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Est-il bon d'avoir peur ?

Publié le 04/09/2005

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Les précautions que l'on prend sont la marque du respect, de la peur de mal faire, qui instaurent le sentiment d'une distance, plutôt que celui d'une menace ou d'un risque. C'est ainsi le domaine du sacré qui peut faire l'objet de peur, et non plus le domaine du mal. Cette peur peut alors être caractérisée comme effroi, comme en témoigne l'émotion religieuse qu'analyse Otto dans Le sacré : ce qu'il y a de plus intime et profond dans toute émotion religieuse « peut devenir le silencieux et humble tremblement de la créature qui demeure interdite...en présence de ce qui est, dans un mystère ineffable, au-dessus de toute créature ». Le sacré est source d'effroi et de fascination. C'est le tout autre. Cette pure émotion renvoie au « numineux » (du latin numen : la divinité), elle indique le sentiment de dépendance, l'effroi devant une grandeur incommensurable. C'est donc bien ici le respect qui est la forme de cette peur qui ne revoie plus à un mal, mais à un bien qui nous dépasse infiniment. -      La peur, ici encore, renvoie à de l'incompréhensible, mais non plus par défaut. Il s'agit bien ici d'un excès.

Analyse du sujet  

      Le sujet s'interroge sur une notion (la peur) et il nous demande la valeur de cette notion (est-ce quelque chose de désirable, « faut-il «, donc de bon, ou non). Il s'agira alors d'évaluer cette notion en la confrontant à ses opposés : la confiance et l'indifférence. Cette notion renvoie à un sentiment : on se pose donc la question de la valeur d'un sentiment.

      La peur : la peur est le sentiment que l'on ressent face à une menace ou un risque qui met en jeu notre existence. On a peur de ce qui est susceptible de nous détruire. La peur est alors source de violence à l'égard de l'objet qui nous menace. L'idée de peur renvoie donc à l'idée de menace, de violence et de survie. Enfin, elle renvoie à l'idée d'une faiblesse qui s'oppose alors à la puissance. La peur est toujours une réaction. Elle est seconde par rapport à la menace.

      La menace : contrairement au risque, mesurable et quantifiable (on prend un risque en connaissance de cause), la menace est source d'angoisse par l'incertitude qu'elle porte en elle. L'angoisse est alors la forme la plus achevée de la peur, c'est-à-dire une peur sans fuite possible.

 

Problématique

 

            L'existence de l'homme se caractérise par le fait qu'elle est orientée vers la mort, consciente de sa finitude et par conséquent animée par la peur. Celle-ci se constitue en effet essentiellement dans le rapport possible à la destruction de notre être, que ce sentiment vise à conserver par la fuite ou l'agression. De ce point de vue, l'être qui ne connaît pas la peur, le téméraire ou l'inconscient, ne peut conserver son existence bien longtemps. La peur renvoie à la connaissance d'un risque qu'elle permet d'éviter. Néanmoins, la peur renvoie également à la lâcheté : la conservation de son être ne va pas sans effort ni sans risque, certes calculé, mais nécessaire. La fuite permanente est impossible et vient toujours le moment où la conservation de soi suppose l'affrontement. Ainsi, la liberté suppose le courage d'affronter l'adversité et l'héroïsme n'est possible que pour celui qui maîtrise ses impulsions fondamentales, dont la peur. Alors, faut-il avoir peur ou bien la peur n'est-elle qu'impulsion irrationnelle que la raison doit maîtriser ?

« crainte, tout autant que l'espoir, deux passions qui donnent naissance à la superstition.

Le sage qui connaît ledéterminisme naturel doit éliminer la crainte et l'espoir pour vivre dans la quiétude.

Le mal n'est pas tant dans leschoses que dans le rapport que nous avons à elles.

Il n'y a ni mal ni bien, mais du bon et du mauvais.

La peurrepose sur cette imaginaire d'un mal en soi, alors qu'il n'y a que des mauvaises rencontres.

Or, il suffit deconnaître sa nature et la nature des autres choses pour éviter ces incompatibilités d'existence.

C'est donc ausavoir de nous guider, et non aux affections irrationnelles reposant sur l'ignorance. – La peur est donc un mal en soi car elle se réfère toujours à un désir, source d'inquiétude pour l'être qui enpâtit.

C'est bien ce qui ressort de la définition de Descartes dans l'article 165 des Passions de l'âme : « L'espérance est une disposition de l'âme à se persuader que ce qu'elledésire adviendra, laquelle est causée par un mouvement particulier desesprits, à savoir celui de la joie et du désir mêlés ensemble.

Et la crainteest une autre disposition de l'âme, qui lui persuade qu'il n'adviendra pas ».Or, si le désir est source de souffrance, car d'inquiétude, la peur est elle-même source de souffrance.

On remarque alors que cette peur a sasource dans le corps (les « esprits » de Descartes sont des élémentscorporels qui circulent à l'intérieur du corps et agissent sur l'âme).

La peurest une passion, c'est-à-dire un effet du corps sur l'âme.

Avoir peur, c'estdonc toujours perdre le contrôle de soi, pâtir, être dans un état de l'âmeconsidéré comme effet d'un état du corps.

La connaissance est doncabsente de cette relation du corps et de l'âme, comme l'exprimel'expression de « persuader » qu'utilise Descartes. – Il ne faut donc pas avoir peur car c'est toujours diminuer la puissancede son être, se rendre malade.

La fonction de la peur qui était d'éviter cequi est mauvais doit donc être remplie par la connaissance rationnelle dela nature des choses, et non par les impulsions guidée par l'imaginaire.Avoir peur, c'est manifester son ignorance et entrer dans une logique desuperstition.

Ne pas avoir peur n'implique néanmoins pas l'inconscience,mais la connaissance de soi, des choses et de leurs rapports nécessaires.La peur, dans sa relation essentielle au désir, ne peut qu'être sourced'inquiétude et donc, de mal pour celui qui en pâtit. III) La peur et le sacré – Néanmoins, n'y a-t-il pas une peur qui ne se réfère pas au mal ? On a également peur de ce qui nous dépasse,de ce qui doit être respecté.

Les précautions que l'on prend sont la marque du respect, de la peur de mal faire,qui instaurent le sentiment d'une distance, plutôt que celui d'une menace ou d'un risque.

C'est ainsi le domainedu sacré qui peut faire l'objet de peur, et non plus le domaine du mal.

Cette peur peut alors être caractériséecomme effroi, comme en témoigne l'émotion religieuse qu'analyse Otto dans Le sacré : ce qu'il y a de plus intime et profond dans toute émotion religieuse « peut devenir le silencieux et humble tremblement de la créature quidemeure interdite...en présence de ce qui est, dans un mystère ineffable, au-dessus de toute créature ».

Lesacré est source d'effroi et de fascination.

C'est le tout autre.

Cette pure émotion renvoie au « numineux » (dulatin numen : la divinité), elle indique le sentiment de dépendance, l'effroi devant une grandeur incommensurable.

C'est donc bien ici le respect qui est la forme de cette peur qui ne revoie plus à un mal, mais àun bien qui nous dépasse infiniment. – La peur, ici encore, renvoie à de l'incompréhensible, mais non plus par défaut.

Il s'agit bien ici d'un excès.

C'estpourquoi il faut avoir peur, en ce sens du respect de ce qui nous dépasse et du sentiment de notre finitude etdépendance.

Cette peur n'est-elle pas le fondement de la vie morale de l'individu ? Avoir peur de blesser, deprofaner, c'est toujours laisser la distance entre soi et l'autre.

La peur, en instaurant la distance, permet lerespect de l'altérité. Conclusion Il faut donc avoir peur, mais non pas du mal extérieur.

Car en effet, la peur du mal est un mal en soi, quirepose sur une ignorance du sujet, un désir, et qui est source de superstition.

La peur du mal est lâcheté,soumission de l'individu à des force extérieures qu'il pourrait maîtriser par la connaissance.

Mais cela ne signifie pasque toute forme de peur doive être écartée.

En effet, c'est le bien qui doit susciter le respect, et avoir peur nesignifie ici rien de plus que prendre conscience de sa finitude et de sa dépendance à l'égard de ce qui nous dépasseabsolument : le domaine du sacré, caractérisé par son altérité fondamentale, son irréductibilité à soi.

Avoir peur,c'est alors surtout avoir peur de détruire, de profaner (que ce sacré soit pensé comme divin, ou simplement commeautrui, peut importe ici).

La peur est alors la source de la vie morale.

La peur, entendue en ce sens, est donc bien lasource du « il faut », de l'obligation morale.. »

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