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Epicure. [341- 270 BC] Lettres et Maximes Lettre à Ménécée.

Publié le 08/12/2021

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epicure

Epicure.

[341- 270 BC]

 

Lettres et Maximes

 

Lettre à Ménécée.

 

trad. M. Conche, 1987, PUF, Epiméthée ;

 

217

1- Que l’on soit jeune ou vieux, il faut philosopher pour être heureux.

Existence, connaissance, bonheur

 

« Celui qui dit que le temps de philosopher n’est pas encore venu ou qu’il est passé, est semblable à celui qui dit que le temps du bonheur n’est pas encore venu ou qu’il n’est plus » .

 

Ce qui veut dire que, selon Epicure, la philosophie est le moyen pour trouver la vraie félicité.

Or la philosophie est l’exercice du désir de la sagesse (sophia). Cet exercice consiste à étudier en vue de se servir des connaissances pour la vie. La sagesse n’étant pas seulement connaissance (epistémé) mais connaissance appliquée à l’existence ou prudence (phronésis).

En conséquence le sage applique ses connaissances à son existence en vue de la félicité.

Ce qui veut dire, implicitement, que la félicité, le “bonheur” est accessible et non pas un idéal inaccessible.

Cela veut dire aussi, réciproquement, que celui qui n’aime pas la sagesse, la connaissance et son application, celui qui n’aime pas apprendre ou qui sépare ses connaissances de son existence, celui-là ne pourra pas atteindre une vraie félicité.

 

2- L’existence et la félicité des dieux sont évidentes contrairement à ce que croient les gens.

Bonheur, Religion.

 

Un dieu est un être pensant supérieur aux humains. Sa supériorité tient à sa sagesse, à sa félicité et à son immortalité ou incorruptibilité.

« Regardant le dieu comme un vivant incorruptible et bienheureux […], ne lui attribue rien d’opposé à son incorruptibilité ni d’incompatible avec sa béatitude. »

 

On en déduit, d’après le §1, que philosopher = devenir heureux = devenir comme un dieu = devenir sage.

Mais les dieux d’Epicure ne jugent ni ne condamnent les humains. Car s’ils les jugeaient, ils devraient éprouver un sentiment d’injustice devant les fautes commises et s’ils les condamnaient ils éprouveraient une sorte de colère, dans tous les cas une perte de félicité. Or les dieux ne peuvent qu’être absolument heureux afin d’être immortels.

L’immortalité des dieux est une conséquence de leur félicité pleine. Et pour vivre dans une telle félicité, il ne faut pas qu’ils aient d’émotion. Une émotion est un mouvement (motion) de l’âme. L’âme (psychè), elle-même étant un être vivant est un être en mouvement. Mais le mouvement naturel de l’âme est parfaitement régulier et par conséquent perpétuel. Toute émotion rendrait irrégulier le mouvement naturel de l’âme, la déséquilibrant et la faisant alors tomber vers la mortalité.

Les humains, eux, sont d’autant plus mortels qu’ils ont des émotions, ce qui rend leurs mouvements psychiques irréguliers et abrège d’autant leur existence. C’est l’émotivité qui trouble la connaissance et cause des erreurs. C’est l’émotivité qui produit des maladresses dans la vie ou au combat. C’est l’émotivité qui entraîne des conflits avec autrui ; et c’est encore elle qui produit des inquiétudes, des soucis, des angoisses qui se traduisent en troubles somatiques (corporels) – ce que la cancérologie actuelle confirmerait.

 

Par conséquent : 

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3- Nous devons accueillir la vie sans nous préoccuper de la mort qui peut survenir.

Désir / peur, désir vain, existence, mort.

 

« La mort n’est rien par rapport à nous ».

Le premier désir à combattre afin de trouver la sérénité ou l’absence d’émotion, l’ataraxie, c’est le désir de ne pas mourir : « La droite connaissance que la mort n’est rien par rapport à nous, rend joyeuse la condition mortelle de la vie […] en ôtant le désir d’immortalité ».

Le désir de ne pas mourir ou de vivre perpétuellement est un désir vain qui produit son inverse : la peur vaine de la mort.

La mort n’est rien par rapport à nous, humains vivants, parce que « tout bien – et tout mal – est dans la sensation  », or on ne peut rien ressentir ou percevoir si l’on ne vit plus. Et quand on vit encore on ne peut percevoir ce qui n’est pas de l’ordre de la perception. Epicure est un empiriste, c’est-à-dire que les représentations mentales, les connaissances viennent des sensations, de l’expérience.

« Ainsi le plus terrifiant des maux, la mort, n’est rien par rapport à nous, puisque, quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, nous ne sommes plus ».

Car on s’inquiète d’un mal que l’on n’éprouve pas quand on porte notre attention sur la mort. Cette in-quiétude trouble l’âme et l’empêche de goûter la vie présente à cause d’en événement inévitable, naturel et non présent. Cet événement arrivera, autant s’y préparer, justement en comprenant nos désirs et en contrôlant ceux qui sont vains ou inutiles. Or il est vain de s’inquiéter de la mort ou de s’en plaindre, puisqu’elle arrivera nécessairement. Il est encore vain de s’en inquiéter puisqu’on ignore ce qu’elle est. Et enfin il est non seulement vain mais nuisible de s’en inquiéter puisque cette inquiétude pollue la vie présente.

Epicure oppose la foule (les gens) au sage. La foule craint la mort parce qu’elle est animée de désirs vains et de fausses idées (opinions) tandis que « le sage […] ne craint pas de ne pas vivre : car ni vivre ne lui pèse ni il ne considère comme un mal de ne pas vivre.

« Le sage […] ne craint pas de ne pas vivre […]. Comme il ne choisit pas du tout la nourriture la plus abondante mais la plus agréable, de même ce n’est pas le temps le plus long dont il jouit mais le plus agréable ».

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