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Est-ce que l'amour est un sentiment universel ?

Publié le 03/09/2005

Extrait du document

amour
-         Si tel est l'amour, il semble bien que ce soit un sentiment universel, car même le plus cynique des hommes connaît une passion pour quelque chose qu'il juge beau, quand bien même cette chose serait l'argent ou le pouvoir.     Si tel est le cas, il survient un problème, car un tel amour peut être destructeur.   -         Cependant, il faut noter qu'une telle définition de l'amour ouvre la porte à bien des soucis : en effet, un tel amour ne peut-il pas être destructeur ? -         « Tu dis que tu aimes les fleurs et tu leur coupes la queue, tu dis que tu aimes les chiens et tu leur mets une laisse, tu dis que tu aimes les oiseaux et tu les mets en cage, tu dis que tu m'aimes alors moi j'ai peur. » (Jean Cocteau) -         Voilà quel genre d'amour semble possible avec cette définition, car celui qui aime sait qu'il souffrira s'il n'obtient jamais ce qu'il chérit, et il risque alors de chercher à s'approprier l'objet de son amour, de telle sorte qu'il le détruise. -         Un tel amour risque alors de se changer en un amour égoïste, c'est-à-dire un amour dans lequel le bonheur de l'objet aimé n'est pas pris en compte. Ainsi en est-il de celui qui emprisonne la femme qu'il aime de peur qu'elle le quitte. -         Mais un tel amour est forcément décevant. En effet, « la vie est un sommeil, l'amour en est le rêve, et vous aurez vécu si vous avez aimé » comme l'écrivait Alfred de Musset. Alors, celui qui détruit son rêve détruit l'occasion qu'il a de vivre et il se tue en même temps qu'il aime.

Analyse du sujet :

-         L’amour est quelque chose de si fréquent et qu’on rencontre chez les cœurs les plus corrompus qu’il semble d’abord évident que ce sentiment est universel.

-         Il faut d’ailleurs noter que l’amour est un sentiment finalement très vague puisqu’on peut aimer sa femme, mais également sa patrie et d’autres choses.

-         Il faudrait donc commencer par se faire une idée de ce qu’est l’amour, et l’on pourrait considérer que l’amour consiste dans la satisfaction que l’on éprouve à l’idée de quelqu’un ou de quelque chose, et de la frustration que l’on ressent à l’idée d’en être privé.

-         Il apparaît que selon cette définition, tout le monde est capable d’amour.

-         Toutefois, on perçoit que cette définition est problématique car elle englobe beaucoup de comportements qui ne ressemblent pas à de l’amour : un homme qui empêcherait sa femme de sortir de peur qu’elle le trompe pourrait répondre à cette définition, mais pourrait-on vraiment dire qu’il aime sa femme ?

-         Il semble qu’on ne pourrait le dire parce qu’il rend celle qu’il aime malheureuse, et qu’en conséquence, il se rend lui aussi malheureux.

-         L’amour véritable semble donc impliquer quelque chose de plus : que celui qui aime et que l’être aimé s’épanouissent tout deux dans cet amour.

-         Si tel est l’amour, peut-on encore penser que tout le monde en soit capable ?

Problématisation :

Si l’amour était un sentiment universel, il en serait presque privé de noblesse : « l’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches « disait ainsi Céline dans Voyage au bout de la nuit, rabaissant de la sorte considérablement la majesté de ce sentiment. Mais si l’amour était réservé à une élite, pourquoi cette passion connaîtrait-elle un tel écho dans toute la société ? Ne faut-il pas que chacun en soit capable puisque tous semblent courir après ? Le fait que toutes les sociétés en parlent et en aient toujours parlé ne prouve-t-il pas que l’amour est le souci de tous les hommes et de toutes les femmes ?

 

amour

« son amour, de telle sorte qu'il le détruise. - Un tel amour risque alors de se changer en un amour égoïste, c'est-à-dire un amour dans lequel le bonheur de l'objet aimé n'est pas pris en compte.

Ainsi en est-il de celui qui emprisonne lafemme qu'il aime de peur qu'elle le quitte. - Mais un tel amour est forcément décevant.

En effet, « la vie est un sommeil, l'amour en est le rêve, et vous aurez vécu si vous avez aimé » comme l'écrivait Alfred de Musset.

Alors, celui quidétruit son rêve détruit l'occasion qu'il a de vivre et il se tue en même temps qu'il aime. - Le réflexe consisterait alors à se prémunir de cela en se sacrifiant à son amour plutôt qu'en sacrifiant son amour à soi. - Un tel amour serait alors un amour purement altruiste, qui ne considère que le plein épanouissement de l'objet aimé et qui oublie le bonheur de celui qui aime. - Mais un tel amour est également destructeur, il détruit celui qui aime au lieu de détruire l'objet aimé. - Ainsi Nietzsche critique-t-il l'amour inconditionnel de l'humanité : « Votre amour du prochain, c'est votre mauvais amour de vous-mêmes.

Vous entrez chez le prochain pour fuir devant vous-mêmes » (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra , première partie, « de l'amour du prochain ») - Nietzsche critique cet amour du prochain, parce que celui qui aime se sert alors d'autrui pour s'oublier soi-même et s'aliéner en l'autre.

L'objet d'amour n'est alors plus qu'un moyen de sedivertir de soi-même, de se passionner pour quelque chose d'autre que soi quand on ne sait pluss'aimer soi-même. - Il en est ainsi de toutes les amours purement altruistes, où l'objet d'amour ne sert plus qu'à enterrer son ego. - Ces amours-là sont extrêmement destructrices, car elles nous poussent à nous ignorer nous- mêmes et ne finissent qu'en frustration. - Ces deux formes d'amour peuvent-elles vraiment encore être appelées de l'amour, puisque l'amour est censé rendre notre vie plus belle alors qu'ici elles la détruisent ? Le véritable amour est un amour égoïste et bienveillant, ce dont peu de gens sont capables. 3.

- Il semblerait qu'il faille donc trouver un moyen de sauver l'amour en sauvant la vie, qu'il faille éviter le piège de « l'amour à mort ». - Il faut pour cela tout d'abord que celui qui aime profite de cet amour sans que cet amour le détruise. - Et cela implique qu'il respecte l'objet de son amour, qu'il cherche à promouvoir l'épanouissement de ce qu'il aime. - En effet, lorsqu'on aime quelque chose ou quelqu'un, le voir dépérir ou souffrir nous fait de la peine. - Pour bien s'occuper de soi, il faut donc bien s'occuper de ce qu'on aime. - L'amour implique donc l'épanouissement tant de celui qui aime que de l'objet aimé.

Il doit être un mélange d'amour égoïste et d'amour bienveillant : faire des choses pour ce qu'on aime, carc'est ainsi qu'on en fait pour soi-même. - Mais un tel amour est très exigeant, car pour éviter de détruire l'objet de son amour, on doit accepter que celui-ci reste libre, ce qui implique d'accepter que cet amour ait la possibilité denous échapper. - Celui qui aime doit donc lutter contre son désir d'absolu et de permanence.

Il doit savoir aimer de manière tragique dans le sens que Nietzsche donne à « tragique », c'est-à-dire en sachant quecet amour peut échouer, en sachant qu'il n'est pas forcément éternel et toujours identique à soi,car rien en ce monde n'est permanent.

Vouloir quelque chose de permanent dans notre monde quiest un monde de devenir, c'est vouloir quelque chose qui n'est pas de notre monde, et c'est doncle nier. - Par ailleurs, pour éviter que l'objet de notre amour nous détruise nous-mêmes, il faut continuer à se cultiver soi-même. - Et cela n'est pas évident non plus, car nous voudrions bien nous en remettre à quelque chose, fuir notre moi dans des arrière-mondes, être serviles pour ne pas avoir à nous affirmer, à noussurmonter nous-mêmes. - Affirmer son moi implique ainsi qu'on soit parvenu à la maîtrise de soi : « Cette bienheureuse joie de soi-même, elle crache sur tout ce qui est servile, que ce soit celui qui est servile à l'égard des dieux et des coups de pieds divins ou que ce soit à l'égard des hommes ou de stupidesopinions humaines.

» (Nietzsche , Ainsi parlait Zarathoustra , troisième partie, « des trois maux », 2) - La maîtrise de soi implique donc d'avoir le courage d'être soi, ce qui impose de posséder « la virtuosité et la finesse véritable dans l'art de se faire la guerre à soi-même » (Nietzsche, Par-delà bien et mal , §200) - De tout cela il ressort que l'amour véritable est quelque chose de difficile auquel ne peuvent parvenir que les esprits les plus forts et les plus subtils.

En réalité, comme l'écrivaitBalzac : « L'amour n'est pas seulement un sentiment, il est aussi un art.

» - On peut donc affirmer en définitive que l'amour n'est pas un sentiment universel.. »

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