Est-il bon de douter?
Publié le 13/01/2005
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C'est le cas du doute paralysant des Sceptiques, qui mettent en avant que la perception d'une chose estrelative au sujet, que les opinions se contredisant, on ne peut rien dire par exemple de l'Etre ; qu'il n'existepas de principe premier ; que pour démontrer A il nous faut démontrer B, c'est-à-dire qu'il existe un cerclevicieux dans tout raisonnement.
Les Sceptiques marquent un arrêt dans la recherche de la vérité. - Si Kant se fait défenseur du doute en matière de connaissance théorique, il en est autrement dans ses écrits pratiques, notamment concernant la morale.
La moralekantienne, fondée sur l'impératif catégorique, appelle à l'universel, etde ce point de vue, ne tolère aucun doute.
S'il est interdit de mentir, ilen est ainsi dans toutes les circonstances, quelque puissent être lesenjeux.
La morale n'est pas affaire de sentiment mais de raison, desorte qu'aucun cas de conscience ne peut apparaître. - Les Sceptiques, en posant qu'il est impossible pour la raison d'affirmerou de nier quoi que ce soit avec certitude, paralysent la réflexion etl'action.
La morale kantienne, en excluant le doute, le cas deconscience, fait de ses préceptes non pas un cadre de réflexion pourl'individu autonome, mais un carcan.
Il apparaît que le doute radicalplonge l'homme dans la nécrose, que l'absence de doute possible luiretire une part de liberté. LE DOUTE NECROSANT - Lorsqu'il n'est pas permis de douter : Kant souligne dans Qu'est ce que les Lumières ? que si l'homme public peut douter, et doit douter pour s'affranchir de l'obscurantisme, l'homme privé ne peut amener ses doutesdans la sphère publique de décision.
Par exemple : le pilote d'avion quilarguait les bombes sur Nagasaki ne pouvait pas faire entrer sesconsidérations morales personnelles dans la situation d'urgence dans laquelle il se trouvait.
Le doute desdécisionnaires, nécessaire en aval, doit s'effacer face à la réalité de l'action.
Il semble qu'il existe unetemporalité adéquate au doute : il ne peut interférer dans l'action, sous peine de mettre en péril celle-ci.- Le doute est également nécrose dès lors qu'il s'empare de questions qui ne peuvent que jeter le trouble dansnotre âme : douter de l'existence ou non des dieux, par exemple, ne peut apporter que questionnement sans fin.Les Stoïciens recommandent ainsi la limitation des questions et des espérances à ce qui ne peut que dépendrede nous.
Le doute portant sur des forces inconnues ne peut nous apporter qu'angoisse et peine.
Le doute apparaît donc comme l'étape première et nécessaire dans les sciences comme en philosophie,synonyme d'arrachement aux préjugés : pour fonder une connaissance ferme, il est bon de douter.En revanche, dès lors qu'il interagit dans la sphère pratique, et morale en particulier, le doute semble avoir unetemporalité propre, plus ou moins pertinente : douter de ses choix, c'est exercer sa liberté, douter dans l'action,c'est ne pas l'accomplir pleinement.
Il existe un moment pour douter, un moment pour arrêter de douter.
Enfin, ilapparaît que le doute, pour être vécu comme un élément constructeur d'une identité et ne pas plonger l'êtredans l'angoisse, sache s'accommoder des éléments sur lesquels, quelque soit l'issue, il ne puisse avoir aucuneinfluence.Le doute est bon dès lors qu'il contribue à la vie bonne..
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