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Est-il possible d'agir à l'encontre de son propre jugement ?

Publié le 05/09/2005

Extrait du document

Néanmoins, il se peut que l'action que j'entreprends ne soit pas une réalisation adéquate du jugement, ou encore il se peut que quelque chose en moi me pousse à agir contre mon jugement. S'ensuit-il de ces remarques qu'une action à l'encontre de son propre jugement soit possible ?   1. Il est impossible d'agir contre son propre jugement   a)                  Nous pouvons commencer par remarquer qu'il est possible que le résultat de l'action aille à l'encontre de mon intention. Je peux, en effet, vouloir faire le bien et faire le mal, faire tout pour réussir et manquer mon coup. Ces « ratés » sont peut être réductibles avec l'expérience ou avec une autre forme de savoir, il semble qu'aucune science de l'action ne nous permette avec assurance de viser juste. Autrement dit il y a dans le monde de la contingence, de l'imprévisible et même si nous soutenons que tout obéit à des lois, il est impossible de prendre en compte l'ensemble des paramètres. Dans toute action nous opérons un plan plus ou moins complexe, plus ou moins  réaliste ou applicable en vue d'une réussite. Le jugement peut porter aussi bien sur la préparation, sur les moyens que sur la fin. b)                  De là ne s'ensuit pas, pour autant, que l'on puisse agir à l'encontre de son jugement.

Analyse du sujet :

q  Il est impératif de commencer par tenter de définir ce qu’est le jugement. Le jugement,  en philosophie, désigne une faculté essentielle de l’entendement humain qui permet à l’homme d’évaluer la vérité d’une proposition, ou la valeur d’une action. Le jugement peut aussi bien porter sur des décisions de justice, il s’agit alors de discerner le juste de l’injuste, sur la vérité ou la fausseté d’une proposition que sur l’efficacité d’une action. Le discernement est sans doute le premier mouvement du jugement mais, en outre, le jugement est une prise de décision. Nous pourrions donc le décomposer, en premier lieu, en un acte de discernement où se dégagent plusieurs possibilités, puis en un choix parmi ces possibilités donc en une prise de décision.

q  Cependant, si le jugement est une action, il semble bien plutôt la précéder. On sépare en effet classiquement dans une théorie de l’action le moment de la réflexion de celui de l’action effective. Le jugement, dans ce découpage, semble occuper une position charnière, juger c’est décider. L’action sera l’effectuation, la réalisation d’une décision.

q   Quand nous pensons au jugement nous le revêtons souvent d’un caractère définitif, je rends mon jugement comme je rends ma sentence. Dans ce cas, l’action et le jugement définitif coïncident. Le jugement est la fin de la réflexion. Mais il est évident que l’on peut se rétracter, corriger son jugement  parce que de nouveaux éléments nous obligent à le réévaluer. La stabilité d’un jugement varie cependant beaucoup avec le caractère, il y a ceux qui ne réévaluent jamais leur jugement, on les dira obstinés,  et ceux qui changent d’opinions constamment.

q  Il faut enfin remarquer l’adjectif qualificatif « propre «, le jugement est propre à celui qui le tient, il n’est donc pas influencé ou du moins il est lui-même son principe d’action. Il ne se contente pas, par exemple, d’obéir à un ordre.   

 

Problématique :

 

            Dans la situation la plus courante, il semble que j’agis à la suite d’un jugement. Je peux juger de ce qui m’est le plus utile, donc sur les moyens en vue d’une fin. Je peux juger sur la moralité d’une action avant de l’accomplir, et il semble bien que mon action soit bien l’application de ce jugement. Néanmoins, il se peut que l’action que j’entreprends ne soit pas une réalisation adéquate du jugement, ou encore il se peut que quelque chose en moi me pousse à agir contre mon jugement. S’ensuit-il de ces remarques qu’une action à l’encontre de son propre jugement soit possible ?

 

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