aux mathématiques.

L'Oulipova ainsi redonner vie au lipogramme, une contrainte aimée des écrivains de l'Antiquité, et qui consiste à écrire untexte en renonçant à une lettre de l'alphabet.

Du lipogramme va procéder une liste impressionnante d'autresprocédures, illustrant l'idée qu'une contrainte est toujours la mère d'autres contraintes potentielles : lemonovocalisme (une seule voyelle autorisée) ; la contrainte du prisonnier (un seul type de consonnes utilisées,celles qui n'ont ni queue ni hampe) ; la belle absente (forme fixe de poésie), etc.

L'Oulipo redonne également vie aupalindrome, à l'anagramme, à la sextine des troubadours, aux listes...

Il invente la méthode S +7 (on remplacechaque substantif par le septième qui suit dans le dictionnaire).

L'art apparaît de ce point de vue comme un simplejeu.Mais par extension, peut-on en dire autant des autres arts ? 2) Derrière des apparences de jeu, se cache une critique sérieuse de la société.

L'art moderne se donne un point de vue extérieur et une position critique à l'égard de toute culture de privilège : àla fonction idéologique de l'art classique, elle tente de substituer une fonction de l'art qui soit réellement critiquedans l'ordre culturel des rapports sociaux.

L'art étant entré dans l'air de la consommation, l'art doit se démarquer dela production industrielle.

Dès la fin du 19 e siècle, l'art a eu pour fonction d'embellir les productions de l'industrie, l' Art Nouveau précurseur du design a tenté de contrer le cours inéluctable du progrès technique.

La lutte contrel'uniformisation, la standardisation se retrouve jusque dans le pop art des années 1960.

L'art contemporain tend àfaire tourner les regards vers des faits de société, vers les marges, et tend à la provocation.

Les happenings, l'artcorporel, l'art brut ont une charge de contestation importante.

C'est aussi l'idée de contre-culture qui s'est forméautour de la Beat Generation , le rock, la culture hippie se place à l'opposé de la société de consommation.

Au-delà des aspects déroutants de l'art contemporain qui semble peu sérieux, se cache derrière tout art des revendicationssérieuses qui engage l'avenir de la société.

Les œuvres d'art forge le goût de la société et ont une influencepolitique.

Croire que l'art n'est qu'un divertissement serait bien naïf.

L'art exprime au contraire des choses hautes,des idées, il peut être le vecteur de la spiritualité.

3) L'art est un jeu sérieux, il se place au-delà des limites du sérieux et du jeu.

Parmi toutes les idées que passe ici en revue la philosophe Bradley, le jeu et le sérieux sont intimement liés.D'Héraclite à quelques disciples de Husserl et de Heidegger en passant par Nietzsche, l'idée de jeu a conservé unegrande importance.

Selon Bradley, le jeu implique un sens du sérieux ; le monde du jeu se révèle comme le seulmonde que l'homme puisse sérieusement désirer ; et le monde du sérieux, si nous l'examinons, se révèle comme cequi n'a pas d'importance ni de valeur.

Il faut donc aller au-delà de ces deux activités pour trouver l'Absolu ; et lesvaleurs sont partout et toujours mesurées par des degrés, puisque la seule réalité est l'Absolu qui, au-delà de. »

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