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En quoi le stratagème, qui s’appuie sur le mensonge, la ruse et la manipulation, permet-il de servir la vérité et la sincérité des sentiments au théâtre ?

Publié le 11/01/2024

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« Dissertation n°2 : Théâtre et stratagème, Les Fausses Confidences Problématique : En s’appuyant sur la lecture des Fausses Confidences ainsi que sur les extraits proposés à notre étude, nous répondrons à la question : En quoi le stratagème, qui s’appuie sur le mensonge, la ruse et la manipulation, permet-il de servir la vérité et la sincérité des sentiments au théâtre ? Au théâtre, le stratagème est souvent considéré comme un motif récurrent dans l’intrigue d’une comédie.

Grâce aux manipulations et à la ruse habile qu’il engendre, le stratagème va permettre à un personnage de retourner une situation voir d’obtenir un avantage.

Ainsi, on retrouve beaucoup de comédies fondées sur ce principe notamment Les Fausses Confidences, œuvre théâtrale de Marivaux jouée pour la première fois en 1737, comédie au succès limité mais qui a su charmer ses spectateurs par ses virtuosités de langage, d’analyse des sentiments et de satire de la société.

Le stratagème apparait alors comme un rouage dramaturgique essentiel qui prône la vérité et la sincérité des sentiments.

On peut tout de même se demander dans quelle mesure ce jeu de manigances permet-il néanmoins de promouvoir, au théâtre, la franchise et la loyauté des émotions.

Nous envisagerons dans un premier temps de montrer que le stratagème est fondé sur un jeu de manipulations et de mensonges, dans une seconde partie nous démontrerons néanmoins qu’il est utilisé afin de promouvoir la vérité et les sentiments.

Pour aller plus loin nous verrons le stratagème au théâtre. Le « stratagème », à son origine, renvoie au domaine de la guerre et de la stratégie militaire.

On le retrouve très vite au théâtre nourrissant de nombreuses intrigues sous la forme d’une ruse dans les comédies ou encore d’un complot dans les tragédies.

Pour les dramaturges, le stratagème est constitué de deux facettes percutantes dans l’intrigue théâtrale. D’une part, le stratagème peut se présenter sous la forme d’une manigance amusante.

Dans l’œuvre très célèbre du théâtre comique du XVème siècle, La farce de maître Pathelin, le comique de foire et la duperie y sont mis en jeu.

Ainsi dans cette farce tout le monde trompe tout le monde et le spectateur en rit franchement.

Par exemple, maitre Pierre Pathelin va faire semblant d’être malade, de délirer en parlant une langue étrange afin d’éviter de payer le tissu qu’il était venu chercher.

Ou encore, lors de son procès un berger nommé Thibault va répondre Béé (comme ses moutons) à toutes les questions afin d’être acquitté pour folie.

Il est donc question, comme son nom l’indique, de « farces » amusantes n’ayant que pour principe d’amuser le publique. Mais le stratagème peut s’avérer être plus vigoureux et plus intense qu’une simple farce. D’autre part, le stratagème peut se révéler être une machination diabolique.

Dans Les Fausses Confidences, le stratagème de Dubois est principalement fondé sur un jeu de manipulations.

Il s’octroie la volonté de manipuler psychologiquement ses maîtres par pitié ou encore par jalousie le rendant véritablement maître de ses maîtres.

Par exemple, il dresse le portrait de Dorante comme un amant éploré, désespéré mais éperdument amoureux pour susciter la pitié d’Araminte « Il m’a pourtant fait pitié.

Je l’ai vu si défait, si pâle et si triste, que j’ai peur qu’il ne se trouve mal » (III,9).

Il va encore créer une « triangulation du désir » en exploitant l’amour de Marton pour Dorante afin d’aiguiser la jalousie d’Araminte.

Ici, Dubois utilise une stratégie de conquête « Allons jouer toutes nos batteries » (I,17) prouvant que le stratagème renvoie bien à une forme de tactique militaire pour remporter la victoire face à l’ennemi jusqu’à l’assaut finale « elle n’en réchappera point » (I,16), et prouvant la cruauté de la stratégie « point de quartier, il faut l’achever » (III,1). Au théâtre le stratagème peut alors soi se révéler être amusant/divertissant soi à l’inverse être machiavélique. Mais le stratagème, outre son apparence délétère, peut s’avérer être utile afin de promouvoir la vérité et les sentiments. Chez Marivaux, l’intrigue est notamment centrée autour de l’amour, inspiré du théâtre italien, et beaucoup de ses pièces sont construites autour de la naissance des sentiments amoureux : « j’ai guetté dans le cœur humain toutes les niches différentes où peut se cacher l’amour lorsqu’il craint de se montrer, et chacune de mes comédies a pour objet de la faire sortir d’une de ses niches.

» dit-il.

Même si l’amour est au centre de l’intrigue, Marivaux n’oublie pas le stratagème qu’il exploite judicieusement afin de dénicher l’amour et les sentiments. Le stratagème peut tout d’abord servir de révélateur dans la personnalité des personnages.

Lors des Fausses Confidences, Dubois peaufine un piège psychologique autour du personnage d’Araminte.

En créant une rivalité pour le cœur de Dorante, se dessine progressivement la véritable personnalité d’Araminte et la sincérité de ses sentiments.

Par exemple, il élabore un trio amoureux entre Dorante, Marton et Araminte qui va donner lieu à des malentendues et quiproquos tel que le portrait, source de jalousie et de compétitivité entre Marton et Araminte, permettant de montrer qu’Araminte est une veuve certes raisonnable mais qui tombe progressivement amoureuse de son intendant.

Elle va même utiliser la ruse pour amener Dorante à confesser ses sentiments, en usant elle aussi du stratagème elle permet de révéler encore plus facilement sa personnalité.

Le spectateur comprend bien vite qu’Araminte est épris de Dorante mais cette dernière ne s’en rend pas compte.

Le personnage d’Araminte n’est donc plus un mystère pour les personnages ainsi que pour le public, sa façon d’agir face au stratagème de Dubois montre ses réels sentiments et sa position en proie à un amour qu’elle ne contrôle pas. Ensuite, face à la confrontation du stratagèmes, les personnages sont confronter à exprimer leurs réels sentiments.

Dans Les Fausses Confidences c’est Dorante qui, à la fin de la pièce, finit par révéler son amour à Araminte « il n’y a rien de vrai que mon amour que ma passion, qui est infinie.

» (III,12) et même plus.

En effet, il finit par.... »

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