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Est-il nécessaire de séduire pour convaincre ?

Publié le 31/07/2004

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La volonté de convaincre se suffit-elle à elle-même ou doit-elle recourir à des moyens qui lui sont à priori étrangers ? Est-il suffisant d'avoir des preuves, d'avoir raison, de détenir la vérité pour que les autres acceptent mon discours ou faut-il qu'en plus je les persuade, donc que j'use d'un procédé de séduction ? Si la séduction est nécessaire, alors on pourra peut-être parler de défaite de la raison. En revanche, si la raison est suffisante, alors mon discours peut être abscons, abstrait, sans fioritures ; les autres se plieront nécessairement à ce que je dis. La question concerne notre relation aux autres hommes. On pourrait aussi se demander si le recours à la séduction n'annule pas toute démarche de conviction. Dès lors, on ne convainc plus, on persuade et ce n'est pas du tout la même chose. Qu'est-ce que convaincre quelqu'un ? C'est l'amener à reconnaître, par un discours qui expose des preuves ou des raisons, la vérité d'une proposition, d'une affirmation. Ce qui suppose, d'une part, que celui qu'on cherche à convaincre est, immédiatement au moins, en désaccord avec nous, sans quoi il ne serait pas nécessaire de le convaincre, et, d'autre part, qu'on ait raison puisque convaincre, c'est faire admettre qu'on a raison. Il ne faut pas confondre persuader et convaincre : persuader n'est pas faire reconnaître la vérité d'une proposition ou d'un fait, mais faire croire quelque chose. La séduction relève plus alors d'une démarche de persuasion, car elle fait appel non à la raison mais au sentiment, à la sensibilité. En quel sens donc est-il nécessaire de recourir au sentiment pour amener quelqu'un à reconnaître la vérité et la raison de mes arguments ? N'est-ce pas contradictoire de le faire ? Peut-on convaincre sans séduire ? S'agit- il alors encore de convaincre ?

« qu'il est hyperbolique et que Descartes a produit la fiction d'un mal génie.

L'exemple du doute nos montrel'impuissance de la séduction produite par les sens, par l'imagination et nos désirs à produire un savoir positif.

C'estpourquoi toute séduction est inutile pour convaincre car il s'agit de toucher la raison et non le cœur.

Tout est pensédonc illusoire jusqu'à obtenir une première certitude sur laquelle fondée tout l'édifice des sciences.

C'est pourquoiDescartes reprend aussi dans ce texte la figure d'Archimède.

A partir de cela, il faudra procéder avec méthode, cellede la démonstration, et tenir comme illusoire tout ce qui ne pourrait être prouvé. c) Dès on peut voir apparaître que le privilège de la rationalité mathématique vient, en profondeur de la naturemême de l'évidence qui sous-tend tout l'appareil déductif en vue de convaincre.

La certitude des mathématiquestient, en effet, au modèle même du raisonnement déductif, suite de propositions nécessaires se ramenant à unesérie d'évidences claires et distinctes : l'esprit perçoit, à chaque étape de son raisonnement, des « naturessimples », objets d'intuition intellectuelle.

La déduction n'est ainsi qu'une longue suite d'intuitions rationnellesamenant à la conviction scientifique : « Par là, on voit clairement pourquoi l'arithmétique et la géométrie sontbeaucoup plus certaines que les autres sciences : c'est que, seules, elles traitent d'un objet assez pur et simplepour n'admettre absolument rien que l'expérience ait rendu incertain, et qu'elles consistent tout entières en unesuite de conséquences déduites par un raisonnements.

Elles sont les plus faciles et les plus claires de toutes.

»Descartes , Règles pour la direction de l'esprit . Transition : Ainsi n'est-il pas nécessaire de séduire pour accéder à la vérité c'est-à-dire convaincre son auditoire par lesentiment ou l'illustration.

Ce serait alors faire face à ce que l'on pourrait appeler un obstacle épistémologique.

Maisn'est-il pas meilleur de persuader dans un but didactique ? II – Le risque de la séduction pour convaincre a) Si la séduction est incompatible avec le « convaincre » c'est bien parce qu'ils appartiennent à deux sphèresdifférentes totalement séparées.

La séduction relève de la rhétorique quasi sophistique et n'a pour but que depersuader mais non par la puissance du vrai mais simplement par la magie du langage.

C'est bien en ce sens que lessophistes sont dangereux comme le développe Platon dans le Sophiste .

En imitant le discours du vrai donc du convaincre, il persuade l'opinion de la majorité par sa séduction de leurs discours à la manière d'Ulysse et desSirènes dans l'Odyssée.

Or c'est bien pour cela que Platon disqualifie la valeur de l'opinion et la valeur de la majorité pour ce qui concerne la vérité et sa recherche dans la mesure où elle n'est pas sujette à la réflexion.

L'opinion esten effet soumise à la séduction du discours, à la rhétorique comme on peut le voir dans le Gorgias .

L'opinion se courtise tandis que la vérité doit être connue de manière irréprochable : « La rhétorique est un de ces arts quirelèvent surtout du discours et qu'il y en a d'autres dans le même cas, tâche d'expliquer à quoi se rapporte cetterhétorique qui agit par la parole.

[…] La rhétorique est donc, à ce qu'il paraît, l'ouvrière de la persuasion qui faitcroire, non de celle qui fait savoir.

[…] J'ai souvent accompagné mon frère et d'autres médecins chez quelqu'un deleurs malades qui refusait de boire une potion ou de se laisser amputer ou cautériser par le médecin.

Or tandis quecelui-ci n'arrivait pas à les persuader, je l'ai fait, moi, sans autre art que la rhétorique.

Qu'un orateur et un médecinse rendent dans la ville que tu voudras, s'il faut discuter dans l'assemblée du peuple ou dans quelque autre réunionpour décider lequel des deux doit être élu comme médecin, j'affirme que le médecin ne comptera pour rien et quel'orateur sera préféré, s'il le veut.

[…] Le fond de cette pratique est pour moi la flatterie.

Elle me paraît comprendreplusieurs parties ; la cuisine en est une.

Celle-ci passe pour être un art ; mais, à mon sens, elle n'en est pas un ;c'est un empirisme et une routine.

Parmi les parties de la flatterie, je compte aussi la rhétorique, la toilette et lasophistique.

[…]À mon avis, la rhétorique est le simulacre d'une partie de la politique.

[…]Or la flatterie, qui s'en estaperçue, non point par une connaissance raisonnée, mais par conjecture, s'est divisée elle-même en quatre, puis, seglissant sous chacun des arts, elle se fait passer pour celui sous lequel elle s'est glissée.

Elle n'a nul souci du bien etelle ne cesse d'attirer la folie par l'appât du plaisir ; elle la trompe et obtient de la sorte une grande considération. C'est ainsi que la cuisine s'est glissée sous la médecine et feint de connaître les aliments les plus salutaires aucorps, si bien que, si le cuisinier et le médecin devaient disputer devant des enfants ou devant des hommes aussipeu raisonnables que les enfants, à qui connaît le mieux, du médecin ou du cuisinier, les aliments sains et lesmauvais, le médecin n'aurait qu'à mourir de faim.

Voilà donc ce que j'appelle flatterie et je soutiens qu'une tellepratique est laide, Polos ». b) Or la vérité du convaincre se comprend dans un discours relatif à la science donc au logos.

Or comme le notePlaton dans le Théétète : nous sommes à la recherche de l'Etre, c'est-à-dire du logos.

L'Etre est l'objet de la science ; ce sur quoi un discours de vérité est possible.

Dans l'ascension dialectique de la science l'objet est donc larecherche de l'Etre.

Il s'agit donc d'énoncer les vérités sur le monde, des vérités en soi, qui ne soient pas desimages de la réalité elle-même.

En ce sens la science, et la vérité se comprennent dans une étiologie, c'est-à-direun recherche des causes, c'est-à-dire d'une remontée au sein des idées.

C'est pourquoi le Théétète apparaît comme. »

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