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Etre libre, est-ce agir spontanément ?

Publié le 09/09/2005

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Cette figure littéraire nous invite à nous demander si la spontanéité est ou non une marque de liberté.La compréhension commune du mot « spontanéité » nous incite plutôt à répondre positivement à cette question; mais si l'on se place, comme nous le ferons dans un second temps, du point de vue de la définition philosophique de la liberté, la simple spontanéité semble devoir être subordonnée à la raison. C'est pourquoi il conviendra enfin de revenir sur la notion de « marque » pour mieux éclairer le rapport de la spontanéité à la liberté, en replaçant ces notions dans le cadre de la temporalité existentielle. I. La spontanéité est une marque de liberté.Être spontané, c'est donner « libre cours » à ses sentiments ou à ses pensées; il semble donc qu'on ne puisse trouver un meilleur signe de la liberté.* L'individu spontané est libre à l'égard des convenances sociales Encore faut-il préciser en quoi et de quoi l'individu spontané est libre.Ce qui vient d'abord à l'esprit, c'est une liberté à l'égard des conventions, à l'égard du « qu'en-dira-t-on » : l'individu spontané ne travaille pas la forme de son expression mais livre « tels quels » ses sentiments et ses pensées.* L'individu spontané est généreux.Se rendant transparent aux autres en extériorisant facilement ses états de conscience, l'individu spontané semble également libre par rapport aux calculs mesquins de ceux qui ne raisonnent qu'en termes de stratégie et d'intérêt.

« la vieille maxime selon laquelle « la superstition est le plus sûr moyen auquel on puisse avoir recours pour gouvernerla masse.

»Par la connaissance, de passif, l'homme devient actif mais cette plénitude d'être qui lui fait trouver la liberté, le faitaussi accéder à la réalité de la substance unique puisque « rien n'arrive sinon par la force de la cause qui créétoutes choses, cad Dieu qui par son concours prolonge à chaque instant l'existence de toutes choses » et que donc« puisque rien n'arrive que par la seule puissance divine, il est facile de voir que tout ce qui arrive par la force dudécret de Dieu et de sa volonté ».Chez Spinoza, le moi se trouve donc dissous dans la substance unique (Dieu) et la personnalité libre n'éclôt à laliberté que pour perdre aussitôt dans la nécessité de Dieu. "Pour ma part, je dis que cette chose est libre qui existe et agit par la seule nécessité de sa nature, et contraintecette chose qui est déterminée par une autre à exister et à agir selon une modalité précise et déterminée.

Dieu, parexemple, existe librement (quoique nécessairement) parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature.

De mêmeencore, Dieu connaît soi-même et toutes choses en toute liberté, parce qu'il découle de la seule nécessité de sanature qu'il comprenne toutes choses.

Vous voyez donc que je ne situe pas la liberté dans un libre décret, maisdans la libre nécessité." Spinoza.Il s'agit de définir la liberté.1) En opposant liberté & contrainte, et en associant liberté et nécessité.

La liberté se situe dans "la libre nécessité".2) Ainsi, Dieu est libre en tant qu'il existe "par la seule nécessité de sa nature". C'est une définition de la liberté que Spinoza reconnaît sienne: "Pour ma part, je dis que".

Mais ce "je dis que" estune simple limite de courtoisie.

Il faut entendre que Spinoza donne la définition de la liberté, telle qu'il l'entend àl'intérieur de son système philosophique, telle qu'on doit l'entendre, pour comprendre sa doctrine et surtout tellequ'elle lui apparaît comme juste. 1)Tout d'abord, et c'est d'emblée le centre même de la position de Spinoza, la notion de liberté est à comprendredans sa distinction d'avec la notion de contrainte.

Plus simplement, la notion de liberté est à opposer à la notion decontrainte (et non à celle de nécessité).

D'où, d'un point de vue stylistique, la construction symétrique: "je dis quecette chose est libre [...], je dis que cette chose est contrainte".

Construction symétrique qui oppose une chosequi existe et agit(du côté de la liberté) à une chose qui est déterminée (du côté de la contrainte).Plus précisément d'un côté l'autonomie ( "par la seule nécessité de sa nature"), de l'autre l'hétéronomie ("par uneautre [chose] à exister et à agir").

Notons en passant que la notion d'existence, renvoie aussi bien à "l'existencenécessaire par essence" (cad liberté) qu'à "l'existence nécessaire par causalité externe" (cad déterminisme).

Quantà agir, il s'agit non pas d'une action finalisée, mais d'une production immanente à la Nature. Autrement dit, de l'extérieur et à première vue, on peut ne voir guère de différence: une chose (quelle qu'elle soit)existe et agit -et ceci qu'elle soit libre ou contrainte...

Mais dès qu'on pousse l'investigation en se posant laquestion de savoir ce qui fait exister et agir une telle chose, une classification s'impose -et une différence éclate.Soit la chose existe et agit par elle-même ("par la seule nécessité de sa nature"), soit la chose n'existe et n'agit quepar "une autre [chose]".

D'un côté la liberté, de l'autre la contrainte. Dans le texte de Spinoza, il est bien clair que la nécessité, loin de s'opposer à la liberté, est du côté de la liberté,qu'elle est un élément de la définition de la liberté.

Ce qui conduit à mieux expliciter la notion.D'une part, la liberté s'oppose à la contrainte.

D'autre part la liberté, au sens spinoziste, se distingue du libre arbitre("je ne situe pas la liberté dans un libre décret").

Lorsque traditionnellement, antérieurement à Spinoza, on opposeliberté et nécessité, c'est qu'on entend alors par liberté la notion de libre arbitre.Ce n'est nullement le cas de Spinoza, puisque, bien au contraire, une grande partie de sa démarche consiste à aiderses lecteurs à se séparer de l'illusion du libre arbitre.

Ici, dans la lettre à Schuller, il s'agit d'un simple rappel deposition , d'un simple rappel de doctrine.

Et l'on peut d'ailleurs, sans beaucoup se tromper, supposer que Schullerconnaît bien cette doctrine, qu'il a lu des textes de Spinoza, ou peut-être même qu'il a reçu de Spinoza des "bonnespages" de l' "Ethique".D'où l'aspect si resserré du texte, si contesté et abstrait.

Mais on ne peut manquer de rappeler ici, pour le moins,l'appendice à la partie 1 de l' "Ethique" où Spinoza dénonce l'illusion finaliste et la croyance au libre arbitre: "Les hommes se croient libres parce qu'ils ignorent les causes qui les disposent à désirer età vouloir." 2) La notion de liberté, comme autonomie, cad nécessité interne ("nécessité de sa nature") est l'occasion pourSpinoza d'aborder la notion de Dieu.Car on devine l'objection possible que le lecteur peut se faire.

A peu près de la manière suivante: acceptons ladéfinition d'une chose comme libre si elle existe "par la seule nécessité de sa nature".

Mais accepter cette définition,ce n'est pas reconnaître qu'une telle chose libre soit.

Il n'y a peut-être nulle part une telle chose "qui existe etagisse par la seule nécessité de sa nature."Comme s'il pressentait cette objection, Spinoza "présente" cette chose libre: Dieu.

En rappelant sa définition,comme on la trouve dans l' "Ethique": "Il existe nécessairement; il est unique; il est & il agit par la seule nécessitéde sa nature" (Appendice à la partie 1) ou encore dans la proposition 17 (où se joue la distinction d'avec la. »

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