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Expliquez ce mot de Rabier : « La philosophie est un principe de force intellectuelle, parce qu'elle complète et couronne les études scientifiques; elle est un principe de force morale, parce qu'elle complète et couronne les humanités. » ?

Publié le 16/06/2009

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Expliquez ce mot de Rabier

Dans la plupart des pays, la philosophie est étudiée, non pas au collège, chargé d'assurer la formation générale nécessaire à quiconque occupe un poste de direction, mais à l'Université qui distribue l'enseignement spécial préparant immédiatement à la profession choisie. En France, au contraire, la philosophie figure au programme des études secondaires, et tous les candidats à l'enseignement supérieur doivent avoir quelques ouvertures sur les questions dont s'occupent les philosophes. Cette pratique traditionnelle est chère aux Universités françaises, qui, malgré la lourdeur des programmes, ne songent pas à y renoncer. C'est qu'elles ont expérimenté la justesse de cette affirmation de l'auteur du Manuel de philosophie le plus répandu, il y a soixante ans, Elie RADIER :

« La philosophie est un principe de force intellectuelle, parce qu'elle complète et couronne les études scientifiques; elle est un principe de force morale, parce qu'elle complète et couronne les humanités. « Le grand public est peut-être moins convaincu : si on admet généralement que l'initiation aux problèmes philosophiques achève heureusement la formation humaniste, qui résulte avant tout de la fréquentation des chefs-d'oeuvre littéraires de tous les temps, certains se demandent parfois de quelle utilité peuvent être quelques leçons de philosophie comme complément de la formation intellectuelle acquise dans l'étude des diverses sciences. C'est pourquoi, devant indiquer les raisons qui expliquent l'affirmation de RARIER, c'est par ce second point que, suivant d'ailleurs l'ordre du texte cité, nous allons commencer.

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« à ces hypothèses et à ces grandes théories dont l'expérience ne saurait fournir une vérification directe, mais qui luidonnent une vue plus complète du réel.

Ces constructions, si elles sont l'oeuvre d'un esprit sage et équilibré, loin denuire à la science, sont pour elle un facteur de progrès : les hypothèses que la réflexion métaphysique sur lesdonnées de la science a suggérées à un DESCARTES et à un BERGSON ont été une illumination pour les savantseux-mêmes.On comprend dès lors la première partie de l'assertion de RADIER « La philosophie est un principe de forceintellectuelle, parce qu'elle complète et couronne les études scientifiques.

» * * * La philosophie complète aussi les humanités et les couronne; par là elle devient « principe de force morale », c'est-à-dire source d'énergie permettant de surmonter les obstacles qui s'opposent à l'accomplissement du devoir et à laréalisation de l'idéal entrevu.Les humanités ont pour but la formation de la jeunesse.

Pour cela, elles mettent de préférence sous les yeux desécoliers de beaux types humains, des héros ou des saints dignes d'être proposés comme modèles et capablesd'entraîner à leur suite les âmes généreuses : l'humaniste chez qui la formation a réussi a un bel idéal.

Sans doute,les auteurs classiques descendent parfois à un niveau inférieur et nous dépeignent l'homme réel, avec ses faiblesseset ses vilénies.

Mais même alors on gagne à les fréquenter, car ils nous font découvrir les mobiles secrets desdécisions humaines et nous font pénétrer plus profondément dans le mystère de notre vie intérieure, nouspermettant ainsi d'éliminer des intentions perverses dont le vulgaire n'a aucune conscience.Cette oeuvre de formation entreprise par les humanités, la philosophie vient la compléter et la couronner.La psychologie est principalement une synthèse méthodique des connaissances fragmentaires accumulées au coursdes humanités, une mise en formules générales et abstraites des données concrètes et particulières fournies par lalittérature et par l'observation personnelle.

Le psychologue démonte devant nous le mécanisme de la vie intérieure,et par là nous apprend à intervenir dans son déroulement, à faire jouer les ressorts qui déclenchent l'action oumodifient le sens de la marche Grâce à lui, nous savons utiliser les forces dont nous disposons et, les utilisantjudicieusement, devenons effectivement plus forts pour le bien.La morale nous fait prendre une conscience plus nette de la dignité et de la valeur de la personne humaine, de l'idéalqui s'impose à tout être pensant, des exigences de la vie en société, de la solidarité des individus et des nations.

Sil'humaniste peut, à la rigueur, considérer la vie en esthète et ne voir dans la pratique des vertus qu'une conditionpour réaliser une oeuvre d'art plus belle, une fois passé par l'école du moraliste, il aura une impression plus juste etplus vive du sérieux de la vocation humaine.

Par là, le sentiment du devoir sera renforcé en lui et il se trouveracapable de vaincre des difficultés qui arrêteraient celui à qui il n'a pas été donné de réfléchir sur les problèmesmoraux qui font la méditation du philosophe.Enfin, il ne peut y avoir de profond attachement à l'idéal et de fidélité indéfectible au devoir si l'on n'a pas réponduaux questions dont traite la métaphysique sans laquelle la morale ne peut être rationnellement fondée.

On peutaccomplir un geste héroïque sous l'impulsion du sentiment, mais il est chimérique de prétendre soumettre toute savie aux exigences de la loi morale si on n'est pas convaincu de la valeur de cette loi : nous ne nous sacrifierons paspour l'idéal si nous le concevions, non comme l'idée qu'a sur nous un être infiniment plus grand que nous, maiscomme une construction fantaisiste de notre esprit; nos semblables ne nous paraîtraient pas dignes de notredévouement si nous n'avions pas reconnu à l'homme une nature essentiellement supérieure à la nature animale.

Ennous faisant pénétrer jusqu'à l'essence des choses et en nous découvrant les raisons profondes des injonctions dela conscience, la métaphysique nous attache plus étroitement au devoir et à l'idéal.

Reposant sur des bases plussolides, nos idées morales sont plus fortes et leur action dans la conduite de la vie s'en trouve décuplée.La seconde partie de la pensée de RABIER est donc pleinement justifiée : les humanités amorcent la formationmorale; pour la continuer, il faut faire appel à la philosophie, qui met sur la voie de la pratique des vertus sonslaquelle on ne saurait acquérir la véritable force morale. *** Si les débuts dans l'étude de la philosophie laissent ordinairement l'impression d 'entrer dans un monde complètementnouveau, ce n'est là qu'apparence trompeuse : ce qui est nouveau, c'est le point de vue d'où on considère lesconnaissances acquises antérieurement.

Philosopher, c'est chercher à mettre plus de raison en tout, dans sareprésentation du monde et dans la conduite de sa vie.

Si la philosophie est un principe de force intellectuelle et deforce morale, c'est qu'elle est essentiellement effort de rationalisation.. »

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