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Est-ce ne pas savoir vivre que de se retourner sur la passé ?

Publié le 27/02/2008

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« que dans la mesure où il regarde, informe, l'avenir.La conscience n'est que l'effort, pour l'identité d'un individu, pour se ressaisir ; cette identité est faite desouvenirs, d'actes, d'une histoire.

Mais tout acte exige l'oubli, parce qu'au moment où nous agissons, nousdevons alors nous « asseoir au seuil de l'instant » selon la formule de Nietzsche : celui qui serait incapable derien oublier serait condamné à se perdre dans le torrent des choses en devenir.

La mémoire représente donccette faculté par laquelle le souvenir, au lieu d'être conservation morbide, peut être conscience du passécomme passé : dans ces conditions, un devoir de mémoire et une vertu de l'oubli ne sont plus contradictoires.L'oubli est donc vital, comme la lumière aux êtres organiques, mais seulement lorsqu'il n'est pas fuite, nirefoulement : capacité de se sentir pour un temps hors de l'histoire, « de se dresses un instant tout deboutcomme une victoire » ( Nietzsche , 2nde considération intempestive), la faculté d'oubli n'est rien d'autre qu'un honneur rendu au présent et à son absolue nouveauté.

Le retour sur le passé ne doit donc pas venir entraverle mouvement même de la vie qui est création continue de nouveauté.

Il faut donc savoir faire bon usage del'oubli par pouvoir vivre pleinement. II.

L'existence et l'irréversible : ce qu'implique le fait de vivre pour un homme · Littéralement, « l'irréversible » est ce dont on ne peut changer le sens : il mène toute chose à son aboutissement, mais l'impossibilité de revenir en arrière, de faire que le temps s'écoule dans l'autre sens, estjustement ce qui rend possible le sens des choses, cette fois-ci comme leur portée et leur signification.

Onne saurait donc vivre dans un souvenir figé : vivre c'est dynamiser dans l'horizon du futur son propre passé. · C'est ce qui rend possible le projet, voire le rend nécessaire : « exister » c'est littéralement se tenir hors de soi.

C'est ainsi que l'avenir qui permet de donner un sens au passé, et l'homme est ce « projet qui vitsubjectivement » selon la formule de Sartre (L'existentialisme est un humanisme).

Si nous prenons l'exemple d'un individu qui, à l'adolescence, vit une crise mystique, son futurdéterminera a posteriori si cette crise était seulement passagère, oudécisive, selon les choix que l'individu aura fait entre-temps.

On peutdonc dire, avec Sartre, qu'en réalité c'est notre futur qui donne sens ànotre passé et non l'inverse.

Ce qui nous conditionne, nous impose unelimite, donc aussi ce qui donne une matière à notre vie, puisque c'estparce que je vais mourir qu'il importe de faire quelque chose de ma vie,et c'est parce que j'ai des projets que mon passé, alors, aurarétrospectivement un sens. · Le temps est donc à la fois ce qui mesure l'homme et ce que l'homme forge à sa mesure.

Le temps est disparition du passé, etinexistence de l'avenir, mais l'existence humaine fait de cette loi latrame d'une vie : nous perdons du temps non seulement parce que lepassé s'éloigne, mais parce que la vie même parfois se perd dansl'inutile, l'absurde, ce qui se passe justement quand on ne regarde lepassé qu'en vue de ce passé pourtant irréversiblement éteint etrévolu. · Mais le temps n'est pas seulement un temps vide : c'est surtout le temps de l'enfance et son mystère qui ne cesse de nous échapper.

Lamémoire n'est pas seulement conservation du passé, elle est aussi cequi fait se rejoindre, en nous, une multiplicité infinie de sensations.Ainsi, il est parfois possible de toucher « un peu de temps à l'étatpur » lorsqu'au contact d'une sensation actuelle, tout un pan du passé revient avec elle.

Autrement dit cen'est pas tant le faire de faire retour au passé qui empêche l'homme de vivre pleinement, qu'un certainrapport pathologique (nostalgique, mélancolique) à ce même passé. · Ainsi, lorsque le narrateur d'A la recherche du temps perdu goûte dans une gorgée de thé un morceau de madeleine qui ramène une sensation qu'il croyait disparue à jamais, cette sensation semble alors « miroiter enmême temps dans le passé et dans le présent », parce que se mêle en elle l'imagination et la perception.Comme passée, cette sensation peut être objet d'imagination, et comme présente, elle est pleined'existence, ce dont l'imagination est à elle seule capable.

Ce n'est rien moins que la dure loi du temps qui setrouve alors suspendue, pour isoler et immobiliser un instant l'essence des choses. III. On ne saurait vouloir nier le temps sans se nier soi-même · Pour Bergson , le temps existe si on pense à ce qu'il appelle la « durée », c'est-à-dire au temps véritable qui constitue la texture même de la réalité à la fois en nous et hors de nous.

Cette durée qui nous constitueest aussi l'étoffe même de la matière dans la mesure où celle-ci est parcourue par un élan vital qui la pousseà la complexification croissante et donc à l'apparition d'une irréductible nouveauté.

Car la durée est un tempscréateur. · Nier le temps reviendrait alors, dans cette perspective, à nier la conscience, et à se nier soi-même.

Il ne faut donc pas concevoir le temps comme une prison mais bien au contraire comme ce repère au traversduquel se place et évolue la conscience et sans laquelle elle ne serait pas possible.

Le temps n'est donc pas,du point de vue de l'homme, une prison mais bien plutôt son moyen d'épanouissement à partir duquel il peutdépasser la temporalité première et apparemment contraignante.

Le temps dans toutes ses dimensionsapparaît comme ce à partir de quoi notre vie doit s'orienter.

Oublier le présent et le futur c'est se retranchersoi-même toute une dynamique de vie.. »

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