Devoir de Philosophie

Être libre, est-ce ne dépendre que de soi ?

Publié le 08/02/2004

Extrait du document

Expliquez:a. «le premier de tous les biens n'est pas l'autorité mais la liberté»;b. «L'homme vraiment libre ne veut que ce qu'il peut et fait ce qu'il lui plaît»;c. «La société a fait l'homme plus faible».Question 1Le texte est très dense. Il progresse en trois temps. Tout d'abord, dans le premier paragraphe, Rousseau établit que la liberté «est le premier de tous les biens». Le raisonnement est très serré et assez elliptique. C'est là la thèse de l'auteur. On peut restituer la progression ainsi: être libre, c'est pouvoir vivre sans avoir besoin des autres; par conséquent, celui qui a de l'autorité sur les autres et sait se faire obéir exerce sans doute une certaine puissance mais il n'est pas libre: le maître a besoin de ses esclaves.

« Chaque individu peut avoir une volonté contraire aux autres, et surtoutdifférente de la majorité des opinions exprimées et retenues.

Chacun vise sonintérêt particulier qui n'est pas directement celui de l'intérêt et du biencommuns.

L'individu peut estimer que ce qu'il donne à la communauté, estsans contrepartie, et qu'un manque à gagner pour la communauté pèse moinspour elle, que pour lui qui se prive personnellement H peut voir en l'Etat unsimple être de raison qui lui conférerait des droits, mais à l'égard duquel ilimporterait peu qu'il s'acquitte de ses devoirs.

L'individu a tendance à oublierque le pacte ou contrat social est un engagement réciproque qui lui confèredes droits parla contrepartie de ses devoirs.

Il s'ensuit que "quiconquerefusera d'obéir à la volonté générale, y sera contraint par tout le corps : cequi ne signifie autre chose qu'on le forcera d'être libre".

De même, toutes lesfois que la communauté est consultée pour choisir des élus qui représenterontla volonté générale et établiront des lois, il n'est pas demandé d'exprimer savolonté particulière et ses propres intérêts, mais la volonté générale, à savoirle bien de toute la communauté.

Quand un avis contraire au mien l'emporte,cela signifie que je m'étais trompé sur le contenu de la volonté générale.L'individu et sa volonté particulière doivent donc disparaître au profit de laconscience de la volonté générale. Dans un célèbre passage, Rousseau déclare, à propos du citoyen récalcitrant, qu'il faudra « le forcer d'êtrelibre », c'est-à-dire le contraindre à se soumettre à la volonté générale.

Cette formule oxymorique permet à l'auteurde souligner le fait qu'être libre, c'est justement ne pas dépendre de soi comme sujet désirant, c'est être capable des'obliger à obéir aux lois.

Ne pas savoir renoncer à sa volonté particulière c'est aussi en demeurer prisonnier ; laliberté, en tant qu'opposée à la licence, nécessite de renoncer à l'égoïsme. II- La liberté n'est possible que grâce à l'autonomie de la volonté. Loin d'être un objet de jouissance, la liberté serait donc une valeur morale, marquée du sceau de laresponsabilité.

Mais il faut se garder de croire que la liberté consiste à dépendre d'autre chose que de soi.

Bien plus,être libre, c'est ne dépendre que de soi en tant que sujet non sensible.

Pour Kant, l'homme est un être à la foisphénoménal, sensible et nouménal, capable de se détacher de ses affections pathologiques, c'est-à-dire de sesdésirs sensibles.

C'est cette capacité au détachement, cette faculté de débarrasser sa volonté de motifs sensibles,qui fait de l'homme un être libre. Aussi, la liberté exige comme condition de possibilité l'autonomie de la volonté.

La volonté est diteautonome lorsque le sujet n'agit en fonction d'aucun motif sensible, c'est-à-dire non pas pour son propre intérêtmais en fonction d'un intérêt supérieur.

Ce dernier est thématisé chez Kant, dans Les Fondements de la métaphysique des mœurs , comme « impératif catégorique ».

Il consiste à agir de telle sorte que la maxime de notre action puisse être en même temps érigée en loi universelle de la nature.

Par exemple, le mensonge, quel que soit lasituation où je suis engagé, est immoral.

En effet, érigé en loi universelle de la nature, il détruirait la possibilité detout langage.

Il n'y aurait pas de langage possible si la contradiction, la dissimulation, en étaient les fondations. Le principe de la moralité réside donc dans l'autonomie, soit la faculté de se déterminer soi-même de par unelégislation rationnelle.

L'homme est lié à son devoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.

Aucun intérêt ne vient leforcer à faire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vient le contraindre.Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre mais hétéronome, c'est-à-dire sous ladépendance d'une loi qui ne procède pas de lui-même.

Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté.

Êtrelibre et moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle.Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.

Le principe suprême du devoir est inconditionné et absolu.

Lavolonté n'y est pas intéressée, et elle n'est pas non plus motivée par la crainte d'un châtiment ou d'une sanction s'ily a désobéissance.

Dans l'accomplissement du devoir, la volonté est fondée sur un principe d'autonomie :"L'autonomie de la volonté est cette propriété qu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toutepropriété des objets du vouloir).

Le principe de l'autonomie est donc : de choisir de telle sorte que les maximes denotre choix soient comprises en même temps comme lois universelles dans ce même acte de vouloir." L'autonomie de la volonté implique l'indifférence du sujet à l'égard des résultats de son action.

C'estpourquoi seule la bonne volonté du sujet compte, peu importe que son action réussisse ou échoue.

Cetteindifférence garantit la liberté du sujet, la certitude que ce dernier n'a pas agit comme sujet désirant, c'est-à-direvisant tel but.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles