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Etre reconnu ?

Publié le 27/02/2008

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« Pas besoin de grill, l'enfer c'est les autres », disait Jean-Paul Sartre (cf. Huis clos). Autrui est-il un danger que nous devons fuir ? Ou chacun a-t-il besoin inévitablement d'autrui et de sa reconnaissance ? En effet, nous aspirons tous à la reconnaissance, mais qu'est-ce qu'être reconnu ? Souvent nous affirmons qu'une société juste, est celle qui accorde à tous la reconnaissance sans laquelle nous ne saurions vivre. Mais pouvons-nous réellement être tous reconnus ? Et qu'est-ce qui anime la demande de reconnaissance ? Qu'il s'agisse du genre, des minorités ethniques, culturelles ou religieuses, de la sexualité, mais aussi des conflits économiques eux-mêmes, tout le monde veut d'abord voir reconnue et respectée son identité, individuelle et/ou collective. La reconnaissance nous fournit les bases de la dignité et de l'estime de soi, mais comment être reconnu ? La lutte est-elle l'unique moyen ? Le don n'est-il pas lui aussi un moyen par lequel s'opère la reconnaissance de l'autre ? Et plus particulièrement, être reconnu, n'est ce pas également être estimé et par ailleurs être capable de s'estimer soi même ? Nous tenterons aller dans un premier temps de comprendre ce qu'est la reconnaissance, et ce que l'homme désire voir être reconnu et pourquoi le désire t-il ? Pour ensuite souligner l'importance de la reconnaissance, qui entièrement intégré dans les différentes sphères de la vie de l'homme, et ceci pour mieux comprendre les conséquences que le déni de reconnaissance peut avoir pour l'homme. Enfin, nous tenterons de comprendre par quel moyen l'individu peut-il être reconnu, et si la question de la reconnaissance ne peut pas être perçue dans un échange plus positif dans l'incarnation du don.

« origines dans les révolutions françaises et américaines affirment l'égale dignité des hommes.

Ceux qui aspirent à êtrereconnus auraient donc un droit à f aire reconnaitre la dignité de ce qui les rend différent les uns des autres, et lemépris de la différence culturelle produit des formes d'oppressions tout aussi graves que la violation des droitsuniversels.

Il faut donc admettre la légitimité des revendications de reconnaissance de la différence.

Parreconnaissance nous entendons ici les formes de représentation publique de ce qui constitue la valeur d'unedifférence.

La différence est considérée ici principalement comme une différence culturelle.

L'exigence dereconnaissance de la différence peut aussi concerner les traits spécifiques d'autres groupes sociaux, par exempleissus de l'esclavage ou de l'émigration, ou définis par un statut social inférieur : les femmes, ou par une orientationsexuelle minoritaire.Par la suite, ce n'est pas l'unique raison qui expliquerait pourquoi l'homme désire t-il être reconnu ; ce n'est pasuniquement des revendications relatives à la différence qui conduisent les hommes à vouloir être reconnus.

Laquestion de la reconnaissance pose un problème beaucoup plus général : l'ensemble de nos rapports à autrui esttraversé par des attentes de reconnaissance.

En effet, l'image positive que nous pouvons avoir de nous-mêmesdépend du regard, des jugements et des comportements d'autrui à notre égard.

Sans reconnaissance nous nepouvons accéder à la confiance en soi, au respect de soi et à l'estime de soi.

C'est la raison pour laquelle nousrestons toujours en attente de reconnaissance dans les interactions sociales.

L'individu apprend à s'appréhender lui-même à la fois comme possédant une valeur propre et comme étant un membre particulier de la communauté socialedans la mesure où il s'assure progressivement des capacités et des besoins spécifiques qui le constituent en tantque personne grâce aux réactions positives qu'ils rencontrent chez autrui.

Emmanuel Levinas insistera sur latranscendance d'autrui (cf.

Ethique et Infini).

Autrui est toujours au delà, il est la seule expérience réelle que jepuisse faire.

En effet, le rapport aux choses me condamne à ne pas sortir de moi-même.

Il souligne que laconnaissance ne nous fait pas sortir de nous même, c'est le regard d'autrui qui nous arrache à nous même, etpermet de nous amener au delà de nous même et de sortir de la solitude.

Les hommes désirent donc être reconnuspour la part d'identité, d'équilibre, de liberté qu'apporte la reconnaissance.Ainsi, si l'être humain dispose de potentialités pour agir, en affirmant sa singularité individuelle, il devient entièrementlibre et à la capacité de prendre des initiatives.

Pour préciser l'importance de la reconnaissance, A.

Honneth met en rapport trois formes de reconnaissance qui sontétroitement liés avec trois formes de rapport positif à soi, et ces derniers sont eux même spécifiques à trois sphèressociales distinctes (cf.

La Lutte pour la reconnaissance).

Ces trois formes peuvent donc être considéré pour leshommes comme les plus importantes et l'ont pourrait les classer au sommet de la hiérarchie de leurs préférencesordinales.

La première sphère est celle de l'intimité.

La reconnaissance passe par les rapports affectifs amicaux,amoureux, familiaux, lesquels rendent possible la « confiance en soi », c'est-à-dire la conscience de la qualité denotre propre existence d'êtres de désirs et de besoins.

La deuxième sphère porte sur les relations juridiques.

Lareconnaissance dépend alors des droits qui nous sont attribués et cette dernière permet le « respect de soi »,c'est-à-dire la certitude de la valeur de notre liberté.

Chacun doit pouvoir sentir avoir les mêmes droits que les autres individus pour développer ainsi le sentiment derespect de soi.

La dernière sphère concerne la contribution de nos activités individuelles au bien de la société.

Lareconnaissance ici apporte « l'estime de soi ».

Chacun, notamment dans le travail, doit pouvoir se sentir considérécomme utile à la collectivité, en lui apportant sa contribution.

Ces sphères définissent également des formesparticulières de déni de reconnaissance dont A.

Honneth s'emploie à montrer qu'elles sont coeur de l'expérience del'injustice.Ainsi, en tant qu'être humain, nous ne pouvons développer notre identité et une relation positive à nous même sansreconnaissance.

De même sans cela, nous ne pouvons nous intégrer dans un système social.

L'importance de la reconnaissance, et sa présence au coeur des sphères principales de la vie de l'homme nouspermet désormais de souligner l'ampleur que peut avoir le refus de reconnaissance pour l'homme.

Nous pouvons ainsinous demander quelles conséquences engendre le déni de reconnaissance, car la reconnaissance est bien quelquechose qui devrait être due à chaque individu en considérant l'importance qu'elle peut avoir sur l'avenir d'un individu.A.

Honneth montre que le déni de reconnaissance peut conduire les sentiments d'injustices en chacune des troissphères de reconnaissance ci dessous étudiées.

De plus, les études psychosociales sur l'exclusion et la grandeprécarité montrent que le déni de reconnaissance produit également des lésions de l'identité paralysantes ou destructurantes.

L'homme se retrouve dans une situation d'exclusion, il n'a donc accès à une aucune reconnaissancestable et valorisante ou a une reconnaissance dépréciative.

Nous pouvons donner l'exemple du chômeur de longue durée, quisouffre à la fois d'un rétrécissement et d'une fragilisation de ses relations sociales valorisantes : travail, famille,cercle relationnel.

Le sans abri lui aussi vit dans une constance insécurité sociale et est confronté de façonpermanente avec l'humiliation et la violence.

Dans de telles circonstances, les difficultés rencontrées par l'hommetiennent en grande partie au fait que, comme l'avons expliqué précédemment le rapport positif à soi dépend de lareconnaissance relative aux relations entre les individus.

Ainsi, l'absence de reconnaissance ou une reconnaissancedépréciative peuvent provoquer une fragilisation du rapport à soi, et peuvent conduire à « mal être », mais aussi apeut entrainer un rapport négatif à soi, comme dans les situations d'intériorisation de la honte par exemple, la plusnéfaste des conséquences étant une destruction du rapport à soi.

Le chômeur de longue durée s'attribuera ainsi laresponsabilité dans la situation dans laquelle il se trouve, et chez le sans abri on assistera à des comportementsempreint d'une perte de pudeur, voire de sentiment à soi.

Par conséquent le déni de reconnaissance induit dessentiments négatifs comme l'humiliation, l'indignation, la dépréciation de soi même voir même la destruction durapport à soi.

De même il est compréhensible que le déni de reconnaissance ait autant de néfastes conséquences dufait des apports positifs fondamentaux de la reconnaissance.

C'est ainsi que certains conflits sociaux peuvent êtreconsidéré comme une lutte pour la reconnaissance ; tous conflits étant plus ou moins animés par des convictions. »

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