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Est-il raisonnable de combattre toute illusion ?

Publié le 17/01/2022

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illusion

A partir d'une réflexion armée de connaissances (Nietzsche, Freud, etc.), apportez des définitions claires des différentes notions :

  • raisonnable : ici, qui est conforme à la raison, non point comme forme raisonnante ou logique, mais comme raison pratique. SI rationnel s'applique à la connaissance, raisonnable s'applique à la conduite (sensée, sage, etc.).
  • combattre : se battre contre, lutter contre. Attention, il y a, dans ce terme, une idée de lutte active contre un obstacle (un danger, un mal, etc.).
  • illusion : (du latin illudere, se jouer) ici, croyance fausse abusant l'esprit. « Non-vérité tenue pour une vérité. «
  • toute : ici, n'importe laquelle.

 

• Quel est le sens de l'intitulé du sujet ?  Est-il sensé et sage de mener une lutte contre n'Importe quelle non-vérité tenue pour une vérité ?

 

  • A. Le combat contre l'illusion est raisonnable et légitime.

 L'illusion empêche, en effet, d'accéder au vrai.  Transition : et si l'Illusion ne pouvait être déracinée ? Si elle constituait un noyau de la personne, noyau exigeant un questionnement plus fin ?

  •  B. L'illusion est une forme (corporelle) bénéfique.
 Comme manifestation du corps, l'illusion doit être réintégrée dans la vie. 
  •  C. L'illusion, comme bonne apparence, ne saurait être combattue. En tant qu'enveloppe protectrice, l'illusion doit être respectée. Conclusion
 Il est de bonnes Illusions, qui ne sauraient être combattues, même si elles ne respectent pas toujours le vrai...  La réalité n'est pas la seule norme.

 

illusion

« La réalité n'est pas la seule norme. BIBLIOGRAPHIE Descartes, Méditations métaphysiques, éditions de poche diverses (Garnier-Flammarion, par exemple), PremièreMéditation.Freud, L'avenir d'une illusion, PUF.Nietzsche, La naissance de la tragédie, NRF, Gallimard. Introduction • Est-il raisonnable de combattre toute illusion ? Voici un intitulé qui nous questionne sur un choix fréquent dans laquotidienneté, sur une certaine manière d'être au monde et d'appréhender ce dernier.

Remarquons que le premierterme susceptible d'être déchiffré est « raisonnable », lequel désigne ici ce qui est conforme à la raison, non pointcomme forme raisonnante ou logique, mais comme raison pratique.

Si rationnelle s'applique à la connaissance (onparle d'un savoir rationnel), raisonnable s'applique à la conduite et désigne un comportement sensé et sage.Quant à l'illusion, elle renvoie à un terme qui, dans le langage quotidien, possède, bien souvent, une connotationfort négative ! « Il caresse des illusions », « Il faut bien dire adieu à ses illusions », etc.

L'illusion désigne, en effet,une non-vérité tenue pour une vérité, une croyance fausse abusant notre esprit.

L'illusion, état mental de celuiqu'on abuse, ne doit nullement être confondue avec l'erreur, acte de l'esprit jugeant vrai ce qui est faux.

Alors quel'erreur se dissipe, une fois qu'elle est connue en tant qu'erreur, l'illusion, une fois déjouée, peut, bien souvent, seperpétuer.

Voici donc une croyance singulière, qui ne se confond ni avec l'erreur ni avec le mensonge (où j'ail'intention d'égarer l'interlocuteur).

N'oublions d'ailleurs pas l'étymologie de l'illusion, qui vient du verbe latin illudere,abuser.

Dans l'illusion, un piège étrange m'est tendu, dont je suis la victime (généralement consentante !).Le sens de l'intitulé est donc, en définitive, le suivant : est-il sensé et sage de lutter contre n'importe quelle (toute)non-vérité tenue pour une vérité ? • Notre intitulé, loin d'être neutre, nous engage dans tout un questionnement, dans une problématique : et si la vieavait besoin d'illusions ? L'illusion, un mal qui s'insinue en nous et qu'il faut extirper, comme une mauvaise racine, oubien un phénomène possédant une fonction vitale ? Même quand on s'efforce de déraciner toute illusion, n'ensubsiste-t-il pas, en cette extraction même ? Le problème est, en définitive, de savoir s'il faut accepter la réalitécomme norme et tribunal ultime ou bien, au contraire, voir dans l'illusion un ressort du bonheur, ressort biensupérieur au réel.

L'enjeu du problème est évident car c'est toute la question de la vérité et de la réalité qui prendici une importance décisive.

Opterons-nous pour la vérité nue, dure, par moments affreuse à voir ? A.

Il est raisonnable de combattre toute illusion. Le combat contre l'illusion, contre n'importe quelle illusion, nous apparaît, d'abord, comme pleinement sensé etlégitime.

Ne faut-il pas se battre contre l'illusion, ce piège dangereux ? Ne nous faut-il pas être réaliste ? Toutes lesillusions ne sont-elles pas périlleuses et redoutables ?Sur le plan théorique, tout d'abord, il semble légitime et sensé de se défaire de ses illusions.

En effet, l'homme estcet être en quête de vrai, qui s'efforce d'accéder à ce qui est.

Ne lui faut-il pas, d'abord, faire de la recherche de lavérité la dimension fondamentale de son existence ? Or, le vrai est ce qui est en accord, ce qui concorde,l'adéquation entre le jugement et la réalité.

S'illusionner, c'est s'abuser, se laisser jouer par le réel et laisser de côtéle phénomène de vérité.

Dès lors, dans l'illusion, l'accession à la vérité devient impossible.

Jouet de mon imagination,retrancherai-je dix ans à mon âge réel, verrai-je dans telle ou telle idéologie (finalement malfaisante) le salut del'humanité, rêverai-je qu'un miracle financier me sauvera ? On pourrait multiplier les exemples.

Dans les trois cas,j'oublie le réel, j'écarte le vrai, je manque de lucidité à l'égard de moi-même et du monde.

Il me faut combattre touteillusion et non point la magnifier, si je veux être conforme à ma véritable essence, m'affirmer comme cet individu enquête de vérité et de réalité.

Le problème fondamental n'est-il pas pour moi de parvenir à la vérité et au réel ? Nesont-ce pas ces derniers qui sont normes centrales ? Il est sensé de combattre toute illusion, puisque cettedernière fonctionne comme un écran s'interposant entre moi et le vrai.Mais l'illusion est tout aussi maléfique sur le plan pratique qu'elle l'est au niveau théorique : en effet, l'illusionsuppose que nous renonçons au réel, pour nous bercer de consolantes et apaisantes chimères.

Or, le refugeconfortable ou, en apparence bienfaisant, dans l'imaginaire, nuit aux exigences de l'action.

En m'apportant desconsolations chimériques, en m'écartant de la pression du monde, du vrai et du réel, l'illusion m'empêche (biensouvent) d'agir.

Dès lors, quand de vaines et maladives visions prennent, à mes yeux, la place du réel, n'est-ce pasma pratique qui s'égare ? D'ailleurs, généralement, pour qui se berce d'illusions, le réel réapparaît, menaçant.

Si jeme crois dans un palais, en lieu et place de mon étroit logis, ma pratique (agir, lutter socialement) est écartée parune chimère et, quand le réel revient, me restent seulement les fantasmagories et spectacles fantastiques dudélire...

Oui, il est raisonnable de combattre toute illusion, car elle est obstacle à mon action et m'ouvre à unimaginaire clos sur lui-même, infantile, inadéquat.Suspecte théoriquement, nuisible pratiquement, l'illusion est, enfin, dangereuse éthiquement : toute illusion neconstitue-t-elle pas, en effet, une mise entre parenthèses du réel et du vrai et donc un oubli de la vraie personne ?Oui, il y a du mépris d'autrui, au sein de l'illusion.

J'oublie le vrai sujet qui est devant moi, agissant, parlant, existant.À sa place, j'introduis un fantôme, une chimère.

Loin de respecter autrui, je le recouvre d'une image autre,étrangère à lui-même et à sa véritable essence.

Sur le plan de la morale, l'illusion doit être combattue ; il est senséde la refouler car l'illusion, c'est l'anti-morale, l'anti-respect, la substitution d'une image fictive à la véritableprésence d'autrui.. »

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