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En quoi l'hospitalité reflète-t-elle un rapport particulier à autrui ?

Publié le 29/02/2012

Extrait du document

 

Définition :

- charité qui consiste à recueillir, loger et nourrir gratuitement les indigents, voyageurs dans un établissement prévu à cet effet (hospice)

- (Antiquité) droit réciproque de trouver logement et protection les uns les autres

- (XVIIIè) libéralité qu’on exerce en recevant qqn sous son toit, en le logeant gratuitement

 

Deux étymologies :

Hospitalitas (latin) : traduit le fait d'accueillir quelqu'un, et le mot hospitem, l'hôte, ne prend que très rarement, le sens d'étranger (seulement sous l’influence grecque). Les mots français hospice, hôpital, hôtel ... conservent et développent l'idée latine qui complète celle de l'accueil: l'offre d'un lieu où on est à l'abri. L'hospitalité occidentale serait donc liée à la maison.

Philoxénia (grec) : amour de l'étranger (philo : amour, xénos : étranger) attitude inverse de la xénophobie, l'accueil et les cadeaux sont les gestes nécessaires qui concrétisent ce sentiment. Pourquoi cette différence ? Les Latins possédaient de vastes espaces cultivables, et n’ont donc pas eu besoin de s’établir comme colons dans des régions lointaines pour trouver des ressources, comme les Grecs ont dû le faire très tôt, pour compenser l'aridité d'un pays  montagneux, commerçant et rencontrant des étrangers.

 

« justice ou des hommes hospitaliers craignant les dieux ».

La réponse d’Homère à cette question détermine les lieux qui lui apparaissent civilisés et ceux où règne la barbarie. 2.

En outre, celui qui, sans les reconnaître, accueille des visiteurs divins en est largement récompensé.

(Les Grecs craignaient que l’étranger leur demandant l’hospitalité ne cache en fait un dieu qui le punirait s’il ne recevait pas un bon accueil).Refuser son hospitalité à qui se présente est une impiété.

Cette conception était si ancrée dans les mentalités antiques que même le cyclope Polyphème en connaissait assez l'existence pour la tourner en dérision, face à Ulysse, dans l’ Odyssée : « Eh bien, je mangerai Personne le dernier...

et voilà le cadeau que je te fais, mon hôte! ». C.

L’hospitalité est prônée par le christianisme 1.

Dans la Bible, ouvrage fondateur du christianisme, on trouve plusieurs exemples d’hospitalité.

Ainsi, qu'Abraham, ayant sacrifié les meilleures bêtes de son troupeau pour honorer trois inconnus, reçoit d'eux la promesse d'un fils né de Sarah dans sa vieillesse : ce sera Isaac.

On peut aussi penser à l’épisode où Jésus rencontre les deux pèlerins sur la route, et où ils sont accueillis tous les trois chez un particulier. 2.

Longtemps, dans les campagnes (françaises en tout cas), il était coutume de mettre toujours un couvert de plus sur la table pour accueillir un hôte (famille, vagabond, pèlerin…) de passage à l’improviste.

Il s’agissait alors de respecter les principes de la charité chrétienne. + Cf. La Belle et la Bête , conte de Mme Leprince de Beaumont 1757.

(Le jeune homme qui refuse l’hospitalité à une vieille femme, qui s’avère en fait être une fée ; celle-ci le punit en le transformant en bête…) : conte à valeur morale… II.

L’hospitalité traduit la nature des rapports que l’on entretient avec l’étranger A.

L’étranger, l’hôte et l’ennemi ont du mal à se distinguer Jacques Derrida, dans De l’hospitalité (1997), a surnommé l’hospitalité « l’hostipitalité ».Le mot latin rassemble à la fois, par hostis, le sens d’étranger en tant qu’hôte, l’invité (hôte en français est à la fois hôte l’accueillant, et hôte l’accueilli) et hostis l’étranger-ennemi.

Ost, en vieux français, est l’armée des ennemis.

L’hôte devient hostile ; l’invité, supposé bienvenu, devient suspect et malvenu.

A hostis se mêle, hospes, celui qui reçoit et celui qui est reçu. L’étranger, l’hôte, l’ennemi ont donc bien du mal à se distinguer. Ces sens mêlés prouvent donc que c’est à chacun d’interpréter le terme « hospitalité » comme il le souhaite, et la manière dont il considère ce mot traduit son ouverture vis-à-vis de l’étranger et donc son rapport avec autrui plus généralement. B.

Les contraintes de l’hospitalité : celle-ci traduit un sacrifice de la part de celui qui reçoit 1.

Don sans contrepartie exigible, l'hospitalité est d'autant plus généreuse qu'elle requiert un grand investissement personnel.

L'accueillant doit à son hôte confort, réconfort et attention. Cette avancée vers l'autre, chacun l'estime cependant toujours en retrait par rapport à ce qu'il pourrait faire.

Ainsi, pour la plupart des gens, l'hospitalité n'existe que si elle génère vraiment un dérangement.

Derrière plane la notion de sacrifice. 2.

Selon Jacques Derrida on a besoin des deux hospitalités, l’inconditionnelle et la conditionnelle.

Elles sont indissociables, elles s’inspirent et se retiennent l’une l’autre. L’hospitalité inconditionnelle demande de tendre à toujours plus de générosité.

L’hospitalité conditionnelle tempère et pose des limites à l’hospitalité inconditionnelle. 3.

Fondamentalement, le lien d'hospitalité n'est pas égalitaire : chez autrui, on ne fait pas comme chez soi.

L'hôte ne jouit en fait que des droits accordés par le maître de maison, qui. »

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