Devoir de Philosophie

Est-il si facile de distinguer le rêve de la réalité ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

En d'autres termes, le rêve possède une réalité propre - celle de l'imaginaire -, mais d'un degré ontologique moindre que le monde sensible dit réel, et que le monde intelligible.   - Si l'on peut ainsi distinguer le rêve de la réalité, à moins d'être insensé (Freud, dans L'interprétation des rêves, désigne sous le terme de « psychose » l'impossibilité d'opérer cette distinction), il s'agit là d'une question ontologique. Or, selon Kant, nous ne pouvons connaître que les phénomènes, la manière dont les choses nous apparaissent, et non les noumènes, ou choses en soi. Si l'on reprend l'exemple cartésien du morceau de cire, ce n'est pas la chose en soi, le morceau de cire tel qu'il est réellement, que nous considérons par l'entendement, mais seulement la manière dont il nous apparaît. La connaissance n'est ainsi qu'une manière de « sauver les phénomènes », et toute question ontologique, portant sur la réalité ultime des choses, ne peut être que métaphysique : il est impossible de démontrer que les noumènes existent réellement, et par conséquent que la réalité qui nous est donnée soit véritablement (cf. préface de la 2nde édition à la Critique de la raison pure).   Conclusion   Si l'on peut donc distinguer le rêve de la réalité, à moins d'être insensé, et que même le sceptique, qui doute de l'existence véritable des choses mondaines, est conduit, dans sa vie quotidienne, à admettre l'impression de ses sens (sans juger de leur validité épistémologique, cf. Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhoniennes, I, 10-11), rien cependant nous permet d'affirmer avec certitude que ce qui nous apparaît comme la réalité possède véritablement une consistance ontologique, c'est-à-dire qu'elle est véritablement. L'être de la réalité (dont Platon et Descartes affirmaient qu'il résidait dans l'intelligibilité) est en effet hors de portée de notre connaissance, comme l'a démontré Kant. Dès lors, celle-ci ne porte pas sur les noumènes, dont on peut seulement postuler l'existence, mais sur les phénomènes.

 Si lorsque je rêve, je crois véritablement agir, comment m’assurer lorsque j’agis réellement en ce monde que je ne rêve point ? Comment distinguer le rêve de la réalité ? Si le rêve m’apparaît comme une réalité imaginaire, comment être certain que je n’imagine pas la réalité dans laquelle je vis ? Il s’agit là non pas d’un problème psychologique, mais d’une question ontologique : si le rêve possède une réalité propre, comment la distinguer de notre réalité ? Et notre réalité est-elle la véritable réalité ? Ou n’est-elle que l’image d’une réalité supérieure ?

« Ce que vous savez Non, vous ne rêvez pas ! et vous n'avez pas besoin de la philosophie pour vous en apercevoir.

Cela dit, vous pouvez vous demandercomment vous le savez, et là commence peut-être la difficulté.C'est que, quand on rêve, on ne sait pas que l'on rêve, sous peine de réveil immédiat.

Rêver implique donc une forme d'illusion naturelle.Or, le propre de l'illusion est d'ignorer qu'elle est illusion.

Alors, quand nous savons être dans le monde réel, sans pouvoir pour autantdire comment nous le savons, qu'est-ce qui nous permet de dire que ce n'est pas une illusion ? Et pourtant, ce n'en est pas une !Le rêve existe vraiment.

A sa manière, il est donc réel, même si ce que l'on y vit ne l'est pas.

Et vivre dans le « monde réel », c'est parfoissavoir composer avec ses rêves, voire avec ceux d'autrui. Ce qu'il faut comprendre Le mot « rêve » est susceptible de plusieurs interprétations.

Il convient cependant de le prendre dans son sens strict.

Il pourrait êtretentant, pour fabriquer une antithèse, de considérer que l'action humaine trouve parfois sa motivation dans l'imagination débridée, et quenous commençons par rêver avant d'agir.

Ainsi, il serait aisé de démontrer que la réalité rejoint parfois, au moins en partie, la fiction deprojets apparemment irréalisables.

Mais ce n'est pas le sujet.

Que le mot « rêve » soit ainsi susceptible d'extension n'est pas insignifiant,et l'on peut s'en servir.

Mais, au moins au début du devoir, il est préférable de s'en tenir à la question classique des critères permettantde différencier le rêve de la réalité.La notion de réalité constitue la véritable inconnue du sujet, il ne faut donc pas la traiter comme si elle allait de soi.

C'est mêmeseulement par ce biais que l'on peut donner de l'intérêt et du contenu à la dissertation.

Considérez donc le sujet comme une varianteparticulière de la question : « qu'est-ce qui est vraiment réel ? » Une référence utile Le sujet fait penser à ce que l'on appelle l'argument du rêve dans les Méditations métaphysiques deRené Descartes.

Sa conclusion est surprenante : il n'existe aucun critère permettant de distinguerobjectivement le rêve de la réalité.

Mais il ne faut pas se contenter de cela.Tout d'abord, il convient de préciser le contexte dans lequel se déploie l'argument.

Descartes entreprendde remettre en question tous les fondements de la connaissance, afin de voir s'il peut subsister quelquechose qui soit absolument certain.

Or, ce qui est ordinairement le plus convaincant, c'est ce que l'onreçoit par l'entremise des sens.

La question est donc d'abord celle-ci : puis-je affirmer avec certitude lavérité de mes sensations ? Ou bien, ce qui revient au même, puis-je douter de ce que je perçois sansme contredire ? Il semble bien que le doute en cette matière soit déraisonnable.

Croire que ce que l'onvoit n'est pas, n'est-ce pas se croire fou, et se croire fou, n'est-ce pas se donner tort ?C'est à ce moment de la réflexion que Descartes fait intervenir l'expérience du rêve.

Lorsque je rêve, jecrois en la réalité de ce à quoi je rêve.

Et, évidemment, lorsque je ne rêve pas, je crois en la réalité dece qui m'entoure.

Ainsi donc, conclut Descartes, je me trouve dans l'incapacité d'établir un critère objectifde la réalité de mes perceptions, « et mon étonnement est tel, qu'il est presque capable de mepersuader que je dors » (remarquez le « presque »).Que retenir de la référence ? Attention tout d'abord de ne pas l'exagérer jusqu'au contresens :Descartes ne prétend pas que la vie ne soit qu'un rêve, ni même que l'on soit incapable de faire ladifférence entre le rêve et la veille, mais seulement que l'on ne peut pas donner de preuvesdémonstratives de cette différence.

La réalité est donc d'abord quelque chose qui apparaît à uneconscience sans qu'il soit possible à cette dernière d'aller au-delà.

Comment est la réalité en soi,indépendamment de la façon dont elle m'apparaît ? Cette question est insoluble.

Ce que Descartes nedit pas, c'est qu'entre le rêve et la veille se situe une phase de réveil, et que c'est elle qui vient dénoncer l'illusion du rêve.

Mais, dès lors que de la réalité on ne se réveille pas, elle pourrait être illusoire sans qu'il y ait moyen de lesavoir. Quelle stratégie adopter ? Il faut tout d'abord trouver le ton juste : d'une part, il faut remettre en question l'évidence naïve, pour qui le réel est le réel, d'une façonabsolue et incontestable ; d'autre part, il faut éviter toute tentation de délire.

Pour cela, le bon point de vue est celui de la conscience :efforcez-vous d'envisager le sujet en ayant toujours à l'esprit non pas le réel en lui-même, mais la façon dont chaque conscience le vit etse le représente.

La première remarque que l'on peut faire en considérant les choses ainsi, c'est que si nous avons la ferme etinébranlable conviction de ne pas rêver, il n'en reste pas moins que souvent la réalité nous surprend.Pour commencer la réflexion, il faut analyser les différences entre le rêve et la réalité telles donc qu'elles apparaissent à la conscience.Ceci pourra constituer la première partie.

Trois éléments peuvent être mis en évidence.

Premièrement, dans le rêve la continuité spatio-temporelle est brisée.

Deuxièmement, la réalité semble beaucoup plus cohérente, cela signifie surtout que l'on doit assumer ce qui s'ypasse, au sens où l'on ne peut pas toujours vraiment faire comme si ce qui est arrivé n'était pas arrivé.

Troisièmement, comme le disaitdéjà Héraclite, « pendant le sommeil chacun possède un monde à part », alors que le monde est commun à tous ceux qui sont éveillés.La référence à Descartes peut constituer l'essentiel de la seconde partie.

La transition peut se faire en remarquant que toutes cesdifférences n'existent, comme le rêve, que par rapport à une conscience qui les perçoit.

Dès lors, elles ne sont pas niées, maisrelativisées.

La réalité n'est-elle pas vécue comme un songe cohérent ? Et encore, cette cohérence fait parfois défaut, au point qu'on peutse demander si elle relève vraiment d'autre chose que de l'habitude.La troisième partie peut ainsi s'ouvrir sur ce qui est peut-être le grand problème de la philosophie moderne : comment connaître lemonde indépendamment de nos représentations ? Ainsi la science, souvent conçue comme le modèle de toute pensée objective, sembleavoir perdu l'ambition de dire comment sont les réalités en elles-mêmes.

Tout au plus parvient-elle à se prononcer sur la pertinence desmodèles théoriques qui lui servent à établir les lois qui régissent les phénomènes observables.Mais si tout n'est que représentation, peut-on encore parler de vérité ? Spontanément, nous entendons par vérité un rapport deconformité au réel, et si « songe n'est que mensonge », c'est parce que ce rapport fait défaut lorsque l'on rêve.

Or, toute conscience esten même temps ignorance de ce que sont les choses indépendamment de la façon dont elle en a conscience.

C'est en ce sens que nousvivons dans l'illusion dès que nous croyons savoir quelque chose.

Tout au plus peut-on constater la cohérence relative de nosreprésentations ainsi que la possibilité de les partager avec autrui, malgré l'impossibilité de saisir ce qu'autrui pense « exactement ».

Ainsile rêve n'est pas qu'un accident mystérieux advenu à tout être vivant en général, ni non plus la plaisanterie sadique d'un créateur ravi devoir ses créatures devenir folles un tiers de leur vie durant, mais l'image instructive de ce qui manque à jamais à notre connaissance.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles