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Etat et société

Publié le 14/01/2012

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Intro : Il ne faut pas confondre État et société. L'Etat est une communauté politique dont la légitimité doit nécessairement être assurée. La société est quant à elle fondée sur les échanges et vise la satisfaction des besoins humains. L'État est généralement présenté comme un instrument d'ordre, comme l'ossature, la colonne vertébrale de la société. On peut se demander si l'Etat et la société sont des entités concomitantes, ou bien si l'un peut exister sans l'autre.

A. Quels sont les caractéristiques de l'État a) Le pouvoir politique dans l'Etat est différencié des autres formes de pouvoirs et centralisé. La distinction gouvernant-gouverné devient précise en son sein, parce que la fonction politique a été spécialisée. Ce qui ne veut pas dire qu’une société sans État ne comporterait pas de pouvoir, ni que celui-ci soit une création de l’État ; dans une société traditionnelle, le pouvoir peut être plus diffus, moins spécialisé, mais il est bel et bien présent. Il y a État quand dans une société les hommes cristallisent le pouvoir sous la forme d’institutions. Or, une institution n’existerait pas sans qu’il y ait antérieurement des conditions géopolitiques déterminées. Il n’y a État que lors qu’il y a une autorité politique et juridique dans les limites d’un territoire. L’État est une structure politique qui dispose du monopole de la législation sur son territoire. Les limites de l’État, ce sont les limites dans lesquelles il exerce son pouvoir, dans lesquelles ses lois sont valides et appliquées. Il peut exister des nations nomades, telles celle des gitans, mais il n’y a pas d’État nomade : le concept d’État suppose antérieurement celui de propriété de la terre, propriété qu’il s’agit de défendre au nom du droit, lequel est consacré par l’État. L'État suppose par ailleurs une population, le peuple qui le forme étant l’origine même de sa souveraineté.

« propriété et de la liberté personnelles, l'intérêt des individu en tant que tels est le but suprême en vue duquel ilssont rassemblés et il en résulte qu'il est falcultatif d'être membre d'un Etat.

Mais sa relation à l'individu est toutautre ; s'il est l'esprit objectif, alors l'individu lui-même n'a d'objectivité, de vérité et de moralité que s'il en est unmembre.

L'association en tant que telle est elle-même le vrai contenu et le vrai but, et la destination desindividus est de mener une vie collective ; et leur autre satisfaction, leur activité et les modalités de leur conduiteont cet acte substantiel et universel comme point de départ et comme résultat", écrit Hegel dans Principes de laphilosophie du droit.

La société civile moderne correspond à l'organisation moderne du travail, au libéralismeéconomique, dont la fonction est d'assurer la protection des droits individuels.

La société civile contient troismoments selon Hegel, "la médiation du besoin et la satisfaction de l'individu par son travail et par le travail et lasatisfaction des besoins de tous les autres (...), la défense de la propriété par la justice (...) [et] la précautioncontre le résidu de contingence de ces systèmes et la défense des intérêts particuliers comme quelque chose decommun, par l'administration et la corporation." La société civile permet la transformation matérielle du mondemais elle ne permet pas à la liberté de se réaliser dans l'Histoire.

C'est l'Etat qui permet l'accomplissementindividuel dans l'intérêt universel, c'est à dire la réalisation de la liberté.

Dans le monde moderne, selon Hegel, il ya opposition entre l'intérêt particulier et l'intérêt de la collectivité organisée qui apparaît à l'individu commepuissance extérieure et force contraignante, aliénante.

Cette opposition doit être surmontée, et l'est par la rusede l'Etat.

L'Etat moderne, en partant de la liberté individuelle et en s'en servant, amène les hommes à reconnaîtrele caractère supérieur de son pouvoir et le caractère raisonnable de sa loi. b) Si les hommes se donnent des États, c’est pour qu’il y ait une instance supérieure à la volonté des individus quifasse triompher ce qui est universel, afin que la volonté générale puisse s’exprimer par-dessus les volontésparticulières.

De là à concevoir l’État comme un idéal à réaliser, il n’y a qu’un pas.

L’État devient alors un idéal àconstruire dans l'Histoire.

On peut se demander comment justifier théoriquement la mise en place de l’État.

Pourréaliser la fin qui consiste dans le dépassement des intérêts individuels, ce qui est une fin rationnelle, l’humanité aformé l’État.

Il rend possible autre chose que le régime de l’affrontement des rapports de force, puisqu’il exprime ledroit.

C’est en lui et par lui seulement qu’il peut y avoir des droits.

En conséquence c’est aussi à travers lui que lecitoyen peut mobiliser son sens du devoir.

Hegel écrit ainsi : "En face des sphères du droit privé et de l 'intérêtparticulier, de la famille et de la société civile, l'Etat est d'une part, une nécessité externe et une puissance plusélevée, à sa nature sont subordonnés leurs lois et leurs intérêts ".

Si la liberté politique doit avoir un sens positif,et constructif, ce doit être à l’intérieur de la construction de l’État.

C’est dans l’État seulement que la libertédevient concrète, au sens où chaque individu reçoit le plein développement et la reconnaissance de ses droits,tout en étant intégré à une totalité qui est l’affirmation de la primauté de l’universel.

"L'Etat est la réalité de laliberté concrète" écrit Hegel dans Principes de la philosophie du droit.

Pour passer de l’affirmation négative de laliberté à sa forme positive, le citoyen dans l’État doit être à la fois libre et responsable et accepter de tempérerson égoïsme en reconnaissant l’autorité de la volonté générale.

Dans la mesure où le citoyen est à même dereconnaître dans la volonté de l’État sa propre volonté, l’État devient capable de pouvoir au mieux à la liberté et àla sécurité de tous.

Il faut faire de la politique la réalisation de l’Idée morale pense Hegel, qui écrit dans Principesde la Philosophie du Droit que "l'Etat est la réalité en acte de l'Idée morale et objective – l'esprit moral commevolonté substantielle révélée, claire à soi-même, qui se connaît et se pense et accomplit ce qu'elle sait et parcequ'elle sait".

Pour lui, l'Etat est "une unité substantielle", "un but propre et absolu (...) dans lequel la libertéobtient sa valeur suprême, et ainsi ce but final a un droit souverain vis-à-vis des individus, dont le plus hautdevoir est d'être membres de l'Etat" C’est alors seulement dans l’État et par l’État que se réalise l’identité du droitet du devoir, qui donne à chacun un statut égal et n’appartient pas aux formations antérieures de la sociabilité."Dans la famille, le fils n’a pas des droits de même contenu que ses devoirs envers son père, et les droits ducitoyen envers l’État, envers le prince et le gouvernement ne sont pas de même nature que ses devoirs".

Il s’agitd’un idéal rationnel, Hegel estime que les progrès de l’ Histoire feront peu à peu triompher les aspirations del’Esprit et qu’alors, la seule forme que pourra revêtir une société humaine accomplie sera celle de l’État.

Enconséquence, dans La Raison dans l’Histoire, Hegel ébauche une vaste fresque de l’Histoire de l’Humanité quiconverge vers un terme final qui est la réalisation de l’État.

Ce but élevé est aussi une finalité spirituelle.

LesHommes cherchent à faire descendre la vie divine sur terre pour y conformer leur communauté.

L’Histoireuniverselle n’est rien d’autre que la Manifestation de l’Esprit en quête de sa propre substance.

L'Etat est pour lui"le rationnel en soi et pour soi".

Et si c’est la Raison qui conduit le monde, l’Histoire ne peut se penser que sous lacatégorie de la nécessité.

La nécessité, la nature et l’Histoire ne sont que les instruments de la révélation del’Esprit dans cette ultime incarnation qu’est l’État. c) Cette conception idéaliste de l’État peut être critiquée.

Du point de vue de la philosophie de l’Histoire, il estdifficile de voir quelle est la justification concrète de l'Etat.

Si on reste les pieds sur la terre des hommes, commele répète le marxisme, l’État reste une communauté illusoire par rapport aux jeux de forces entre individus dont ilest le siège.

Ce jeu de forces dans le marxisme prend le nom de lutte des classes et se situe sur le terrain del’économie.

L’État est une structure idéologique qui repose en définitive sur une infrastructure économique qui estcelle des besoins réels des individus vivants et leur régulation dans le système économique.

Sur le seul terrain dela philosophie politique, il n’est pas évident que son existence soit pleinement justifiée.

Marx pensait que l’Étatdevrait être à un moment aboli, une fois que la révolution communiste aurait aboli la lutte des classes, sonexistence devait être seulement transitoire, en attendant une révolution économique radicale, cf.

Le Manifeste duparti communiste.

Dans la société sans classe, il n’y aurait pas d’État.

Les anarchistes, comme Bakounine, sontencore plus sévères, estimant que la structure de l’État est par nature oppressante.

Une société "saine" est lefruit de la participation du plus grand nombre ; selon certains, il faut donc rogner les serres et les griffes de l'État. »

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