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Etre tolérant, est-ce tout tolérer ?

Publié le 10/09/2005

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La tolérance est donc refusée aux intolérants. Cette restriction suppose que la religion doivent admettre, comme l'Etat, la séparation du privé et du public en renonçant à régir le tout de la vie des hommes et en se comprenant elle-même comme une affaire privée. A la limitation de la compétence de la loi devrait sans doute répondre la restriction de la religion au seul domaine spirituel. La tolérance est en quelque sorte réflexive et comme le souligne Voltaire ne peut être objet de tolérance que la religion elle-même tolérante. La tolérance se fonde sur le droit naturel des hommes le fanatisme nie dans ses fondements : on tolère les erreurs non les crimes troublant la société, « il faut donc que les hommes commencent par n'être pas fanatiques pour mériter la tolérance », Voltaire, Traité sur la tolérance. La tolérance est ici réservée à ceux qui sont capables de respecter les opinions des autres, et à ne pas entraver leurs libertés.   La tolérance tournée vers la vérité   La tolérance sans limites peut s'accommoder aisément de la recherche de la vérité sans pour autant être limitée de l'extérieur, et même si le présupposé fondamental de la tolérance est que personne ne saurait être l'exclusif dépositaire du vrai. Plus encore, qu'elle prenne appui sur des arguments sceptiques ne signifie pas que la tolérance présuppose l'indifférence à la vérité et aux normes, et qu'elle ne puisse être pratiquée que dans un horizon sceptique. Or, comprise comme droit à l'expression et aux débats d'idées divergentes ou conflictuelles, la tolérance suppose au contraire une valorisation des convictions en général, et de la recherche de la vérité en particulier : fondée le plus souvent sur l'idée de faillibilité de l'entendement, elle est aussi entendue comme condition de la vérité de se faire jour dans l'Histoire. Spinoza souligne « la nécessité première de cette liberté pour l'avancement des sciences et des arts (...) qui ne peuvent être cultivés avec un heureux succès que par ceux dont le jugement est libre et entièrement affranchi » Traité théologico-politique.

Au sens moral et politique, la tolérance est un principe fondé sur légale liberté et dignité des convictions et qui exige de ne pas contraindre une opinion lorsqu’elle est contraire à la sienne. Elle va de paire à cet égard avec la liberté d’expression. A cet égard la tolérance se confond souvent avec la liberté privée laissant à celle-ci l’extension qu’elle choisit d’avoir et s’oppose dés lors au fanatisme. A cet égard être tolérant c’est laissé s’exprimer la pluralité des opinions sans jugement de valeur porté à leur encontre. Et donc ne pas juger à cet égard une opinion plus avérée qu’une autre. Mais n’y a-t-il pas des opinions et des manières de vivre intolérables, que l’on ne doit pas tolérer au nom justement de la tolérance elle-même ? Ou autrement dit la tolérance n’a-t-elle pas des limites ? Certaines opinions en effet ne nuisent-elles pas à la sauvegarde de la société voire à la liberté des individus ?

Nous verrons en premier lieu que être tolérant suppose nécessairement de tout tolérer. Mais, et c’est ce que nous soutiendrons au cours d’un second moment, il y a des opinions qui nuisent à la société et à la tolérance elle-même. Dans cette mesure il y a des opinions intolérables parce que nocives pour le corps social ou pour la vérité parce que erronées. Mais interdire certaines des opinions n’est-ce pas risquer de nuire à la recherche de la vérité ? Ne faut-il pas laisser s’exprimer une opinion même dangereuse pour lui permettre de trouver la voie de la vérité ? N’est-ce pas en cela d’ailleurs la véritable de la tolérance ?

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