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Expliquer est-ce dépoétiser ?

Publié le 25/02/2004

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[Pour ressentir le besoin d'expliquer, il faut au préalable s'etonner. L'étonnement est une vertu appartenant en commun à la raison et à l'imagination. L'esprit qui explique côtoie l'esprit qui poétise le monde.] L'étonnement Platon qui pourtant ne tenait pas en odeur de sainteté les poètes, reconnaît toute l'importance de l'inspiration divine, celle qui vient des Muses, qui agite l'âme et provoque le délire. Il s'agit la d'une métaphore révélant un fait d'importance. L'invention poétique, l' explication rationnelle ont une même origine: l'étonnement. Derrière toute explication demeure ce premier élan, dont la nature est fondamentalement poétique. Aristote, pour une fois, partagera cette opinion en affirmant que: " Ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début, ce furent les difficultés les plus apparentes qui les frappèrent, puis, s'avançant ainsi peu à peu, ils cherchèrent à résoudre des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des étoiles, enfin la genèse de l'Univers. Apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance (et c'est pourquoi aimer les mythes est, en quelque manière se montrer philosophe, car le mythe est composé de merveilleux).

« L'explication s'oppose à l'invention poétiqueL'oeuvre particulièrement sublime de la poésie, c'est d'attribuer aux choses insensibles sens et passions», écritGiambattista Vico dans ses Principes d'une science nouvelle relative a la naturecommune des nations.

Or, cette attribution, qui est aussi invention d'un monde, n'explique pas le réel.

Elle nefait que révéler un aspect de la vie de l'esprit. Construire la réalité implique sa dépoétisationSelon Husserl, «la nature vraie (...) est l'oeuvre de l'esprit qui l'exploreet présuppose par conséquent la science de l'esprit» (La Crise del'humanité européenne et la philosophie).

Cette science qui construit leréel afin de mieux en rendre compte, obéit un certain nombred'impératifs rationnels qui tous s'opposent aux libres mécanismes de lacréation poétique.

Le monde contemporain a mis sur un piédestal laraison, aujourd'hui souveraine.

C'est le règne du logos (raison, logique,rationnel) contre le mythos (mythe, irrationnel par essence).

Cetteévolution a véritablement commencé au XVIIe siècle.

À partir de Galilée,de Descartes, l'imaginaire est exclu des procédures intellectuelles.

Seulcompte le fait scientifique, fruit de l'observation et de l'expérimentation.L'imaginaire est confondu désormais avec le délire, l'irrationnel.

Lemonde se dépoétise.Au XIXe siècle, on assiste à l'explosion du scientisme et de l'histoire qui,comme l'affirme Hegel, est totalement rationnelle.

Les poètes sont «maudits ».Au XXe siècle, le préjugé selon lequel l'imaginaire n'a pas sa place dansla science tend à disparaître.

Bachelard, conscient qu'imaginer deshypothèses est à l'origine de la création scientifique, redonne sa placeà l'imaginaire, en reliant l'esprit scientifique et l'imagination et enprenant en compte la psychanalyse, c'est-à-dire la subjectivité de l'individu-chercheur. Le désenchantement du mondeLa science, en effet, désenchante le monde en instaurant une rupture méthodique, entre la Nature et l'espritconnaissant.

Si l'on en trouve très tôt des expressions chez Platon (la conversion à l'Intelligible dans La République , Ve siècle av.

J-C), ou chez Descartes (à partir du doute méthodologique narré dans la Première Méditation , 1646), on perçoit que le désenchantement éloigne l'homme des sortilèges heureux ou malheureux exercés sur lui par l'univers sensible et par l'imagination.

Néanmoins, le désenchantement devientsystématique (ou généralisé) lorsque l'esprit scientifique substitue un déterminisme rigoureux (causaliténaturelle liée à l'idée de loi) aux déterminismes complexes et multiples de la magie (le Destin, la Providence, leMiracle). [Pour ressentir le besoin d'expliquer, il faut au préalable s'etonner.

L'étonnement est une vertu appartenant en commun à la raison et à l'imagination.

L'esprit qui explique côtoie l'esprit qui poétise le monde.] L'étonnementPlaton qui pourtant ne tenait pas en odeur de sainteté les poètes, reconnaît toute l'importance de l'inspirationdivine, celle qui vient des Muses, qui agite l'âme et provoque le délire.

Il s'agit la d'une métaphore révélant unfait d'importance.

L'invention poétique, l' explication rationnelle ont une même origine: l'étonnement.

Derrièretoute explication demeure ce premier élan, dont la nature est fondamentalement poétique.. »

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